l’en dehors (1923)


l’en dehors 2 no. 5 (mid-January, 1923):

  • J.-V. Bennis, “L’Egoïsme,” L’En dehors 2 no. 5 (mi-Janvier 1923): 1. [A translation of John Beverley Robinson’s “Egoism.” The pseudonym is, for the moment, a mystery.]
  • Alba Satterthwaite, “Affirmations,” L’En dehors 2 no. 5 (mi-Janvier 1923): 1. [Contributor to Truth Seeker]
  • Gerard de Lacaze-Duthiers, [“L’étiquette « anarchiste »…”], L’En dehors 2 no. 5 (mi-Janvier 1923): 1. (FR/EN)
  • Marc L. Lefort, “Les mots propulseurs,” L’En dehors 2 no. 5 (mi-Janvier 1923): 2.
  • E. Armand, “Fleurs de solitude,” L’En dehors 2 no. 5 (mi-Janvier 1923): 2.
  • Une camarade, “Désir,” L’En dehors 2 no. 5 (mi-Janvier 1923): 2. [verse]
  • E. Armand, “Un curieux songe,” L’En dehors 2 no. 5 (mi-Janvier 1923): 2. [verse] (FR/EN)
  • Ovide Ducauroy, “Peut-on vivre sans autorité?,” L’En dehors 2 no. 5 (mi-Janvier 1923): 2.
  • E. Armand, “Aux compagnons,” L’En dehors 2 no. 5 (mi-Janvier 1923): 3.
  • Emile Gante, “Grandes Prostituées et fameux Libertins,” L’En dehors 2 no. 5 (mi-Janvier 1923): 3. [Adapted from Spanish by E. Armand]
  • E. A., “Parmi ce qui se publie : Michael Monahan : New Adventures,” L’en dehors 2 no. 5 (mi-Janvier 1923): 4.
  • E. Armand, “Incursion dans la vie intime et la vie privée du propagandiste,” L’En dehors 2 no. 5 (mi-Janvier 1923): 4.

[…]

Un curieux songe

En ma prison, j’ai fait un curieux songe,
Car j’ai rêvé qu’un grand jour avait lui :
Le jour de ceux que la souffrance ronge
Et qu’ennemi le sort traque et poursuit…
Le jour dé ceux que l’espérance a fui…
Etincelant, prenant un air de fête,
Le vieux soleil chauffait avec ardeur;
Comme une nappe au festin qui s’apprête,
Vierge, l’azur étalait sa splendeur,
Et dans les champs, plus fraiches de couleur,
Fières et gaies, les fleurs dressaient la tête.

Comme ils sortaient des coins sombres des ville
Les sans espoir! Béants, tous leurs tombeaux :
Taudis, prisons, hôpitaux ou asiles
Les vomissaient à torrents, par troupeaux.
D’un océan on aurait dit les flots.
Les malchanceux, les las, les incurables,
Les hors la loi, les errants, les maudits,
Qu’il en grouillait de ces indésirables :
Rues, carrefours en étaient envahis
Et dans les airs s’entrechoquaient leurs cris.
Oncques ne vit de foule aussi minable !

Puis dans mon rêve, emplissant les chaussées,
J’ai vu couler des rivières de sang.
J’apercevais, de ruines entassées,
En rouges jets, des flammes s’élançant.
De lourds corbeaux planaient en croassant.
On entendait un fracas de tempête
Qu’accompagnait un chant rauque et vengeur.
Ainsi montait la revanche a son faite
Sans que l’éclat eût faibli d’une fleur,
Que de l’azur eût pali la splendeur
Ou le soleil perdu son air de fête.

Envoi

Oui, j’ai rêvé qu’un grand jour avait lui!
Le jour de ceux que la souffrance ronge
Et qu’ennemi le sort traque et poursuit…
Le jour de ceux que l’espérance a fui.
Jour de revanche… ah! tu n’es que mensonge,
De mon cerveau le fallacieux produit!
En ma prisôn j’ai fait un curieux songe…

(Maison Centrale de Nimes).

E. Armand

A Curious Dream

In my prison, I had a curious dream,
I dreamed that a great day had taken place:
The day of those gnawed by suffering,
Tracked and pursued by enemy fate…
The day of those whom hope had fled…
Radiant, taking on a festive air,
The old sun blazed ardently;
Like a tablecloth at the feast that is prepared,
Virgin, the blue sky spread out its splendor,
And in the fields, fresh with new color,
Proud and gay, the flowers raised their heads.

As they issued from the dark corners of the city
The hopeless! Gaping, all their tombs:
Slums, prisons, hospitals and asylums
Vomited them up in torrents, in herds.
They looked like the swells of an ocean.
The unlucky, the weary, the incurable,
The outlaws, the errant, the cursed,
How the city teemed with these undesirables:
Its streets and crossroads were invaded
And in the air their cries clashed.
Never was seen such a wretched mob!

Then, in my dream, filling the pavements,
I saw rivers of blood flowing.
I glimpsed, from heaped up ruins,
In red jets, flames shoot up.
Fat crows hovered, croaking.
You could hear the clamor of a storm
Which accompanied a raucous, vengeful song.
So revenge ascended to its peak
Without the glare being diminished by a flower,
But the splendor of the blue sky had paled
And the sun lost its festive air.

Envoi

Yes, I dreamed that the great day had come!
The day of those whom suffering gnaws
Tracked and pursued by enemy fate….
The day of those whom hope has fled.
Day of revenge… Ah! You are only a lie,
The false product of my brain!
In my prison I had a curious dream…

(Maison Centrale de Nimes.)

E. Armand

Peut-on vivre sans autorité ?

Où commencé, où finit l’autorité ? D’ailleurs qu’est-ce que l’autorité ? Si c’est l’ennemie de la liberté, je veux vivre sans autorité. Mais est-ce possible ? Oui, si nous avons une conception de la vie exempte d’esprit grégaire ; si nous pensons par et pour nous-mêmes, nous détruirons en nous et hors nous l’esprit de passivité qui est si favorable à l’extension de l autorité. Notre façon de penser et d’agir est et sera toujours à charge de réciprocité, c’est pourquoi pour vivre sans autorité, il est nécessaire que chacun détruise en soi et hors soi : la violence, qui « laisse en notre organisme des traces indélébiles » et cultive la volonté de générosité (égoïsme généreux), résultat de l’égoïsme conscient.

Ovide DUCAUROY.

Can We Live Without Authority?

Where did authority begin, and where will it end? For that matter, what is authority? If it is the enemy of liberty, then I want to live without authority. But is it possible Yes, if we have a conception of life free from the spirit of the herd. If we think for ourselves, we will destroy, both in ourselves and around us, the passive spirit that is so favorable to the expansion of authority. Our manner of thinking and acting is, and always will be, based on reciprocity. This is why, in order to live without authority, it is necessary that each destroy, within and around ourselves, violence, which “leaves indelible traces in our organism,” and cultivate a will to generosity (generous egoism), the result of conscious egoism.

Ovide Ducauroy.


l’en dehors 2 no. 6 (mid-February, 1923):

  • [E. Armand], “Les individualistes, l’attentat individuel et l’action révolutionnaire,” L’En dehors 2 no. 6 (début Février 1923): 1. [from the Initiation]
  • Gerard de Lacaze-Duthiers, “En médiocratie,” L’En dehors 2 no. 6 (début Février 1923): 1-2.
  • Jo Labadie, “Oh, si vous m’aimez, dites-le moi vite!,” L’En dehors 2 no. 6 (début Février 1923): 2.
  • E. Armand, “Fleurs de solitude,” L’En dehors 2 no. 6 (début Février 1923): 2.
  • Marc L. Lefort, “Variations sur la justice—II,” L’En dehors 2 no. 6 (début Février 1923): 2. [I in no. 4]
  • E. Armand, “Equisses…,” L’En dehors 2 no. 6 (début Février 1923): 2. [verse] (FR/EN)
  • E. Armand, “Aux compagnons,” L’En dehors 2 no. 6 (début Février 1923): 3.
  • E. Armand, “D’un projet de milieu individualiste,” L’En dehors 2 no. 6 (début Février 1923): 3.
  • Emile Gante, “Grandes Prostituées et fameux Libertins,” L’En dehors 2 no. 6 (début Février 1923): 3. [Adapted from Spanish by E. Armand]
  • E. A., “Parmi ce qui se publie : Chez les Loups,” L’en dehors 2 no. 6 (début Février 1923): 4.
  • E. A., “Trois mots aux amis : Bergeron,” L’en dehors 2 no. 6 (début Février 1923): 4.

[…]

Esquisses.…

I

J’ai marché dans la vie, comme on marche en un rêve…
Je préfère, déserte et lointaine, la grève,
La cime solitaire et le pic désolé,
La cabane à l’écart, le sentier isolé,
Le bois infréquenté que le touriste ignore,
L’heure où la nuit pâlit et fait place à l’aurore.
J’aime dans les cités, passant silencieux,
Les quartiers noyés d’ombre, aux coins mystérieux
Où des cris des marchand ne vous parvient à peine
Qu’une rumeur vague, étouffée, incertaine.

Sketches.…

I

I have walked through life as one walks in a dream…
I prefer, remote and deserted, the beach,
The solitary summit and desolate peak,
The cabin set apart, the isolated path,
The unfrequented wood that the tourist does not know,
The hour when the night pales and gives way to the dawn.
I love, in the cities, passing silently,
The shadowy districts, with mysterious spots
Where the shouts of the merchants barely reach you
But as a vague, muffled, uncertain murmur.

