On the Subject of the Anarchist Synthesis (1929)

Beginning with its first issue in 1928, the pages of La Voix Libertaire were the site of an interesting debate on Sébastien Faure’s conception of the anarchist synthesis. I’ll be collecting the texts and gradually providing translations here.

[Articles from 1928]

La Voix libertaire N°9 — Janvier 1929

  • Autour de la synthèse anarchiste
    • Voilà de la discussion sérieuse, utile – l’A. F. A.
    • La “Synthèse anarchiste” de Sébastien Faure – Luigi Fabbri (Protesta, 15 Juin 1928)
    • Réponse de Sébastien Faure à Luigi Fabbri
    • Lettre de Errico Malatesta à Sébastien Faure (18 Novembre 1928)

La Voix libertaire N°10 — Février 1929

  • Autour de la synthèse anarchiste
    • Lettre de M. Nettlau à Sébastien Faure
    • Explications préliminaires – Sébastien Faure

Deuxième série

  • La Voix libertaire N°2 – 9 Mars 1929
    • Etre anarchiste – Sébastien Faure
  • La Voix libertaire N°3 – 16 Mars 1929
    • Autour de la synthèse anarchiste. Ma réponse à L. Fabbri (suite) – Sébastien Faure (à suivre)

  • La Voix libertaire N°9 — Janvier 1929
    • Autour de la synthèse anarchiste
      • Voilà de la discussion sérieuse, utile – l’A. F. A.
      • La “Synthèse anarchiste” de Sébastien Faure – Luigi Fabbri (Protesta, 15 Juin 1928)
      • Réponse de Sébastien Faure à Luigi Fabbri
      • Lettre de Errico Malatesta à Sébastien Faure (18 Novembre 1928)

 


La Voix libertaire N°10 — Février 1929

  • Autour de la synthèse anarchiste
    • Lettre de M. Nettlau à Sébastien Faure
    • Explications préliminaires – Sébastien Faure

AUTOUR LA SYNTHESE ANARCHISTE

Nous publions la lettre suivant envoyée par la camarade Nettlau au groupe A. C. F. et dont la traduction a été adressée à notre camarade Sébastien Faure :

Chers camarades,

Vous m’avez envoyé La Synthèse Anarchiste, de Sébastien Faure, datée du 20 fevrier 1928, et je suis sûr que vous rééditerez ce document remarquable ou, tout au moins, que vous donnerez connaissance de son contenu à vos lecteurs. A cette condition, je me permets d’émettre quelques remarques à ce sujet qui est certainement d’un intérêt capital pour le mouvement anarchiste de tous les pays.

Je suis arrivé, il y a peu plus de trente ans, à des conclusions semblables, à savoir que nus ne pouvons pas prévoir la situation économique ou autre dès le début, et encore moins aux étapes ultérieures, d’une société libre ; nous ne pouvons pas prévoir les dispositions personnelles de l’homme de ces temps futurs ; nous ne pouvons pas, non plus, acquérir, aujourd’hui, par l’expérimentation, des connaissances suffisamment claires du fonctionnement pratique des méthodes de production et de distribution.

Tout cela exige de nous la nécessité de considérer le côté économique aussi bien que les autres côtés pratiques de l’anarchisme comme quelque chose sur quoi nous pourrions fonder des hypothèses, mais au sujet desquels nous ne devons pas être capables d’émettre des affirmations positives. Nous ne pouvons être qu’agnostiques à l’égard de toutes ces considérations pratiques. Nous pouvons avoir une préférence sentimentale pour l’une ou l’autre des diverses possibilités, et nous avons aussi le droit de dire que si l’occasion d’une réalisation anarchiste se présentait, nous aurions le droit d’œuvrer de la manière que nous choisirions nous-mêmes et non pas de celles qui nous serions imposées par une majorité quelconque (tout cela, naturellement, dans les limites raisonnables, c’est-à-dire si nous sommes mis, par des motifs sérieux et non par un simple caprice qui deviendrait préjudiciable aux autres). En conséquence, ce qu’avaient dit les premiers anarchistes-collectivistes, ce qu’avaient dit Kropotkine et les anarchistes-communistes, Proudhon, Tucker et les anarchistes-individualistes en faveur de leurs solutions économiques personnelles, forme une documentation de grande valeur, mais ne peut préjuger de l’issue. La situation ressemble à l’origine d’une race, quand l’intelligence et la prescience humaines — aussi tendues soient-elles — ne peuvent produire que des conjectures quant au gagnant, et le résultat reste inconnu, les meilleurs favoris pouvant toujours être battus par un simple outsider.

