Charles Keller, “Their Poor Reasons”

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LEURS PAUVRES RAISONS

A Madame André Léo.

Ce n’est pas sans bonnes raisons
Qu’ils trottinent tous vers l’église,
Chaque dimanche, comme oisons
Que le Bon Pasteur mobilise!

* * *

Leurs raisons? — Interrogez-les.
Ils n’en ont point, ou n’en ont guère :
— Leurs ancêtres y sont allés;
C’est la coutume séculaire.
— Il faut de la religion,
Disent les bonnes paysannes;
La messe et la communion
Ne sont pas faites pour les ânes.
— Et pourquoi, grondent les anciens,
Les gens qui travaillent la terre
Vivraient-ils comme des païens ?
Ils ont déjà tant de misère.
— L’impie appartient au démon,
Chuchotent les femmes entre elles.
Sans la messe et sans le sermon,
Nos hommes en feraient de belles!
— On y fait voir ses robes, donc !
Pensent les fillettes gentilles.
Quant aux garçons, ding-ding, din-don!
Ils y vont à cause des filles.
Les fortes têtes de l’endroit
Grognent : — Dame, cette bêtise!
Chacun nous montrerait au doigt,
Si nous n’allions pas à l’église.
Et puis, la maison du bon Dieu,
De Jésus, de la bonne Vierge,
Il faut bien qu’on y prie un peu
Avant de trinquer à l’auberge.
Et ce sont ces pauvres raisons
Qui font, dans les âmes champêtres,
Durer de saisons en saisons
L’influence des messieurs prêtres.

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THEIR POOR REASONS

To Madame André Léo.

It is not without good reasons
That they scurry towards the church,
Each Sunday, like goslings
That the Good Shepherd mobilizes!

* * *

Their reasons? — Question them.
They do not have reasons, or hardly have them:
— Their ancestors went there;
It is the secular custom.
— There must be religion,
Say the good peasants;
The mass and communion
Were not made for asses.
— And why, growled the ancients,
Do the people who work the land
Live as pagans?
They already have so much misery.
— The ungodly belong to the devil,
The women whisper to one another.
Without the mass and without the sermon,
Wouldn’t our men be fine!
— We will show off our dresses, then!
Think the pretty girls.
As for the young men, ding-ding, din-don!
They go there because of the girls.
The headstrong of the place
Growl: — Parbleu, this foolishness!
Each will point their finger at us,
If we don’t go to church.
And then, we must pray a bit
At the house of the good God,
Of Jesus, of the blessed Virgin,
Before we go drinking at the public house.
And these are their poor reasons
Which make, in rural souls,
Endure for season after season
The influence of the priestly gentlemen.

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