II

Dans la foule à Paris, j’aime égarer mes pas,
A l’aventure errer, des heures, jamais las.
Je n’entends point le bruit, je suis sourd aux paroles;
Mille chars se croisant à des allures folles
De leur tapage en vain échauffent-ils les airs :
Je me sens, parmi tant de tumultes divers,
Aussi seul qu’en plein cœur d’une forêt obscure,
Je n’aperçois personne et nul de moi n’a cure.
Il m’arrive parfois, tel un simple badaud,
Tombant de quelque songe où je planais bien hauts
D’écouter, amateur rempli de complaisance,
D’un chanteur ambulant la nouvelle romance,
Je me surprends alors au milieu d’inconnus :
Flâneurs, commis, trottins, manœuvres aux bras nus,
Ouvrières enfuies de la plus proche usine,
Ménagères qu’au fond de leur sombre cuisine
Le chant a poursuivi comme un écho d’antan;
Tout ce monde au refrain s’égosille.… Pourtant,
Malgré son beau succès, la complainte s’achève,
Le groupe s’éparpille et je reprends mon rêve…

II

In the crowd, in Paris, I love to lose my way,
To wander aimlessly for hours, never tiring.
I do not hear the noise; I am deaf to the words;
A thousand carts crossing at mad speeds
Heat the air in vain with their racket:
I feel myself, among so much and such varied tumult,
As alone as if I were deep in the heart of a dark forest,
I see no one and nothing touches me.
I find myself sometimes, like a simple onlooker,
Falling from some dream where I soared on high
Listening, an indulgent connoisseur,
To a singer hawking the new love song,
I find myself then in the midst of strangers:
Loafers, assistants, errand boys, barefooted laborers,
Workers fleeing from the nearest factory,
Housewives who, within their somber kitchens,
Have followed the song like an echo of days gone by;
Each one sings the refrain at the top of their voice.… And yet,
Despite its fine success, once the lament is finished,
The group disperses and I resume my dream…

III

J’ai marché dans la vie comme on marche en un rêve.….
Et les ans ont passé se pourchassant sans trêve,
Si c’est l’automne encor, la nuit tombe moins tard.
De plaisirs s’il est vrai que j’ai goûté ma part,
Que de jours j’ai vécus, marqués par la souffrance!
La douleur m’a hanté, bien plus que l’espérance ;
Je ne me prétends pas de ceux que rien n’abat;
J’ai frémi, mais non point deserté le combat…
Vaincu, certes, souvent; blessé, mais non point lâche,
J’ai pleuré, j’ai douté, faibli devant la tâche ;
Mais dans l’adverse camp nul ne m’a découvert
Sacrifiant aux dieux que je niais hier…

III

I have walked through life as one walks in a dream…
And the years have passed chasing one another down without respite,
If it still autumn, the nightfall lingers less.
Of pleasures, it is true that I have tasted my share,
But how many days I have lived marked by suffering!
Sorrow has haunted me, much more than hope;
I cannot claim to be one of those whom nothing brings down;
I have trembled, but not abandoned the fight…
Defeated, of course, often; wounded, but not a coward,
I have cried, I have doubted and weakened in the face of the task;
But no one has discovered me in the opposing camp
Sacrificing to the gods that I denied yesterday…

IV

Eh bien, malgré des ans l’insipide menace
Le rêve sur moi garde une emprise tenace ;
Et si l’âge plus tard faisait fléchir mon corps
Tout courbé, je voudrais songer, rêver encor.
Artiste à ma façon et poète quand même,
De l’amour chérissant jusqu’à l’ombre elle-même,
Fasciné par la forme, ému par la couleur,
La neige au front peut-être, et le soleil au cœur,
D’un bond, je veux franchir mon étape dernière
Et m’en aller, les yeux tout remplis de lumière.

(Maison centrale de Nimes).

E. Armand

IV

Well, despite the bland threat of the years,
The dream maintains a tenacious grip on me;
And if, later, age should make my body bend
All bent, I would like to think, to dream still.
Artist in my way and poet anyhow,
Of love, cherishing even just the shadow,
Fascinated by the form, moved by the color,
Snow on the brow, perhaps, and sun in the heart,
With a bound, I want to pass my last stage
And go my way, eyes full of light.

(Maison centrale de Nimes.)

E. Armand


l’en dehors 2 no. 7 (late February, 1923):

  • E. Armand, “Que faut-il entendre par ‘exploitation’?,” L’En dehors 2 no. 7 (fin Février 1923): 1. [from the Initiation]
  • Gerard de Lacaze-Duthiers, “En médiocratie,” L’En dehors 2 no. 7 (fin Février 1923): 2.
  • E. Armand, “La passion patibulaire,” L’En dehors 2 no. 7 (fin Février 1923): 2. (FR/EN) [verse]
  • Enrique Nido, “L’Intransigeance,” L’En dehors 2 no. 7 (fin Février 1923): 2.
  • E. Armand, ”Aux compagnons,” L’En dehors 2 no. 7 (fin Février 1923): 3.
  • Steven T. Byington, ”La Société de l’Ordre Nouveau,” L’En dehors 2 no. 7 (fin Février 1923): 3.
  • V. Coissac et E. Armand, “En marge de laideurs sociales,” L’En dehors 2 no. 7 (fin Février 1923): 3.
  • Emile Gante, “Grandes Prostituées et fameux Libertins,” L’En dehors 2 no. 7 (fin Février 1923): 3. [Adapted from Spanish by E. Armand]
  • E. Armand, “Quelques lignes de souvenir sur Pierre Chardin,” L’En dehors 2 no. 7 (fin Février 1923): 3.

[…]

La Passion Patibulaire

I

Le vent siffle, siffle, siffle !
Oh! ce vent âpre et sans répit,
Ce vent aigu comme un poignard,
Ce vent qui pénètre jusqu’à la peau
Transperçant notre vêture trop légère
— Si nous avions seulement de quoi nous habiller chaudement ;
Si seulement nous avions de quoi manger à notre faim !
Mais nos pauvres hardes sont bien trop minces, hélas,
Et trop claire notre chétive pitance.

The Sinister Passion

I

The wind whistles, whistles, whistles!
Oh! this bitter and relentless wind,
This wind keen as a dagger,
This wind that penetrates to the skin
Stabbing through our too light clothes
— If we only had enough to dress warmly;
If we only had the means to eat our fill!
But our poor rags are, alas, much too thin,
And our puny pittance too clear.

II

Le vent siffle, siffle, siffle !
Baissons la tête, courbons le dos
Puisque nous ne pouvons songer à résister,
Puisque nous ne pouvons songer à réagir;
Baissons la tête, courbons le dos
Sous le vent qui blêmit nos faces…
Ah! si ceux que nous aimons nous apercevaient
Frissonnant, tremblant, tenant à peine debout !
—- Mais il vaut mieux que leurs yeux ne nous voient pas tels que nous sommes,
Nous leur ferions trop pitié. —
Ceux que nous aimons, qui ne nous ont pas délaissés
Parce qu’entre deux gendarmes nous avons menés en prison,
Trainés devant les tribunaux et décrétés d’infamie ;
Ah ! s’ils nous voyaient, les tristes hères que nous sommes,
Secoués par le vent comme les branches d’un arbre décrépit,
Ils verseraient trop de larmes.
Mieux vaut qu’ils ne connaissent point l’étendue de notre misère.

II

The wind whistles, whistles, whistles!
Let us bow our heads and bend our backs
Since we cannot think of resisting,
Since we cannot dream of reacting;
Let’s bow our heads, bend our backs
In the wind that blanches our faces…
Ah! If those we love could see us
Shivering, trembling, barely staying our our feet!
— But it is better that they do not see us as we are,
We would pity them too much. —
Those we love, who have not abandoned us
Because we have been led, flanked by policemen, to prison,
Dragged before the courts and declared villainous;
Ah! if they saw us, the sad vagabonds that we are,
Shaken by the wind like the branches of a decrepit tree,
They would cry too many tears.
It is better that they do not know the extent of our misery.

III

Le vent siffle, siffle, siffle !
Les gardiens, les mains dans les poches, engoncés dans la capote boutonnée jusqu’au menton,
Grondent, tancent, menacent, insultent,
Et nous ne pouvons riposter,
Pauvres parias sans recours ;
Il faut marcher, marcher, marcher à la file,
Accomplir notre route sous le vent qui fouette et nous gifle.
Celui-ci ne marche pas au pas ;
Cet autre s’est affaissé sur un banc, à bout de forces;
Ce troisième est censé chuchoter on ne sait quoi à l’oreille du compagnon de douleur qui le précède ou le suit;
..Gauche…droite…marche…debout..signaler…matricule…prétoire :
Et les jurons de s’entrecroiser et de se faire écho !
Ah! si ceux qui nous sont demeurés fidèles étaient témoins de notre Passion
— La Passion des mis au ban de la société —
S’ils pouvaient parcourir à notre suite, station après station
Notre pitoyable Chemin de Croix !…
Mais il vaut mieux qu’ils ne connaissent pas la profondeur de notre souffrance.

III

The wind whistles, whistles, whistles!
The guards, hands in pockets, bundled in greatcoats, buttoned up to the chin,
Rumble, scold, threaten, insult,
And we cannot respond,
Poor pariahs without recourse;
We must march, march, march in a file,
Complete our course beneath the wind that flogs and slaps us.
This one does not march in step;
Another sinks, exhausted, on a bench;
A third is supposed to have whispered who knows what in the ear of the companion in pain who precedes or follows him;
…Left…right…march…halt…attention…number…court:
And the curses, crossing and reverberating!
Ah! If those who have remained faithful were witnesses to our Passion
— The Passion of those ostracized from society —
If they could travel in our wake, station by station
Our pitiful Way of the Cross!…
But it is better that they do not know the extent of our suffering.

