Maurice Imbard, “Reflections on Anarchism” (1931)

réflexions sur l’anarchisme

Parmi les nombreuses doctrines et idées sociales, l’anarchisme est celle qui a le plus de difficultés à s’introduire, à s’infiltrer, pourrais-je dire, dans les cerveaux. Il faut dire que l’assimilation facile pour la foules de toutes autres idées, vient de ce que ces dernières gardent conservent même les coutumes, les conventions et les croyances quelque peu similaires à celles qui contribuent au maintien de l’état social actuel, état social des plus défectueux, qui pourrait le contester ?

Aussi ne faut-il pas s’étonner que l’anarchisme compte de nombreux adversaires, car l’ensemble des conceptions qui constituent l’idéologie anarchiste contraste ironiquement avec les conceptions erronées et mystiques de nos contemporains. Il s’agit en effet de l’édification d’une mentalité claire et rationnelle, puisant la puissance de sa raison d’être dans la science, c’est-à-dire dans l’observation et l’étude approfondie des phénomènes naturels qui sollicitent toute notre curiosité.

En un mot, l’anarchisme est la négation de toutes les productions imaginatives, enfantées par l’ignorance et surtout par l’absence de culture intellectuelle.

Il ne faut point s’étonner que sa logique provoque un soulèvement d’imprécations, car cette logique exige que tous se dégagent des liens, des langes qui les enserrent, que tous se déshabituent des dispositions acquises par une éducation superficielle et même bâtarde.

C’est à cause des conditions réclamées que le nombre des anarchistes augmente plus lentement que celui des socialistes et des communistes : et cela parce que l’étude de la philosophie anarchiste, pourtant très simple, présente un aspect complexe, parce que son adaptation, son assimilation est plus difficile.

Beaucoup de cerveaux ne sont pas accoutumés à réfléchir à la destruction et à la disparition des institutions sociales et morales qui circonscrivent leur pensée et leur vie. Cependant, malgré les lois de l’hérédité, même en dépit d’elles, qui nous veulent pareils à nos ancêtres, la loi naturelle de l’adaptation fortifiera l’idée anarchiste, secondée de plus en plus par l’application des connaissances et découvertes scientifiques, du moins nous en sommes persuadés.

— Maurice Imbard.

reflections on anarchism

Among the numerous social doctrines and ideas, anarchism is the one that that has the most trouble introducing itself—infiltrating, I might say—into say. It must be said that the easy assimilation of the mass of other ideas comes from the fact that those others take care to preserve customs, conventions and beliefs rather similar to those that contribute to the maintenance of the current social state—a most defective social state, as all will agree.

So no one will be surprised that anarchism can count numerous adversaries, for the ensemble of ideas that constitute the anarchist ideology contrast ironically with the erroneous and mystical ideas of our contemporaries. It is a question, in effect, of the edification of a clear and rational mentality, drawing the power of its reason to be from science, from the observation and deep study of the natural phenomena that appeal to our curiosity.

In a word, anarchism is the negation of all the productions of the imagination, birthed by ignorance and especially by the absence of intellectual culture.

It should come as no surprise that its logic provokes an uproar of imprecations, for that logic demands that all rid themselves of the bonds, the swaddling clothes that grip them, that all break the habits acquired through a superficial and even misbegotten education.

It is because of the conditions required that the number of anarchists increases more slowly than that of socialists and communists and because the study of anarchist philosophy, though very simple, appears quite complex, because its adaptation, its absorption is more difficult.

Many brains are not accustomed to contemplating the destruction and disappearance of the social and moral institutions that delimit their thought and lives. However, despite the laws of heredity, which wants us to be like our ancestors, and even in defiance of them, the natural law of adaptation will strengthen the anarchist idea, assisted more and more by the application of scientific knowledge and discoveries—or at least we are convinced of it.

— Maurice Imbard.

Maurice Imbard, “Réflexions sur l’anarchisme,” l’en dehors 10 no. 202-203 (15 mars, 1931): 13.

[Working translation by Shawn P. Wilbur]

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