La lecture des journaux anciens m’a montré que cette question avait aussi été discutée en Espagne, vers la fin des années 80, quand les anarchistes-collectivistes les plus intelligents, harassés par los anarchistes-communistes qui représentaient, à leur avis, une doctrine plus jeune et plus parfaite, avaient proposé d’adopter le nom d’anarchiste tout court, d’anarchiste sans épithète, laissant à chacun le choix entre les arrangements économiques, collectivistes ou communistes. Tarrida del Marmol et Ricardo Mella étaient alors les plus larges d’esprit de ce temps, et Mella avait proposé cette idée internationalement dans un rapport qu’il avait écrit pour le Congrès Anarchiste International de Paris, de septembre 1900 qui, du reste, ne put être tenu ouvertement ; mais le rapport fut publié en entier. En 1901, Voltairine de Cleyre avait professé, dans une conférence sur l’anarchisme tenue à Philadelphia et publiée par la Free Society, le même respect à l’égard des quatre variétés économiques de l’anarchisme : chacune desquelles avait sa base historique et locale et ses adhérents fervents, mais aucune n’avait droit à une supériorité quelconque envers les autres, toutes les quatre ayant à montrer ce qu’elles peuvent faire quand expérimentale-mentation et réalisation deviendront possibles : nous en aurons alors un peu plus, et ainsi de suite.

Je puis aussi dire que Bakounine s’était toujours limité à esquisser le tout premier pas seulement, la pierre fondamentale initiale de la société libre, déclarant qu’il appartenait au peuple de la période correspondante de continuer la construction sur cette nouvelle base sûre et sainement libertaire. James Guillaume dans son esquisse d’une société libre (1874-76) avait prévu un développement graduel des arrangements collectivistes aux arrangements communistes qui dépendaient de l’accroissement de l’abondance (base indispensable du communisme) et même Kropotkine, dans sa préface du 5 décembre 1919 à l’édition russe des « Paroles d’un révolté », se rend compte que la situation initiale après une révolution pourrait être telle que la réalisation immédiate du communisme intégral serait impossible.

Mais dans les années 1898-1902 auxquelles mes souvenirs me ramènent, les Tarrida, Mella, Voltairine de Cleyre et moi aussi, étions tout seuls ou presque seuls, contre ceux qui étaient profondément convaincus que leur propre variété d’anarchisme était absolument juste et que les variétés dissidentes étaient irrévocablement fausses. Je connais cet exclusivisme fanatique, parce que j’en fus victime moi-même pendant de longues années ; presque tous les camarades le furent, et le sont encore. J’ai essayé da discuter la question avec Kropotkine en conversation et en une lettre qui avait le résultat lamentable que l’on peut voir par sa lettre à moi du 5 mars 1902 et mes explications en marge de cette lettre (« Plus loin », 1927). Le Freedom de Londres, m’avait plusieurs fois donné l’occasion d’y exprimer mes opinions à ce sujet, — pour la dernière fois en février 1914 — par un article que fut réimprimé une douzaine d’années plus tard dans le Road to Freedom de New-York, sans que j’on aie eu préalablement connaissance (j’aurais pu, en ce case, la mettre au point), et qui de là passa dans les journaux anarchistes Italiens où elle fut discutée. Si je compare l’attitude négative de tous, en 1914, aux opinions exprimées en 1926, je note un progrès marqué de plus grande largeur d’esprit et un recul de l’exclusivisme ; mais les deux encore insuffisants pour qu’on puisse instaurer la camaraderie vraiment amicale là où règnent depuis longtemps l’orgueil, le fanatisme, et la foi aveugle.