IV

Le vent siffle, siflle, siffle!
Peut être vous ne le croyez pas…
— Est-ce qu’on ajoute foi aux dires de misérables tels que nous ?
— Il est vrai pourtant que maints d’entre nous, avons connu des jours heureux ;
Nous nous souvenons de la maison paternelle,
De notre père qui nous emmenait aux fêtes foraines,
Et, de temps à autre, au théâtre.
Quelle fête c’était, ces jours-là !
Oh ! que ce vent est glacial ! —
Nous nous rappelons maman, maman qui n’est plus,
Maman qui nous faisait réciter nos leçons
Au retour de l’école :
Nous revenions toujours en retard, à cause des petits camarades avec lesquels on avait joué où on s’était battu.
Maman grondait chaque fois, mais elle nous aimait; tant !
Comme elle avait soin de nous, notre bonne maman,
Comme le moindre bobo l’inquiétait!
— Ah ! si elle nous voyait dans notre misère, elle qui se donna tant de mal pour nous faire venir à bien.
Peut-être aussi que vous ne le croyez pas…
— Est-ce qu’on ajoute foi aux dires de misérables tels que nous ? —
Pourtant maints d’entre nous, nous avons une compagne que nous chérissons,
Des enfants, de petits anges, qui souvent nous ont grimpé sur les genoux,
Et nous posaient toutes sortes de questions qui parfois nous embarrassaient.
Ah ! si nos parents, nos amantes, nos compagnes, si nos petits enfants nous voyaient en cet après-midi d’hiver,
Marchant à la file, tournant en rond,
Sous le vent qui cingle notre chair, glace nos membres et nous pénètre tout entiers !
— Mais pour l’amour que nous leur portons, il vaut mieux qu’ils ignorent les affres de notre martyre.

IV

The wind whistles, whistles, whistles!
Perhaps you don’t believe it…
— Does one give credence to the words of wretches such as us?
— It is true, however, that many of of have had happy days;
We recall the house of our father,
Of our father who took us to the fair,
And, from time to time, to the theater.
What a celebration those days were!
Oh! How glacial the wind is! —
We recall mama, mama who is no longer with us,
Mama who made us recite our lessons
When we got home from school:
We always came home late, because of the little comrades we played and fought with.
Mama scolded each time, but she loves us so much!
How she cared for us, our dear mama,
How the slightest scrape concerned her!
— Ah! If she saw us in our misery, she who took on so much trouble to see us come to good…
Perhaps you don’t believe that either…
— Does one give credence to the words of wretches such as us? —
Yet many of us have loved ones that we cherish,
Children, little angels, who often climbed in our knees,
And asked, sometimes, all sorts of questions that embarassed us.
Ah! If our parents, our lovers and partners, if our little children saw us on this winter afternoon,
Marching in line, round and round in circles,
In the wind that lashes our flesh, freezes our limbs and penetrates all through us!
— But, for the love that we bear for them, it is better that they are ignorant of the pangs of our martyrdom.

V

Le vent siffle, siffle, siffle !
Hurle, vent cruel, souffle et emporte nos souvenirs !…
Dans cette demeure de damnation, il importe de perdre la mémoire.
Il convient ici de ne rêver, ni de penser ;
Il faut exister comme existent les bêtes qu’on soigne mal et qu’on maltraite ;
Et pourtant nous ne sommes pas des malfaiteurs d’envergure :
Nous sommes la racaille des voleurs, le menu fretin des escrocs ;
Nous sommes le prolétariat patibulaire ;
Ceux qui n’ont ni l’adresse, ni l‘habileté nécessaires pour glisser entre les mailles de la répression.
Les gros voleurs, les escrocs d’importance, les malfaiteurs insignes,
Ceux qui tondent jusqu’à la viande le troupeau social,
Ceux qui ramassent des rentes dans le sang et la sueur d’autrui,
Ceux qui spéculent sur le besoin public et privé,
Ceux qui déchainent les guerres et déclenchent les catastrophes ;
Ceux-là-ne-nous-tiennent pas compagnie,
Ceux-là ne sont pas en Maison Centrale à tourner avec nous, grelottant,
Sous le vent qui souffle en rafale…

V

The wind whistles, whistles, whistles!
Howl, cruel wind, blow and blow away our memories…
In this house of damnation, it is important to forget.
It is convenient not to dream, nor to think;
We must live like beasts, ill-tended and ill-treated;
And yet we are not villains of consequence:
We are the riffraff among the thieves, the small-fry among the crooks;
We are the patibulary proletariat;
Those who have neither the skill, nor the dexterity to slip through the nets of the repression.
The big thieves, the important crooks, the exceptional villains,
Those who shear the social flock to the skin,
Those who collect rents in the blood and sweat of others,
Those who speculate on public and private need,
Those who unleash wars and cause catastrophes;
They are not part of our company,
They are not here in the Maison Centrale, revolving with us, shivering,
In the wind that blows in gusts…

VI

Le vent siffle, siffle, siffle !
On nous conseille, une fois libérés, de vivre en « honnêtes hommes »
— Ah ! la belle chanson! —
On nous dit qu’après avoir été traités pis que des bêtes, il faudra oublier,
Ne plus nous remémorer les mois ou les années de tourment que-nous avons vécus,
On nous conseille de nous montrer d’autant plus doux, obéissants, dociles et serviles que nous avons été davantage malmenés.
— Ah ! la belle chanson —
Bon nombre d’entre nous, nous laisserons nos os ici à n’en point douter ;
Et, quant au reste de nous autres, qui en réchapperons vivants,
Comprenez-vous, ô honnêtes gens,
O honnêtes gens qui nous laissez croupir et pourrir dans ce cercle de damnés,
Que ce sera notre vengeance de ne point nous repentir,
De reprendre nos métiers inavouables, nos professions ignobles.
O honnêtes gens, l’effroi que nous vous inspirons,
Vos inquiétudes, vos méfiances, vos suspicions et jusqu’à vos nuits sans sommeil
C’est notre vengeance, à nous les rejetés de la société !
— Oh! que ce vent nous fait mal ! —
Certes, nous préférons aller achever notre misérable destin dans les bagnes de la Guyane
À renoncer à cette vengeance,
— La seule que nous puissions savourer, ô honnêtes gens —
De savoir qu’à votre tour vous grelottez et vous frissonnez — mais de peur —
Parce que nous ne nous sommes pas avoués vaincus.

Nimes, Maison centrale, février 1919.

E. Armand.

VI

The wind whistles, whistles, whistles!
We are advised, once released, to live as “honest men”
— Ah! Easier said than done! —
They tell us that, having been treated worse than beasts, we must forget,
Recall no longer the months and years of torment that you have lived,
We are advised to be all the more gentle, obedient, docile and servile as we have been mistreated.
— Ah! Easier said than done! —
A good number of us will doubtless leave our bones here;
And, as for the rest of us, those others who come through living,
Do you understand, you honest people,
Honest people who left us to languish and decay in this circle of the damned,
That is will be our vengeance to not repent,
To again take up our guilty trades, our vile professions.
Oh, honest people, the fright that we inspire in you,
Your worries, your mistrust, your suspicions and even your sleepless night
That is our vengeance, we the rejects of society!
— Oh! How this wind hurts us! —
Indeed, we would prefer to go and fulfill our miserable destiny in the penal colony of Guyana
To renouncing that vengeance,
— The only one that we can savor, honest people —
To know that, in your turn, you tremble and you — but with fear —
Because we do not admit defeat.

Nimes, Maison centrale, February 1919.

E. Armand.

E. Armand, “La passion patibulaire,” L’En dehors 2 no. 7 (fin Février 1923): 2.

[English adaptation by Shawn P. Wilbur]

Note: The term patibulary refers to the gallows, so the transformation of the Passion of Christ and the Stations of the Cross to this prison-Passion, with its stations on the way, perhaps, to the gallows, is perhaps not so big a thing.


l’en dehors 2 no. 8 (mid-March, 1923):

  • E. Armand, “Les en dedans,” L’En dehors 2 no. 8 (mi-Mars 1923): 1.
  • Gerard de Lacaze-Duthiers, “En médiocratie,” L’En dehors 2 no. 8 (mi-Mars 1923): 2.
  • Gabriel, “Pour faire réfléchir,” L’En dehors 2 no. 8 (mi-Mars 1923): 2.
  • [E. Armand], “L’Initiation individualiste,” L’En dehors 2 no. 8 (mi-Mars 1923): 1. [from the Initiation]
  • [Ovide Ducauroy], “Enquête sur les stimulants,” L’En dehors 2 no. 8 (mi-Mars 1923): 2.
  • Georges Vidal, “Complainte,” L’En dehors 2 no. 8 (mi-Mars 1923): 2. [verse]
  • E. Armand, “Egoïsmes,” L’En dehors 2 no. 8 (mi-Mars 1923): 2. [verse] (FR/EN)
  • Marcel Sauvage, “Seul, je dis…,” L’En dehors 2 no. 8 (mi-Mars 1923): 3.
  • Steven T. Byington, ”La Société de l’Ordre Nouveau,” L’En dehors 2 no. 8 (mi-Mars 1923): 3.
  • Georgette Ryner “Parmi ce qui se publie : Louis Prat : La Religion de l’harmonie,” L’en dehors 2 no. 8 (mi-Mars 1923): 3-4.
  • Emile Gante, “Grandes Prostituées et fameux Libertins,” L’En dehors 2 no. 8 (mi-Mars 1923): 3. [Adapted from Spanish by E. Armand]
  • E. A., “Aux compagnons,” L’En dehors 2 no. 8 (mi-Mars 1923): 4.

