Paraf-Javal, “Authority” (1907)

L’AUTORITÉ

Jusqu’à présent toutes les sociétés ont été établies sur le principe d’autorité. Même ce qu’on dénomme à tort socialisme est une forme de ce principe. Déléguer ses pouvoirs à quelques-uns chargés de tout répartir au mieux de la collectivité (collectivisme), équivaut à l’abandon de ses droits. Les camarades répartiteurs seront des privilégiés, des gouvernants, des oppresseurs : les autres seront des exploités, des gouvernés, des opprimés.

Nul ne pouvant admettre qu’on l’opprime, ne peut s’autoriser à opprimer autrui. L’individu logique arrive nécessairement à la conception du communisme libertaire.

Qu’on ne vienne pas dire : « Le danger de l’absence de gouvernement est la lutte avec les individus non raisonnables ». On peut répondre : « Le danger du gouvernement est la lutte des gouvernés raisonnables avec les gouvernants et gouvernés non raisonnables. »

Si l’on affirme que, pour l’absence de gouvernement, il faudrait des individus raisonnables, on peut affirmer de même qu’on accepterait d’être gouverné s’il était prouvé que les gouvernants sont et seront toujours parfaitement raisonnables.

On voit donc qu’un bon gouvernement implique, tout comme l’absence de gouvernement, la raison chez les individus.

De deux choses l’une :

— Ou les humains seront déraisonnables, alors société déraisonnable avec ou sans gouvernement;

— Ou les humains seront raisonnables, alors point besoin de gouvernement.

La raison mène à

L’ANARCHIE.

AUTHORITY

To date, all societies have been established according the principle of authority. Even what we mistakenly call socialism is as form of this principle. The delegation of its powers to a minority charged with distributing everything in the best interests of the collectivity (collectivism), amounts to an abandonment of its rights. The comrades who distribute will be privileged, governors and oppressors, while the others will be exploited, governed and oppressed.

No one can accept that they are oppressed, nor allow themselves to oppress others. The logical individual inevitably arrives conception of libertarian communism.

Let no one say: “The danger posed by the absence of government is a struggle with unreasonable individuals.” We can respond: “The danger posed by government is the struggle of the reasonable among the governed with the unreasonable, whether rulers or ruled.”

If we acknowledge that the absence of government demands the presence of reasonable individuals, we can also assert that we would accept being governed if it could be proven that the governors and would always be perfectly reasonable.

So we see that, just like the absence of government, a good government entails reason among individuals.

One of two things is true:

— Either human beings will be unreasonable, in which case society will be unreasonable, with or without government;

— Or they will be reasonable, in which case there is no need of government.

Reason leads to

ANARCHY.


Libre examen (Paris: Edition du Groupe d’Etudes Scientifiques, 1907): 10.

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