Puisse l’initiative actuelle des camarades français avoir un meilleur sort ! Etant donné le spectacle de l’intolérance absolue bolcheviste qui sème la ruine et la destruction physiques des socialistes de toutes nuances, et le spectacle de l’invasion d’un fanatisme impitoyable au sein des mouvements russe et français par la « plate-forme » et par un certain congrès récent — la rébellion devenait inévitable, la coupe était pleine ; l’élan vers une sphère de camaraderie amicale doit être soutenu aujourd’hui avec une grande force de propulsion initiale. Laissons cette impulsion se développer et le travail se faire en grand ; laissons les fanatiques rejoindre les fanatiques ; mais que les camarades aux sentiments sociaux se tendent la main. Les fruits du fanatisme sont devant nous depuis 1917 dans le bolchevisme et le fascisme, et tout comme avec le temps, tous les fanatiques du monde se rallieront à ces deux grands pôles magnétiques de l’autorité et de l’anti-humanité, espérons que notre pôle de libre camaraderie, de tolérance mutuelle et de bienveillance attirera les éléments libertaires et sociaux de l’humanité — ceux qui croient la liberté, bonté mutuelle et solidarité — qu’ils soient aujourd’hui conscients ou non d’être anarchistes. Trop longtemps, l’humanité avait vu l’anarchisme à deux faces — professant le plus grand amour et respect pour la liberté, et professant un remède unique de solution économique réglé d’avance… contradiction manifeste qui, j’en suis absolument convaincu a considérablement affaibli la puissance d’attraction de l’anarchisme pour ceux qui raisonnent, et a fait de lui, avant tout, une question de foi et de croyance, de préférence personnelle et de sentiment.

Je me permettrai de dire que la Synthèse Anarchiste n’exprime pas, à mon avis, ce qui aurait pu être, ou ce qui aurait dû être fait. Nous rejetons cet anarchisme distillé isolé, artificiellement construit et qui se refuse de se combiner à un anarchisme d’une notre nuance — j’essaie de me tenir à la comparaison chimique de S. Faure, — nous rejetons le produit isolé, le produit unique. Très bien. Mais pourquoi sauter de là à la synthèse, pourquoi réunir les diverses parties constituantes ? Une telle évolution, après expérimentation ; elle est un résultat possible, de réalisation — quelque chose que nous pouvons aussi bien prévoir et préparer d’avance que le fonctionnement de l’une des hypothèses économiques isolées. D’ailleurs si, par exemple, dix groupes étaient composés de l a 10 de chacune des trois variétés d’anarchisme, on obtiendrait 10 différentes synthèses et celles-ci changeraient si la proportion des membres devenait différente ; aucune de ces synthèses ne serait nécessairement certaine de pouvoir correspondre, aux nécessités pratiques réelles des situations locales ou du moment. Et ceux qui désirent rester libres, refusant toute ingérence, ne voudront pas être « mis ensemble » ou combinés synthétiquement ou être jetés dans le même creuset pour y être amalgamés.

Il me semble que synthèse aurait dû être remplacé par symbiose, « con-vivance » , co-habitation, c’est-à-dire camaraderie amicale sans ingérence entre toutes les nuances d’opinions, et leur marche et activité, sur un terrain d’amitié réciproque, vers un but commun, chacun par ses propres moyens. Ils uniraient leurs forces pour des buts pratiques déterminés — si désirable, mais pas sans besoin ou régulièrement. Ils resteraient, du reste, en relations par l’intermédiaire des membres œuvrant dans deux ou plusieurs milieux, s’ils le désirent, et dans la proportion choisie par eux-mêmes. Si tout cela finira par conduire un jour à des combinaisons nouvelles plus ou moins stables, à des synthèses, reste à voir, mais nous ne devons ni influencer ni forcer de tels développements.

Nous voulons simplement remplacer l’exclusivisme par la camaraderie, la foi aveugle et l’assurance orgueilleuse par une attitude critique, et nous ne voulons pas, pour les anarchistes, des frontières avec des douaniers vigilants — gardiens de la pureté des doctrines — tout comme ceux qui sont vraiment internationalistes ne veulent pas de frontières entre territoires et entre Etats qui, inévitablement, sont hostiles les uns aux autres, tout comme les doctrines les sont. Les doctrines sont aussi peu sociales que les Etats, et bien de nos actions quotidiennes, même chez les anarchistes, sont faites inconsciemment sur des lignes autoritaires et étatiques. Exclusivisme national, d’Etat, de gardiens de doctrines, guerres entre nations ou Etats, polémiques socialistes, syndicalistes, anarchistes (par la parole, par l’écrit au par fusils et prisons, comme en Russie aujourd’hui), organisation en gouvernements, organisations ouvrières, voire fédérations anarchistes ou groupes, et bien d’autres phénomènes du même ordre — tout cela, même si manipulé par des anarchistes, appartient au type autoritaire et ne peut tout simplement pas être assimilé à l’esprit libertaire et doit, tôt ou tard, abattre les camarades les plus dévoués.