Les en dedans

Jamais on ne s’est préoccupé autant que de nos jours de la qualité sociale de l’unité humaine. Jamais les spécialistes officiels ne se sont penchés avec autant de soin, de souci et de curiosité sur les petits des hommes. Jamais on n’a cherché à établir avec autant de minutie et d’inquiétude la valeur, le rendement, au point de vue de la vie en société, des produits de la génération humaine. Jamais les pouvoirs publics n’ont autant accordé d’attention à la sélection des individus, à l’élimination des déchets sociaux, à l’abaissement du pourcentage des anormaux, des pervertis, des « asociaux ».

La sollicitude des dirigeants et des « eugénistes » officiels est d’une telle nature qu’elle prévoit jusqu’à l’internement des indésirables, jusqu’à leur suppression ou, au minimum, jusqu’à une opération destinée à leur empêcher de se reproduire.

Quelles sont donc les qualités qui rendent apte à la vie en société le normal, le régulier, l’en dedans ; quels attributs spéciaux rendent donc souhaitable sa reproduction, sa multiplication à un nombre infini d’exemplaires?

En creusant un peu la question — oh! pas bien profondément — on se rend rapidement compte que la grande vertu de l’en dedans consiste en ce qu’il ne trouble pas le fonctionnement des milieux où il nait, croit, se développe, périt. Il est doué de toutes les qualifications statiques nécessaires pour se rendre désirable dans une société policée. Il est bon compagnon, bon ouvrier, bon citoyen, bon père de famille. Il est honnête, inconsciemment scrupuleux, il remplit ses engagements, il est fidèle à ses obligations ; il se contente de sa situation sociale ou s’il cherche à se hisser sur un échelon supérieur, c’est à l’intérieur des limites: prescrites par la loi. Il a bon cœur, il rembourse ses dettes, il ne s’accorde rien qui ne cadre avec la morale courante. Ses mœurs et sa conduite sont d’accord avec les formules de l’éducation officielle. IL épouse les opinions de la majorité; il se conforme aux conseils, aux indications, aux avis, aux ordres de ses supérieurs, de ses conducteurs, de ses professeurs, de ses éducateurs, des chefs du parti auquel il appartient.

Il est bon croyant, en général, et quand il doute, c’est de façon supportable. Son scepticisme est convenable, tout en surface. Il peut arriver, il arrive que l’en dedans désire améliorer son sort, économique, intellectuel, moral, mais s’il éprouve ce désir, c’est en ne concevant la réalisation de son souhait qu’en fonction de l’acquiescement de la majorité du milieu où il évolue ou de l’opinion publique aux transformations, aux modifications indispensables pour que ses aspirations passent dans la pratique.

L’en dedans est la pierre angulaire de l’édifice sociétaire, étatiste, gouvernemental. La patrie fait fond sur lui lorsqu’elle se sent menacée. Le gouvernement compte sur son exactitude, sur sa bonne volonté pour. payer les impôts et accomplir sans regimber les clauses du contrat social. Ses protecteurs, son pasteur, son curé, ses patrons, ont confiance en lui. Ses parents, sa compagne, ses enfants, ses voisins, ses concitoyens, Se reposent sur lui. Il ne manque pas à ce qu’on attend de lui; il n’étonne ni ne déçoit personne IL n’est jusqu’à la police qui ne lui accorde plein crédit : on sait qu’on ne le rencontrera pas en compagnie de gens suspects. Du chef de l’Etat au dernier des juges de paix, la société organisée, hiérarchisée, compte sur lui. Il n’y a pas un administrateur social qui hésite à admettre que l’en dedans soit à hauteur de ce qu’on anticipe de lui pour maintenir le char du corps social sur la bonne voie.

C’est à ce type d’être humain — relatif naturellement aux conditions raciales et climatériques — mais qui varie peu au fond, — c’est à ce type d’en dedans, d’être normal, régulier, conformiste que les pouvoirs publics, que les eugénistes officiels voudraient ramener, réduire, tous les habitants de la planète. C’est à lui qu’ils.voudraient ériger une statue à tous les carrefours, dans l’espoir que la multiplication de son image parviendrait à suggestionner les passantes à un tel point qu’elles seraient incapables d’enfanter un autre type d’humanité.

Les pouvoirs publics — ceux qui détiennent actuellement la puissance politique ou administrative — ceux qui voudraient bien les débusquer de leur situation — les dominants d’hier et ceux de demain, se rendent compte que l’en dedans, le régulier, le normal, le conformiste est le soutien le plus ferme de la maîtrise qu’ils exercent sur les hommes.

Le régulier, le normal, le conformiste, en effet, ne peut pas exister sans qu’une force extérieure ne le garantisse contre tout ce qui pourrait troubler la tranquillité, le bon fonctionnement, le développement égal de sa vie. Il ne pourrait pas faire face à ses engagements à l’égard de l’Etat, de la patrie, de ses concitoyens, des siens même, sans une organisation qui le garantisse contre les perturbations sociales ou n’autorise les oscillations des milieux constitués que selon une ampleur déterminée. L’en dedans postule, implique l’autorité; il est un facteur, un agent d’autorité.

L’en dedans cesserait d’avoir une valeur sociale dans un milieu où chacun donnerait libre cours à sa fantaisie, alors même qu’on l’y laisserait se conduire à sa guise. Un pareil milieu, en effet, ne pourrait pas lui garantir une existence régulière, dépourvue de fluctuations, d’aventures, et cela du fait du non conformisme universel. Il y végéterait désorienté; il y cheminerait à tâtons; il y errerait timoré, en inapte, en inutile.

C’est tellement vrai qu’au lendemain d’une révolution, l’en dedans se retrouve pour ainsi dire automatiquement du côté les vainqueurs. Il sent Instinctivement que du fait de son ascension au pouvoir, le parti qui s’est emparé de l’administration des choses s’adapte immédiatement à son rôle de gouvernant et fait régner l’ordre. C’est pour cette raison que tout régime existant a pour lui la majorité.

✦✦

Depuis que les gouvernements sont des gouvernements, ils se sont toujours efforcés de refouler les en dehors, de les persécuter, de les supprimer, de les annihiler. Depuis que les sociétés sont des sociétés, elles se sont toujours efforcées d’exalter les en dedans et de leur accorder la première place au banquet de la vie sociale. L’histoire des collectivités humaines, c’est le récit des gestes et des faits qu’ont toléré et couvert de leur approbation les gens réguliers, normaux, les conformistes. Ces faits, tout le monde les connait : l’esclavage. l’exploitation, la domination financière des monopoleurs, le despotisme moral des privilégiés ; l’étouffement et la violation de la faculté de publier, de répandre la pensée dans son intégralité ; l’obligation de la soumission aux clauses d’un contrat social imposé ; l’interventionnisme dans les rapports entre les unités humaines ; les répressions civiles, militaires, religieuses; les entraves apportées aux manifestations naturelles de l’instinct ; les dévastations, les ruines, les cadavres des guerres intra et extranationales : tout cela a été contresigné par l’adhésion qu’y ont donnée les gens d’ordre, les réguliers, les en dedans.

Le résultat de la suprématie des en dedans n’est donc pas brillant. Quand on réfléchit au rôle de sauvegarde des sociétés que les pouvoirs publics leur ont conféré et quand on considère que la situation lamentable où se débat la plus grande partie des êtres humains est la conséquence du silence ou de la complicité des gens d’ordre, des conformistes, on se demande si l’heure d’une transmutation des valeurs sociales et morales n’a pas enfin sonné au cadran de «l’évolution » humaine. Imaginons un instant que les bohèmes, les irréguliers, les inadaptés sociaux, les non conformistes ; les sans dieux ni maitres, les sans frontières, les hors autorité, les amoraux, l’aient emporté dès l’abord et aient édifie une civilisation à eux où ils aient pu évoluer sans se sentir gênés, — qui serait dire que les fruits de cette civilisation ne vaudraient pas, ne seraient, pas supérieurs, mille fois supérieurs à ceux qu’a produits le règne, la dictature des en dedans, des adaptés, des partisans de l’ordre, de l’autorité. de la réglementation? Le jour n’est-il pas venu pour les en dedans de céder la place aux en dehors?

E. ARMAND.

TRANSLATION

Egoïsmes

I

Tu m’as donc refusé ta lèvre :
Je n’en mourrai pas, c’est certain,
Mais ton refus n’a pas éteint
Mon désir de toi et la fièvre

Brûle mon sang lorsque je songe
A tous les plaisirs attendus,
Plaisirs gâtés, plaisirs perdus…!
De les avoir conçus me ronge

Me persécute et me tourmente.
Je le sais, tu n’es qu’une enfant,
Mais cela n’empêche pourtant
Que ta douce image me hante

Souvent et je ne puis rien contre,
Rien que déplorer qu’un hasard
— Pour le souhaiter c’est trop tard —
N’eût pas permis notre rencontre.

II

Ce soir, à faire un long voyage
Pour te rejoindre je suis prêt ;
Je passerais, s’il le fallait
La nuit sous la pluie et l’orage.

Pour te surprendre en ta demeure,
Saisir dans la mienne ta main
Voluptueuse et sur ton sein
Plaquer mes lèvres. Pour une heure

Sur ma poitrine, tout entière
Te tenir nue et sans remords ;
Pour t’entendre exhaler encor
Ces soupirs où tu fais litière

Du préjugé sot, vil, immonde ;
Pour te sentir narguer sans peur
En tes caresses la pudeur,
Ce soir j’irais au bout du monde.

