Robert Dulud, “Etre Anarchiste / To Be an Anarchist” (1924)

Etre anarchiste

Beaucoup de camarades se disant anarchistes, mais n’agissant pas comme tels, nuisent à notre propagande et il faut surtout, en province, remédier à cet état de choses.

Il ne suffit pas de hurler à tous les échos que l’on est anarchiste, de monter à la tribune, débiter un tas de stupidités, de lire le Libertaire plus ou moins pour être anarchiste.

Il ne faut pas faire comme certains qui hurlent à la révolution et quand on leur demande de l’action, répondent piteusement que la femme va « gueuler » à la maison l’on arrive en retard. Comment voulez-vous que ces pauvres camarades fassent une révolution sociale, eux qui, ne peuvent même pas amener une petite réforme dans leur famille. Si, on leur touche deux mots à propos de leur action plutôt restreinte et vaine ils le prennent de haut et ne veulent rien entendre.

Quoi ! ce n’est pas ainsi que l’on est anarchiste, Comprenez-le, malheureux camarades, lu vie d’un anarchiste est celle d’un au-dehors, d’un sacrifié. Eh ! oui, il vaut mieux envisager la chose franchement, cela fera peur à certains et ne plaira pas à d’autres, mais tant pis, la vérité est un fait cl notre devoir est de la dévoiler. Etre anarchiste, c’est lutter contre tout : contre les parents, contre les amis, contre la société, c’est une souffrance continuelle, c’est risquer tous les jours d’être jeté sur le pavé ou d’aller moisir des années dans un maudit cachot, rayé de la société et presque de la vie.

Vivre en anarchiste c’est apprendre à souffrir… mais c’est dur de souffrir.

Robert DULUD.

To Be an Anarchist

The fact that many comrades claim to be anarchists, but do not act as such, undermines our propaganda and this state of affairs must be remedied, particularly in the provinces.

To be an anarchist, it is not enough to scream at all the echoes that you are an anarchist, to go up to the rostrum, to utter a bunch of stupidities, to read the Libertaire more or less frequently.

We must not do as some people do, crying out for revolution and, when asked for action, piteously replying that the wife is going to “holler” if we get home late. How do you expect these poor comrades to make a social revolution, they who cannot even bring about a small reform in their family. If we say anything about their rather limited and futile action, they look down their noses and don’t want to hear a word.

What! This is not the way to be an anarchist. Understand, unhappy comrades, that the life of an anarchist is that of an outsider, of one sacrificed. Hey! Yes, it is better to face it frankly. It will scare some and will not please others, but too bad, the truth is a fact and our duty is to reveal it. To be an anarchist is to fight against everything: against parents, against friends, against society. It is a continual suffering. It is to risk, every day, to be thrown on the pavement or to go rot for years in some cursed dungeon, wiped from society and nearly wiped from life.

To live as an anarchist is to learn to suffer … but it is hard to suffer.

Robert DULUD.

Robert Dulud, “Etre anarchiste,” Le Libertaire, 3e séries, 30 no. 203 (8 juillet 1924): 2.

[Working translation by Shawn P. Wilbur]

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