Il existe, pourtant, bien des milieux où l’esprit libertaire peut prospérer inconsciemment, et d’autant plus consciemment. Ce sont les produits de la vie sociale véritable; les ateliers dans toutes les sphères de travail utile, où la compétence matérielle conduit à un travail efficace et exige la coopération étroite de tous; la sphère de la science et des arts où tous travaillent avec ardeur pour des objets qui intéressent tout le monde : la ville, la cité, le village, où gens de toutes opinions et de toutes nationalités, de toutes professions et occupations vivent côte à côte comme habitants et qui ont, tout au moins, cela de commun : qu’ils désirent, généralement, mener une vie tranquille sans la moindre ingérence, et qu’il n’y a pas de guerre entre eux. Dans ces communautés, de village à métropole, la « con-vivance » sociale est réalisée à un degré inexistant entre Etats et nations et qui devient de moins en moins possible d’exister. De tels milieux sont les modèles que les anarchistes, débarrassés des langes de l’exclusivisme et du fanatisme, devraient imiter et ils y trouveraient un travail incessant : progrès grand ou petit, coopération de toutes sortes, émulation afin d’atteindre une efficacité plus élevée et autres facteurs semblables du vrai progrès. Mais ils n’y trouveraient pas de synthèse prématurée (ou ne la trouveraient, par ci, par là, que comme obstacle au progrès), mais seulement la « con-vivance », la bienveillance mutuelle, l’émulation amicale, toutes sortes d’efforts, grâce auxquels la collectivité atteint, d’une façon indépendante, des degrés plus élevés d’efficacité et de perfection.

Pour ces raisons, je plaide, chers camarades, contre une synthèse dès le début, quand il n’en résulterait qu’une nouvelle immobilisation, et en faveur de sentiments amicaux envers tous ceux qui, n’étant pas exclusivistes, prouvent qu’ils peuvent agir comme libertaires. Les exclusivistes seront, tôt ou tard, réabsorbés par les autoritaires auxquels ils appartiennent par leur mentalité tout entière. Il est grand temps que l’anarchisme fasse ce petit pas dans la direction du progrès; c’est à peine un pas ; il ne fait, pour le moment, que s’arracher de piège du fanatisme étroit dans lequel il est entré depuis longtemps, grâce à l’inexpérience, à la sur-assurance et à l’impulsion fébrile, et où tout végète depuis des années dans la stagnation et dans l’isolation.

26 mars 1928.

M. NETTLAU.

(Traduit. du manuscrit anglais.)

ON THE SUBJECT OF THE ANARCHIST SYNTHESIS

We publish the following letter, sent by the comrade Nettlau to the Groupe A. C. F., the translation of which has been addressed to our comrade Sébastien Faure:

Dear comrades,

You have sent me The Anarchist Synthesis, by Sébastien Faure, dated February 20, 1928, and I am sure that you will republish this remarkable document or at least that you will make its contents known to your readers. On that conditions, allow me to put forward some remarks on this subject, which is certainly of a capital interest for the anarchist movement in all nations.

I arrived, a little more than thirty years ago, at similar conclusions, namely that we cannot foresee the situation, economic or otherwise, from the beginning, and still in the later stages, of a free society; we cannot foresee the individual dispositions of men in those future times; nor we can we acquire, through experimentation, sufficiently clear knowledge of the practical functioning of the methods of production and distribution.

All of that demands of us the necessity of considering the economic side, as well as the other practicals sides of anarchism as something about which we should not be capable of putting forward positive affirmations. We can only be agnostics with regard to all these practical considerations. We may have a sentimental preference for one or another of the various possibilities, and we also have the write to say that if the occasion for achieving the anarchist project presented itself, would would have the right to work in the manner that we ourselves choose and not by those that might be imposed on us by some majority (all of that, naturally, within reasonable limits, which is to say if we are moved by serious motifs and not by a simple caprice which could become detrimental to others.) Consequently, what was said by the first anarchist-collectivists, what was said by Kropotkin and the anarchist-communists, Proudhon, Tucker and the anarchist-individualists in favor of their economic solutions, forms a literature of great value, but cannot judge the issue in advance. The situation resembles the starting point of a race, when human intelligence and foresight — strain as they might — can only produce conjectures as to the winner, and the result remains unknown, as the most favored contestants may always be beaten by a simple outsider.