E. Armand.

Selfish Thoughts

I

So you have refused your lips to me:
I will not die of it, that’s certain,
But your refusal has not extinguished
The fever or my desire for you.

My blood burns when I think
Of all the longed-for pleasures,
Spoiled pleasures, lost pleasures…!
The very thought of them eats at me.

It persecutes and torments me.
I know it, you are only a child,
But, often, that does not prevent
Your sweet image from haunting me.

And I can do nothing about it,
Nothing but lament that some chance
— For it is too late to wish for it —
Has not permitted our encounter.

II

I am prepared, this very evening,
To travel far to join you;
I would pass, if it were necessary,
The night in the rain and storm.

To surprise you in your home,
To take in mine your voluptuous hand
And to press my lips against your breasts.
To hold you, for one hour,

On my chest, completely naked
And completely without remorse;
Just to hear you breathe once more
Those sighs, to feel your disregard

For foolish, vile and filthy prejudice;
To feel you taunt modesty,
Fearlessly, with you caresses,
I would go, this night, to the ends of the earth.

E. Armand.


l’en dehors 2 no. 9 (early April, 1923):

  • E. Armand, “O le cuistre…,” L’En dehors 2 no. 9 (début Avril 1923): 1.
  • “Les compagnons de l’en dehors,” L’En dehors 2 no. 9 (début Avril 1923): 1. [open-air walk, conversation on free verse with Armand and others]
  • Gabriel, “Pour faire réfléchir,” L’En dehors 2 no. 9 (début Avril 1923): 1.
  • Gerard de Lacaze-Duthiers, “Réalités, vérités,” L’En dehors 2 no. 8 (mi-Mars 1923): 1.
  • E.-D. Dekker, “Légendes sur l’autorité,” L’En dehors 2 no. 9 (début Avril 1923): 2. [Multatuli]
  • E. Armand, “Paroles d’hier…et de aujourd’hui,” L’En dehors 2 no. 9 (début Avril 1923): 2.
  • E. Armand, “Chants d’un emmuré,” L’En dehors 2 no. 9 (début Avril 1923): 2. (FR/EN)
  • E. Armand, “Aux compagnons,” L’En dehors 2 no. 9 (début Avril 1923): 3.
  • Steven T. Byington, ”La Société de l’Ordre Nouveau,” L’En dehors 2 no. 9 (début Avril 1923): 3.
  • Emile Gante, “Grandes Prostituées et fameux Libertins,” L’En dehors 2 no. 9 (début Avril 1923): 3. [Adapted from Spanish by E. Armand]
  • [E. Armand], “L’Initiation individualiste,” L’En dehors 2 no. 9 (début Avril 1923): 4. [from the Initiation]
  • “Nos cartes postales,” L’En dehors 2 no. 9 (début Avril 1923): 4.
  • “Où l’on se retrouve, où l’on discute : Paris.—Les Compagnons de l’en dehors,” L’En dehors 2 no. 9 (début Avril 1923): 4. [E. Armand, 23 avril, “les « vertus », les « vices», les besoins factices”]

[…]

Chants d’un emmuré

Je sais qu’Amour se plait à créer des alarmes
Et je ne doute pas des cœurs qu’il a meurtris,
Qui chantent leurs chagrins, leurs déboires, leurs larmes.
Je crois au désespoir des Amants incompris.

Mais la douleur d’aimer n’est pas la seule au monde
Le penseur souffre aussi qui veut de son sillon
Creuser dans le sol dur une empreinte profonde
Et voit sur son effort, ironique légion,

Les haines s’acharner, l’envie et la misère.
Traqué, mis à l’index, interrompu, cent fois
Il reprend son labeur, remonte sa chimère,
A chaque tour plus las et plus triste et moins droit.

C’est à peine à sa mort si le sillon s’esquisse…
Dans la forge embrasée où cuisent les destins,
Où se trempent les sorts, il est maint sacrifice
Dont Amour ne savoure l’arôme en ses festins.

E. Armand

Songs of the Immured

I know that Love is pleased to raise alarms
And I have not doubt of the hearts that it has wounded,
Who sing their sorrows, chagrins, their setbacks, their tears.
I believe in the despair of lovers misunderstood.

But the pain of love is not alone in this world
The thinker also suffers, who, in his line
Wants to make a deep impression in the hard soil
And sees his efforts opposed by the sarcastic multitudes,

Set upon by hatreds, envy and misery.
Hunted, blacklisted, interrupted, a hundred times
He returns to his labors, remounts his chimera,
At each turn, wearier, sadder and less erect.

If his furrow is traced, it is only at his death…
In the blazing foundry where destinies are fired,
Where fates are forged, there are many sacrifices
Whose flavors Love does not savor in its feasts.

E. Armand


l’en dehors 2 no. 10 (late April, 1923):

  • Hélios, “La Liberté au point de vue social,” L’En dehors 2 no. 10 (fin Avril 1923): 1.
  • E. Armand, “Puis-je vivre sans autorité,” L’En dehors 2 no. 10 (fin Avril 1923): 1.
  • Rodolfo Gonzalez Pacheco, “Aujourd’hui,” L’En dehors 2 no. 10 (fin Avril 1923): 1.
  • Gerard de Lacaze-Duthiers, “Réalités, vérités,” L’En dehors 2 no. 10 (fin Avril 1923): 1.
  • E. Armand, “Fleurs de solitude,” L’En dehors 2 no. 10 (fin Avril 1923): 2.
  • “Les Compagnons de l’en dehors,” L’En dehors 2 no. 10 (fin Avril 1923): 2.
  • “Nos « Piqures d’aiguilles »,” L’En dehors 2 no. 10 (fin Avril 1923): 2.
  • E. Armand, “Le obéisseur,” L’En dehors 2 no. 10 (fin Avril 1923): 2. [verse]
  • Steven T. Byington, ”La Société de l’Ordre Nouveau,” L’En dehors 2 no. 10 (fin Avril 1923): 3.
  • Emile Gante, “Grandes Prostituées et fameux Libertins,” L’En dehors 2 no. 10 (fin Avril 1923): 3. [Adapted from Spanish by E. Armand]
  • E. Armand, [“La nature vise toujours à l’emploi complet des facultés… ”], L’En dehors 2 no. 10 (fin Avril 1923): 3. [text from postcard]
  • [E. Armand], “L’Initiation individualiste,” L’En dehors 2 no. 10 (fin Avril 1923): 4. [from the Initiation]
  • Gabriel, “Pour faire réfléchir,” L’En dehors 2 no. 10 (fin Avril 1923): 4.
  • E. A., “Aux compagnons,” L’En dehors 2 no. 10 (fin Avril 1923): 4.
  • E. Armand, et al, “Correspondance,” L’En dehors 2 no. 10 (fin Avril 1923): 4.

[…]

L’essentiel est de conserver intacte sa personnalité, malgré les limites imposées, et, confondu avec les brutes, de ne pas être une brute. — Gérard de Lacaze-Duthiers.

L’avidité, le désir de dominer, la paresse, la niaiserie, la crainte : ils ont tous un intérêt dans la cause de la vertu; c’est pourquoi elle est si inébranlable. — Nietzsche.

La nature vise toujours à l’emploi complet des facultés et des aptitudes de tout organisme, donc à son usure, donc à sa destruction. L’usure ou la consommation, c’est la fin de l’économie naturelle. — E. Armand.

The essential thing is to keep your personality intact, despite the limits imposed, and, thrown together with the brutes, not to be a brute. — Gérard de Lacaze-Duthiers.

L’avidité, le désir de dominer, la paresse, la niaiserie, la crainte : ils ont tous un intérêt dans la cause de la vertu; c’est pourquoi elle est si inébranlable. — Nietzsche.

Nature always aims at the complete use of the faculties and aptitudes of every organism, thus to its erosion, thus to its destruction. Erosion or consumption, this is the end of natural economy. — E. Armand.


l’en dehors 2 no. 11/12 (mid-May, 1923):

  • E. Armand, “Le bluff criminologiste,” L’En dehors 2 no. 11/12 (mi-Mai 1923): 1.
  • Gerard de Lacaze-Duthiers, “Réalités, vérités,” L’En dehors 2 no. 11/12 (mi-Mai 1923): 1.
  • [E. Armand], “L’Initiation individualiste,” L’En dehors 2 no. 11/12 (mi-Mai 1923): 2. [from the Initiation]
  • E. Armand, “[“Sans le « moi » qui m’a procédé…]” L’En dehors 2 no. 11/12 (mi-Mai 1923): 2.
  • Steven T. Byington, ”La Société de l’Ordre Nouveau,” L’En dehors 2 no. 11/12 (mi-Mai 1923): 3.
  • Emile Gante, “Grandes Prostituées et fameux Libertins,” L’En dehors 2 no. 11/12 (mi-Mai 1923): 3. [Adapted from Spanish by E. Armand]
  • E. Armand, “L’Hirondelle,” L’En dehors 2 no. 11/12 (mi-Mai 1923): 4. [verse]
  • E. Armand, “Aux compagnons,” L’En dehors 2 no. 11/12 (mi-Mai 1923): 4.
  • E. Armand, “Correspondance: Contrat et morale sexuelle,” L’En dehors 2 no. 11/12 (mi-Mai 1923): 4.
  • “Où l’on se retrouve, où l’on discute : Paris.—Les Compagnons de l’en dehors,” L’En dehors 2 no. 11/12 (mi-Mai 1923): 4.

[texts]


l’en dehors 2 no. 13 (early June, 1923):

  • Léda Rafanelli, “Profils de femmes,” L’En dehors 2 no. 13 (début Juin 1923): 1.
  • [E. Armand], “L’Initiation individualiste,” L’En dehors 2 no. 13 (début Juin 1923): 1.
  • E. A., “Aux compagnons,” L’En dehors 2 no. 13 (début Juin 1923): 2.
  • Gabriel, [Le riche et le révolté], L’En dehors 2 no. 13 (fin Juin 1923): 2.
  • Steven T. Byington, ”La Société de l’Ordre Nouveau,” L’En dehors 2 no. 13 (début Juin 1923): 3.
  • Emile Gante, “Grandes Prostituées et fameux Libertins,” L’En dehors 2 no. 13 (début Juin 1923): 3. [Adapted from Spanish by E. Armand]
  • Henry Meulen et E. Armand, “Correspondance : La valeur et les conséquences de son abolition,” L’En dehors 2 no. 13 (début Juin 1923): 4.
  • G. M., Lucien Mevel et E. A., “Correspondance : La situation financière de l’en dehors,” L’En dehors 2 no. 13 (début Juin 1923): 4.
  • “Où l’on se retrouve, où l’on discute : Paris.—Les Compagnons de l’en dehors,” L’En dehors 2 no. 13 (début Juin 1923): 4.

[…]


l’en dehors 2 no. 14 (late June, 1923):

  • Gigi Damiani, “L’histoire du soldat inconnu,” L’En dehors 2 no. 14 (fin Juin 1923): 1-2.
  • Gerard de Lacaze-Duthiers, “Réalités, vérités,” L’En dehors 2 no. 14 (fin Juin 1923): 2.
  • E. Armand, “Fleurs de solitude,” L’En dehors 2 no. 14 (fin Juin 1923): 2. [not collected]
  • GO, “Le Vagabond,” L’En dehors 2 no. 14 (fin Juin 1923): 2. [verse]
  • Gabriel, “Pour faire réfléchir,” L’En dehors 2 no. 14 (fin Juin 1923): 3.
  • Steven T. Byington, ”La Société de l’Ordre Nouveau,” L’En dehors 2 no. 14 (fin Juin 1923): 3.
  • “Aux compagnons,” L’En dehors 2 no. 14 (fin Juin 1923): 3.
  • Emile Gante, “Grandes Prostituées et fameux Libertins,” L’En dehors 2 no. 14 (fin Juin 1923): 3. [Adapted from Spanish by E. Armand]
  • E. Armand, “Parmi ce qui se publie : L’Imposture religieuse, par Sébastien Faure,” L’En dehors 2 no. 14 (fin Juin 1923): 4.
  • [“La propagande de l’en dehors comprend non seulement…”], L’En dehors 2 no. 14 (fin Juin 1923): 4.
  • “Où l’on se retrouve, où l’on discute : Paris.—Les Compagnons de l’en dehors,” L’En dehors 2 no. 14 (fin Juin 1923): 4.

[…]


l’en dehors 2 no. 15 (mid-July, 1923):

  • E. Armand, “La vague de pudeur,” L’En dehors 2 no. 15 (mi-Juillet 1923): 1.
  • Gerard de Lacaze-Duthiers, “Réalités, vérités,” L’En dehors 2 no. 15 (mi-Juillet 1923): 1.
  • E. Armand, “Demain,” L’En dehors 2 no. 15 (mi-Juillet 1923): 2. [verse]
  • E. Armand, “Aujourd’hui,” L’En dehors 2 no. 15 (mi-Juillet 1923): 2. [verse]
  • E. Armand, “Hésitations,” L’En dehors 2 no. 15 (mi-Juillet 1923): 2. [verse]
  • [E. Armand], “L’Initiation individualiste,” L’En dehors 2 no. 15 (mi-Juillet 1923): 2.
  • Enrique Nido, “Le carrefour,” L’En dehors 2 no. 15 (mi-Juillet 1923): 3.
  • Steven T. Byington, ”La Société de l’Ordre Nouveau,” L’En dehors 2 no. 15 (mi-Juillet 1923): 3.
  • Gabriel, “Pour faire réfléchir,” L’En dehors 2 no. 15 (mi-Juillet 1923): 3.
  • Emile Gante, “Grandes Prostituées et fameux Libertins,” L’En dehors 2 no. 15 (mi-Juillet 1923): 3. [Adapted from Spanish by E. Armand]
  • E. Armand, “Parmi ce qui se publie : La Maitresse légitime, par Georges-Anquetil,” L’En dehors 2 no. 15 (mi-Juillet 1923): 4.
  • E. A., “Aux compagnons,” L’En dehors 2 no. 15 (mi-Juillet 1923): 4.

[…]

Le Carrefour

Lorsqu’un homme se trouve, sans savoir comment, à un carrefour, il doit forcément opter pour un chemin qui le mène à son but.

Les indécisions dans le choix peuvent être fatales et occasionner par la suite de funestes conséquences.

On ne peut vivre indifférent devant les circonstances-actuelles.et, quelles que soient nos préférences, il faut bien se déterminer dans un sens où dans un autre.

Demeurer systématiquement planté dans un carrefour peut donner lieu à des soupçons de pusillanimité, de crainte, de lâcheté, états d’être que nul homme ne veut endosser.

Il est donc nécessaire de choisir son lieu intellectuel, son front de bataille, sa couleur. Peu importe: blanc, noir, rouge, jaune. Et que, par prétexte iconoclaste, on ne reproche pas à un homme la couleur qu’il à adoptée. Car la nuance est ce qui ressort de plus humain et de plus prononcé en notre personnalité morale. A tel point que tous deux — homme et nuance — se confondent et s’identifient dans la substance de notre être…

La couleur, dans les idées, dénote chez les hommes, la nature de leurs conceptions, l’éclat même de leur personnalité définie, idéaliste, consciente.

Enrique Nido.

The Crossroads

When we finds ourselves, without knowing how, at a crossroads, we must necessarily choose a path that leads us to our goal.

Indecisiveness in the choice can be disastrous and lead to the direst of consequences later.

We cannot live indifferent to the present circumstances and, whatever we might prefer, we must choose one direction or another.

To remain consistently standing at a crossroads can arouse suspicions of spinelessness, fear or cowardice, states of being that no one wants to take on.

So it is necessary to choose our intellectual place, our battle front, our colors. It matters little: black, white, red or yellow. And do not, par prétexte iconoclaste, blame anyone for the colors that they have adopted. For the nuance is what appears most human and most pronounced in our moral in our moral personality. To such an extent that both — individual and nuance — are mixed and identified in the substance of our being…

Among human beings, color in ideas denotes the nature of our conceptions, the sparkle of our definite, idealistic, conscious personality.

Enrique Nido.


l’en dehors 2 no. 16/17 (August, 1923):

  • Gerard de Lacaze-Duthiers, “Réalités, vérités,” L’En dehors 2 no. 16/17 (Août 1923): 1.
  • E. Armand, “La réciprocité,” L’En dehors 2 no. 16/17 (Août 1923): 1-2.
  • Gabriel, “A la manière de « Jules Renard »,” L’En dehors 2 no. 16/17 (Août 1923): 2.
  • E. Armand, “Individualisme et grégarisme,” L’En dehors 2 no. 16/17 (Août 1923): 1-2. [from the Initiation]
  • Steven T. Byington, ”La Société de l’Ordre Nouveau,” L’En dehors 2 no. 16/17 (Août 1923): 3.
  • Emile Gante, “Grandes Prostituées et fameux Libertins,” L’En dehors 2 no. 16/17 (Août 1923): 3. [Adapted from Spanish by E. Armand]
  • E. A., “En marge des compressions sociales : D’un projet de milieu individualiste,” L’En dehors 2 no. 16/17 (Août 1923): 4.
  • E. A., “Aux compagnons,” L’En dehors 2 no. 16/17 (Août 1923): 4.
  • “Où l’on se retrouve, où l’on discute : Paris.—Les Compagnons de l’en dehors,” L’En dehors 2 no. 16/17 (Août 1923): 4.

[…]


l’en dehors 2 no. 18 (early September, 1923):

  • L’en dehors, “A ceux qu’intéressé notre travail,” L’En dehors 2 no. 18 (début Septembre 1923): 3.
  • Gerard de Lacaze-Duthiers, “Réalités, vérités,” L’En dehors 2 no. 18 (début Septembre 1923): 1-2.
  • [E. Armand], “L’Initiation individualiste: Tolérance et reciprocité,” L’En dehors 2 no. 18 (début Septembre 1923): 3.
  • E. Armand, “Au terme du voyage,” L’En dehors 2 no. 18 (début Septembre 1923): 3. [verse]
  • Steven T. Byington, ”La Société de l’Ordre Nouveau,” L’En dehors 2 no. 18 (début Septembre 1923): 3.
  • Emile Gante, “Grandes Prostituées et fameux Libertins,” L’En dehors 2 no. 18 (début Septembre 1923): 3. [Adapted from Spanish by E. Armand]
  • E. Armand, “La réciprocité—II,” L’En dehors 2 no. 18 (début Septembre 1923): 4.
  • Gabriel, “Pour faire réfléchir,” L’En dehors 2 no. 18 (début Septembre 1923): 4.
  • [“Par E. Armand : Amour Libre et Liberté Sexuelle…”], L’En dehors 2 no. 18 (début Septembre 1923): 4.
  • E. A., “Aux compagnons,” L’En dehors 2 no. 18 (début Septembre 1923): 4.
  • E. A., “Parmi ce qui se publie : En marge de la Bible, par Balkis,” L’En dehors 2 no. 18 (début Septembre 1923): 4.
  • “Où l’on se retrouve, où l’on discute : Paris.—Les Compagnons de l’en dehors,” L’En dehors 2 no. 18 (début Septembre 1923): 4.