Reading the old newspapers had shown me that this question ahad also been discussed in Spain, toward the end of the 1880s, when the most intelligent of the anarchist-collectivists, exhausted by the anarchist-communists who represented, in their own view, a younger and more perfect doctrine, had proposed the adoption of the name of anarchist tout court, anarchist without adjective, leaving to each the choice between the economic arrangements, collectivist or communist. Then, Tarrida del Marmol and Ricardo Mella had the broadest minds of the times, and Mella had proposed that idea internationally in a report that he had written for the International Anarchist Congress in Paris, in September 1900, which, furthermore, could not be held openly; but the report was published in its entiretu. In 1901, Voltairine de Cleyre had professed, in a conférence on anarchisme held at Philadelphia and published by Free Society, the same respect with regard to the four economic varieties of anarchism: each of which had its historical and local basis and its fervent adherents, but none of which had any right of superiority over the others, all four having to show what they can do when  experimental mentation and realization becomes possible: we will then have a little more, and so on.

I can also say that Bakunin had always limited himself to sketching out just the very first steop, the initial cornerstone of the free society, declaring that it was up to the people of the corresponding period to continue the construction of that new, sure and properly libertarian basis. James Guillaume, in his sketch of a free society (1874-76), had foreseen a gradual development from collectivist arrangements to the communist arrangements that depended on the increase of abundance (indispensable basis of communism) and even Kropotkin, in his preface of December 5, 1919 to the Russian edition of Words of a Rebel, was aware that the initial situation after a revolution could be such that the immediate realization of complete communism would be impossible.

But in the years 1898-1902 to which my memories take me back, those like Tarrida, Mella, Voltairine de Cleyre and myself were all alone, or nearly so, against those who were profoundly convinced that their own variety of anarchism was absolutely just and that the dissenting varieties were irrevocably false. I knew that fanatical exclusivism, because I was myself a victim of it for long years; nearly all the comrades were, and still are. I attempted to discuss the question with Kropotkine in conversation and in a letter, which had the lamentable result that you can see in his letter to me of March 5,  1902 and in my commentary in the margins of that letter (« Plus loin », 1927). The London Freedom had on several occasions given me the opportunity to express my opinions on this subject, — for the last time in Febrary, 1914 — in an article [“Anarchism: Communist or Individualist? — Both”] that was reprinted a dozen years later in the Road to Freedom of New-York, without advance knowledge on my part (I would have been able, in that case, to develop it [as he did in the Anarchist Encyclopedia article “Individualisme (ou Communisme ?)“]), and which passed from there to the Italian anarchist newspapers, where it was discussed. If I compare the negative attitude of all, in 1914, to the opinions expressed in 1926, I note a marked progress toward greater broadness of mind and a ddecline in exclusivism; but both are still insufficient to the task of establishing  truly amicable camaraderie where pride, fanaticism and blind faith have reigned for so long.

May the present initiative of the French comrades have a better fate! Given the spectacle of absolute Bolshevik intolerance that sows the ruin and the phyisical destruction of socialists off all shades, and the spectacle of the invasion of a ruthless fanaticism in the hearts of the Russian and French movement through the “platform” and through a certain recent congress — the rebellion became inevitable, the cup was full; the momentum towards a sphere of amicable camaraderie must be sustained toda with a great force of initial propulsion. Let us allow that impulse develop and the work done on a large scale; let the fanatics rejoin the fanatics; but to the comrades of social sentiments extend a hand. The fruits of fanaticism have been before us since 1917, in Bolshevism and fascism, and just as, with time, all the fanatics in the world will rally to thise two great magnetic poles of authority and anti-humanity, let us hope that our pole of free camaraderie, mutual tolerance and benevolence will attract the libertarian and social elements of humanity — those who believe in liberty, mutual generosity and solidarity — whether or not they are conscious today of being anarchists. For too long, humanity has seen an anarchism with two faces — professing the greatest love and respect for liberty, and professing one unique remedy as the economic solution, settled in advance… an obvious contradiction that I am absolutely convinced has considerably weakened anarchism’s power of attraction for those who reason, and has made it, above all, a question of faith and belief, of personal preference and sentiment.