[texts]


l’en dehors 2 no. 19/20 (late September, 1923):

  • E. Armand, “Notre ‘monde à venir’ et l’actuelle involution,” L’En dehors 2 no. 19/20 (fin Septembre 1923): 1.
  • Gerard de Lacaze-Duthiers, “Réalités, vérités,” L’En dehors 2 no. 19/20 (fin Septembre 1923): 1.
  • “Dimanche 7 Octobre,” L’En dehors 2 no. 19/20 (fin Septembre 1923): 1.
  • E. Armand, “L’Initiation individualiste: Considerations sur l’idée de liberté,” L’En dehors 2 no. 19/20 (fin Septembre 1923): 2.
  • E. Armand, “Pensées d’Automne,” L’En dehors 2 no. 19/20 (fin Septembre 1923): 2. [verse]
  • Georges Joran, “Vagabond ou forçat?,” L’En dehors 2 no. 19/20 (fin Septembre 1923): 2. [verse]
  • Maurice Imbard, “Activité,” L’En dehors 2 no. 19/20 (fin Septembre 1923): 3.
  • E. Armand, “Fleurs de solitude,” L’En dehors 2 no. 19/20 (fin Septembre 1923): 3.
  • Gabriel, “Les gens « bien élevés »,” L’En dehors 2 no. 19/20 (fin Septembre 1923): 3.
  • Emile Gante, “Grandes Prostituées et fameux Libertins,” L’En dehors 2 no. 19/20 (fin Septembre 1923): 3. [Adapted from Spanish by E. Armand]
  • E. A., “Aux compagnons,” L’En dehors 2 no. 19/20 (fin Septembre 1923): 4.
  • “Où l’on se retrouve, où l’on discute : Paris.—Les Compagnons de l’en dehors,” L’En dehors 2 no. 19/20 (fin Septembre 1923): 4.

[…]

Pensées d’automne

L’automne bat son plein et mon panier est vide.
L’été fut desséchant, le terrain est aride
Et les souffles de Mars aux lointains horizons
Ont dispersé la graine… Hélas ! piètres raisons
La meilleure ne peut adoucir ma blessure
Ni me taire les pas, l’approche lente et sûre
De hiver. Précurseur, je sens un long frisson
Parcourir tout mon corps. Faut-il à la moisson
Dire un adieu suprême ? Ou dois-je attendre encore ?
Sur les pesants raisins que Vendémiaire dore
Faut-il que mon regard se pose sans espoir ?…
Chaque jour, c’est plus tôt que s’abaisse le soir…
Un peu de temps — bien peu — ce sera triste et sombre,
Décembre, les brouillards, le froid, l’éternelle ombre.
Sur la ville et les champs, sur tout ce que j’aimais
Sur mes désirs, mes yeux se fermant à jamais.

L’automne bat son plein et mon panier est vide…
Avant qu’on me descende, insensible et livide
Au fond d’un trou béant, j’aurais voulu du fruit
Pourtant mordre la chair. Tout est-il donc détruit ?
N’a-t-il point quelque part germé de la semence ?…
Moissonner, récolter, cueillir — ô joie immense ! …
Goûter au mûr produit de ma peine ; du vin
De mes pleurs déguster quelques bols ; puis serein
Laisser venir la fin, aux lèvres un sourire.
Davantage ne veux, mais à moins je n’aspire.

(Maison Centrale de Nîmes, 1921)

E. ARMAND.

Autumn Thoughts

Autumn is in full swing and my basket is empty.
The summer heat was withering, the ground is dry and the breath of Mars has scattered the seed to the far horizons…
Paltry excuses, alas! But the best cannot soften the injury, nor quiet the footsteps, the slow and steady approach of winter.
Already, I feel a long shiver run through my body.
Is this the harvest when I must say a final farewell?
Or must I wait again?
Must I gaze upon the heavy grapes that Vendémiaire gilds without hope…?
Each day, the evening falls too soon…
In time — very little time — it will be sad and somber December, with its fogs, cold and eternal shade.
And on the city and the countryside, on all that I have loved, on my desires, my eyes closing forever.

Autumn is in full swing and my basket is empty…
Before someone lowers me, insensible and pale, into the bottom of a gaping hole, I would have liked to bit into the flesh of the fruit.
Has it then all been destroyed?
Has no portion sprouted from the seed?…
To harvest, to reap, to gather — what an immense joy!…
To taste the ripe fruits of my exertions;
To savor some full glasses of the wine of my tears;
And the, serene, to let the end come, a smile on my lips:
I wish no more, but to less do not aspire.

(Maison Centrale de Nîmes, 1921)

E. ARMAND.


l’en dehors 2 no. 21 (mid-October, 1923):

  • E. Armand, “Le ‘metier’ de le maître d’école,” L’En dehors 2 no. 21 (mi-Octobre 1923): 1.
  • Gabriel, “Pour faire réfléchir,” L’En dehors 2 no. 21 (mi-Octobre 1923): 1.
  • Gerard de Lacaze-Duthiers, “Réalités, vérités,” L’En dehors 2 no. 21 (mi-Octobre 1923): 2.
  • Ovide Ducauroy, “S’abstenir de juger,” L’En dehors 2 no. 21 (mi-Octobre 1923): 2.
  • E. A., “En marge des compressions sociales: L’Intégrale,” L’En dehors 2 no. 21 (mi-Octobre 1923): 2.
  • E. Armand, “L’Ecolier,” L’En dehors 2 no. 21 (mi-Octobre 1923): 2. [verse]
  • E. Armand, “Poème érotique,” L’En dehors 2 no. 21 (mi-Octobre 1923): 3.
  • [E. Armand], “L’individualiste en réalisation,” L’En dehors 2 no. 21 (mi-Octobre 1923): 3. [Initiation]
  • Emile Gante, “Grandes Prostituées et fameux Libertins,” L’En dehors 2 no. 21 (mi-Octobre 1923): 3. [Adapted from Spanish by E. Armand]
  • E. Armand, “L’En dehors,” L’En dehors 2 no. 21 (mi-Octobre 1923): 4. [verse]
  • [E. Armand], “Le vouloir individualiste,” L’En dehors 2 no. 21 (mi-Octobre 1923): 3. [Initiation]
  • E. A., “Aux compagnons,” L’En dehors 2 no. 21 (mi-Octobre 1923): 4.
  • “Où l’on se retrouve, où l’on discute : Paris.—Les Compagnons de l’en dehors,” L’En dehors 2 no. 21 (mi-Octobre 1923): 4.

[…]

Poème érotique

Ce sera cette année comme l’année passée — comme d’autres années passées.

Nous parcourrons, Toi et moi, blottis l’un contre l’autre, les allées d’une forêt, les sentiers d’un bois. Je ne sais pas bien où seront situés ce bois, cette forêt. Mais Tes pieds menus y fouleront certainement un tapis, un tapis moelleux de feuilles mortes.

Peut-être je ne saurai pas Ton nom et sans doute Tu ne seras pas la même que l’an passé. Mais que m’importent Ton nom et d’où Tu viens et où Tu vas. Tu seras là, à mon côté, si étroitement serrée contre moi que je sentirai Ton cœur palpiter. Tu Te laïsseras aller, c’est-à-dire Tu sèras naturelle. Insouciante de Ta situation sociale, légale ou morale. Indifférente à tout ce qui n’est pas le moment présent.

Comme l’année passée — comme d’autres années passées. Nous ne dirons pas grand’chose probablement. Nous regarderons, nous sentirons, nous admirerons. Oh ! ce feutre d’or et de pourpre où nos pas s’enfonceront! Ce tapis à la surface frémissant comme les vagues de la mer au souffle de la brise d’automne ! Le temps s’écoulera et nous ne prononcerons pas un mot. Il y aura de l’absence et de l’extase dans Tes prunelles. Comme celles que j’ai déjà menées par ce chemin ou d’autres semblables, Tu m’enserreras la main avec un peu plus de force. Et ce seront Ià toutes les marques de tendresse que nous nous permettrons.

Et comme l’année passée — comme d’autres années passées. En proie aux mêmes anticipations. Un moment viendra où je romprai le silence et où j’extérioriserai ma pensée. Sous cette forme ou une forme parente : « Sais-tu — Te dirai-je par exemple, — quelles images suscitent en moi ces arbres que le vent est en train de dépouiller de leur feuillage ? » Et comme celles que j’ai déjà menées par ce chemin ou d’autres pareils, Tu répliqueras du ton de quelqu’un qu’on éveille d’un rêve : « Oh! je l’en prie, pas de pensée lugubre aujourd’hui ! »

Ét je poursuivrai. Et Te répondrai que les arbres que le vent dépouille de leurs feuilles jaunies n’évoquent en moi aucune idée mélancolique. Qu’elles me font penser à tout à l’heure. À ce soir. À cette minute exquise, délicate, unique, fiévreuse, Où tes vêtements, tes derniers vêtements tombant. Je sentirai sous mes mains et sous mes lèvres. Sous mes baisers et sous mes caresses. Ton corps nu, tiède, ému, souple, frissonnant, élastique.

Et comme celles que j’ai déjà menées par ce chemin ou d’autres analogues. Tu te serreras plus étroitement contre moi. Ta main étreindra la mienne avec plus de langueur. Et je sentirai Ton cœur battre vite, plus vite.

Et il me semblera, à moi, que c’est la premiere fois que j’ai pensé pareille vision. Et que tu es la premiere dont le corps voilé exhale autant de promesses voluptueuses.

15 Octobre 1923.

E. Armand

Erotic Poem

It will be this year as it was in the year past — as in other years past.

We will wander, You and I, snuggled together, the trails of a forest, the paths of a wood. I am not certain where this wood or forest will be located. But there Your little feet will certainly tread a carpet, a soft carpet of dead leaves.

Perhaps I will not know Your name and doubtless You will not be the same as in the year past. But what does Your name matter, or where You come from or where You are going? You will be there, at my side, so close against me that I will feel Your heart beat. Tu You will let Yourself go, which is to say You will be natural. Untroubled by Your situation, whether social, legal or moral. Indifferent to everything that is not the present moment.

As in the year past — as in other years past. We will probably not have much to say. We will look, we will feel and we will admire. Oh! This gold and purple felt in which our footsteps will sink! This carpet whose surface quivers like ocean waves in the autumn breeze! Time will pass and we will not say a word. There will be absence and ecstasy in Your gaze. Like those that I have already led along this path, or others like it, You will grasp my hand with a bit more force. And that will be the only sign of tenderness that we allow ourselves.

And as in the year past — as in other years past. And beset by the same anticipations. A moment will come when I break the silence and when I express my thoughts. In this or some related form: “Do you know,” — I might, for example, say to you — “what images are aroused in my by these trees that the wind is in the process of stripping of their foliage?” And like those that I have already led along this path, or others like it, You would reply in the tone of one awakened from a dream: “Oh! I beg you, no mournful thoughts today!”

And I would go on. And I would tell You that the trees that the wind strips of their yellowing leaves conjure up no melancholy idea in me. That they make me think of right now. Of this evening. Of the exquisite, delicate, unique, feverish moment, when your clothes, your last bit of clothes fall. I would feel you in my hands and beneath my lips. Beneath my kisses and caresses. Your body naked, warm, filled with emotion, supple, quivering, elastic.

And like those that I have already led along this path, or others like it, You would draw yourself more tightly against me. Your hand would grasp mine with more languor. And I would feel your heart beat fast, faster.

And it will seem to me that this is the first time that I have conceived of such a vision. And that You are the first whose veiled body exhales so many voluptuous promises.

October 15, 1923.

E. Armand


Supplément aux No. 21 et suivants de l’en dehors:

  • “L’Initiation Anarchiste Individualiste,” Supplément aux No. 21 et suivants de l’en dehors (n.d.): 1. [publication announcement; table of contents]
  • “E. Armand, “Méditation a l’usage des ‘abonnés de l’essai’,” Supplément aux No. 21 et suivants de l’en dehors (n.d.): 2.

[…]


l’en dehors 2 no. 22/23 (early November, 1923):

  • E. Armand, “Le Manifeste des ‘ralliés’,” L’En dehors 2 no. 22/23 (début Novembre 1923): 1.
  • Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 2 no. 22/23 (début Novembre 1923): 1.
  • Gerard de Lacaze-Duthiers, “Réalités, vérités,” L’En dehors 2 no. 22/23 (début Novembre 1923): 2.
  • E. A., [obituary for Paul Paillette], L’En dehors 2 no. 22/23 (début Novembre 1923): 3.
  • E. Armand, “Fleurs de solitude,” L’En dehors 2 no. 22/23 (début Novembre 1923): 3.
  • Emile Gante, “Grandes Prostituées et fameux Libertins,” L’En dehors 2 no. 22/23 (début Novembre 1923): 3. [Adapted from Spanish by E. Armand]
  • Steven T. Byington, ”La Société de l’Ordre Nouveau,” L’En dehors 2 no. 22/23 (début Novembre 1923): 3.
  • E. A., “Aux compagnons,” L’En dehors 2 no. 22/23 (début Novembre 1923): 4.
  • “Où l’on se retrouve, où l’on discute : Paris.—Les Compagnons de l’en dehors,” L’En dehors 2 no. 22/23 (début Novembre 1923): 4.

[…]


l’en dehors 2 no. 24 (late November, 1923):

  • Gerard de Lacaze-Duthiers, “Polémique d’idées,” L’En dehors 2 no. 24 (fin Novembre 1923): 1.
  • E. Armand, “Les prisonniers,” L’En dehors 2 no. 24 (fin Novembre 1923): 1.
  • Karl Rist et E. Armand, “Divers aspects de l’individualisme anarchiste: Le verbe ou l’action,” L’En dehors 2 no. 24 (fin Novembre 1923): 2.
  • Ovide Ducauroy, “Poussée vitale et pis aller,” L’En dehors 2 no. 24 (fin Novembre 1923): 2.
  • Renée Dunan, “L’Initiation individualiste anarchiste,” L’En dehors 2 no. 24 (fin Novembre 1923): 3.
  • E. Armand, [“Que importe à la foule mon cœur brisé…”], L’En dehors 2 no. 24 (fin Novembre 1923): 3.
  • E. Armand, “Amertume,” L’En dehors 2 no. 24 (fin Novembre 1923): 3.
  • Emile Gante, “Grandes Prostituées et fameux Libertins,” L’En dehors 2 no. 24 (fin Novembre 1923): 3. [Adapted from Spanish by E. Armand]
  • E. Armand, [“J’aime chez l’individu ce que je hais dans la foule…”], L’En dehors 2 no. 24 (fin Novembre 1923): 3.
  • E. A., “Aux compagnons,” L’En dehors 2 no. 24 (fin Novembre 1923): 3.
  • “Où l’on se retrouve, où l’on discute : Paris.—Les Compagnons de l’en dehors,” L’En dehors 2 no. 24 (fin Novembre 1923): 4.

[…]

Amertume

Je pensais pourtant que tu serais venue….

Il faisait froid sous ces combles et les minutes s’écoulèrent d’abord lentement.

Il me semblait à tout instant entendre ton pas léger dans l’escalier. À tout instant il me semblait que tu allais franchir le seuil de cette petite chambre. Amenant comme un rayon de soleil la chaleur et la lumière avec toi. Dès ton apparition l’atmosphère s’illuminerait de grâce et de tendresse. Et je songeais que j’avais senti tressaillir en mes bras ton corps de jeune femme, ton jeune corps de femme.

Mais le temps passait et plus vite, plus vite s’écoulaient les minutes. Et quelque part en moi très profondément. Je ne sais pas encore si c’est dans ma tête ou dans mon cœur, J’entendais comme un bruit, comme un écho de tic tac. Toujours plus accusé, toujours plus creux, toujours plus lugubre. Un tic tac aux résonnances de glas. L’air devenait toujours plus glacial. Si bien que je finis par frissonner de toux mes membres.

Je pensais pourtant que tu serais venue. Je te savais affranchie des morales d’esclaves. Partant, point coquette ni génératrice de souffrances. Tu savais, toi, quelle joie, quelle douceur ta présence eût produite en moi, autour de moi. Quelle guérison aussi ! Et cependant lu me laissas t’espérer en vain. Tu me laissas, comme la première venue, partir de là amer, déçu, blessé, dépité, triste à en pleurer.

E. Armand.

Bitterness

I still thought that you perhaps would come….

It was cold in this attic room and, at first, the minutes flowed quite slowly.

Time and again I seemed to hear your light step on the stair. At any moment it seemed to me that you would cross the threshold of this little room. Bringing, like a ray of sunshine, heat and light with you. With your appearance, the atmosphere would be illuminated with grace and tenderness. And I dreamed that I felt trembling in my arms your young woman’s body, your young, womanly body.

But the time passed and more quickly, more and more quickly the minutes flowed. And somewhere deep within me—I still do not know if it was in my head or in my heart—I seemed to hear a sound, like an echo, tick-tock… Always more charged, more sonorous, more sorrowful. A tick-tock resounding like a knell. The air became more and more glacial. So that, in the end, it was all my limbs that shivered.

I still thought that perhaps you would come. I knew you to be freed from the morality of slaves and, thus, no tease, taking pleasure in suffering. You knew, you did, what joy, what sweetness your presence would have produced in and around me. What healing as well! And yet you left me to hope in vain. You left me—like anyone, like no one— to depart from there bitter, disappointed, wounded, vexed, sad to the point of tears.

E. Armand.


l’en dehors 2 no. 25/26 (mid-December, 1923):

  • Gerard de Lacaze-Duthiers, “Polémique d’idées,” L’En dehors 2 no. 25/26 (mi-Décembre 1923): 1.
  • E. Armand, “L’objection de conscience et le point de vue individualiste,” L’En dehors 2 no. 25/26 (mi-Décembre 1923): 1.
  • Pierre Quiroule et E. Armand, “Controverses sur la réciprocité,” L’En dehors 2 no. 25/26 (mi-Décembre 1923): 2.
  • E. Armand, “Là bas,” L’En dehors 2 no. 25/26 (mi-Décembre 1923): 2. [verse]
  • Maurice Imbard, “Liberté d’opinion,” L’En dehors 2 no. 25/26 (mi-Décembre 1923): 2.
  • E. A. et E. Malatesta, “Paroles d’hier… et d’aujourd’hui,” L’En dehors 2 no. 25/26 (mi-Décembre 1923): 2.
  • E. Armand, “Fleurs de solitude,” L’En dehors 2 no. 25/26 (mi-Décembre 1923): 3.
  • Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 2 no. 25/26 (mi-Décembre 1923): 3.
  • Emile Gante, “Grandes Prostituées et fameux Libertins,” L’En dehors 2 no. 25/26 (mi-Décembre 1923): 3. [Adapted from Spanish by E. Armand]
    [page 4 missing in 25/26]

[…]


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Independent scholar, translator and archivist.