I will permit myself to say that the Anarchist Synthesis does not express, in my opinion, what could have or what should have been done. We reject this distilled, isolated, artificially constructed anarchism, which refuses to combine with an anarchism of our own shade — I try to hold to the chemical comparison of S. Faure — we reject the isolated product, the unique product. Very well. But why leap from there to the synthesis, why join the various constituent parts? Such an evolution, after experimentation; it is a result that might be achieved — something that we could foresee and prepare for in advance as well as the functioning of one of the isolated economic hypotheses. Moreover if, for example, ten groups were compose of  1 to 10 of each of the three varirties of anarchism, one would obtain 10 different syntheses and these would change if the proportion of the members should become different; none of these syntheses would necessarily be certain of being able to correspond to the practical necessities of the local situations or of the given moment. And those who desire to remain free, refusing all interference, would not want to be “put together” or combined synthetically or thrown in the same crucible in order to be amalgamated.

It seems to me that synthesis should have been replaced by symbiosis, “con-vivance,” co-habitation, which is to say amicable camaraderie without interference among all shades of opinion, and their march and activity, on a terrain of reciprocal friendship, toward a common aim, each by their own means. They would unite their forces for specific practical goals — if that seems desirable, but not needlessly or regularly. In addition, they would maintain relations through the intermediary of members working in two or more milieus, if they desire it and to a degree chosen by themselves. Whether all of that would lead, one day, to new, more or less stable combinations, to syntheses, remains to be seen, but we should neither influence nor force such developments.

We simply want to replace exclusivism with camaraderie, blind faith and proud self-assurance with a critical attitude, and we do not want, for the anarchists, borders with vigilant customs officers — guardians of the purity of doctrines — just as those who are truly internationalists do not want borders between territories and between states that, inevitably, are hostiles to one another, just as the doctrines are. The doctrines unsocial as the states, and many of our daily actions, even among the anarchists, are made unconsciously along authoritarian and statist line. National and state exclusivism, guardians of doctrines, wars betwee nations or states, socialist, syndicalist and anarchist polemics (with words, with writing or with rifles and prisons, as in Russia today), organization in governments, worker organizations, even anarchist federations or groups, and many other phenomena of the same order — all of that, even if employed by anarchists, belongs to the authoritarian type and cannot simply just be assimilated by the libertarian spirit and must, sooner or later, bring down the most devoted comrades.

There exist, howver, many milieus where the libertarian spirit can prosper unconsciously, and all the more consciously. They are products of the truly social life; the workshops in all the spheres of useful labor, where material competence leads to an effective labor and demands the close cooperation of all; the sphere of science and the arts, where all labor with enthusiasm toward aims that interest everyone: the city, the town, the village, where people of all opinions and all nationalities, of all professions and occupations live side by side as residents and have, at the least, this in common: that they desire, generally, to lead a peacful life, with the least interference, and that there is no war among them. In these communities, from village to metropolis, social “con-vivance” (coexistence) sociale is achieved to a degree nonexistent among states and nations—where its existence becomes less and less possible.  Such milieus are the models that the anarchists, rid of the swaddling clothese of exclusivism and fanaticism, should imitate, and they will find there a constant labor: progress, great or small, cooperation of all sorts, emulation in order to attain a higher degree of efficiency and other similar factors of true progress. But they will find no premature synthesis (or will only find it, here and there, as an obstacle to progress), but only “con-vivance,” mutual benevolence, friendly emulation and all sorts of efforts, thanks which the collectivity attains, in an independent manner, higher degrees of efficiency and perfection.

For these reasons, I plead, dear comrades, against a synthesis from the beginning, when there will result from it only a new immobilization, and in favor of friendly feelings toward all those who, not being exclusivists, prove that they can act like libertarians. The exclusivists will, sooner or later, reabsorbed by the authoritarians, with whom they belong by virtue of their whole mentality.It is high time that anarchism takes this little step in the direction of progress; it is hardly a step; it only manages, for the moment, to pull anarchism from the trap of narrow-minded fanaticism into which it has long since stepped, thanks to inexperience, to overconfidence and feverish impulse, and where it has vegetated for years in stagnation and isolation.

March 26, 1928.

M. NETTLAU.

(Translated from the English manuscript.)


Deuxième série

  • La Voix libertaire N°2 – 9 Mars 1929
    • Etre anarchiste – Sébastien Faure
  • La Voix libertaire N°3 – 16 Mars 1929
    • Autour de la synthèse anarchiste. Ma réponse à L. Fabbri (suite) – Sébastien Faure (à suivre)
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