Marius Jean, “To Those Who Claim to be of ‘Our World'” (1938)

à ceux qui se réclament de « notre monde »

Oui, je sais, vous proclamez vôtres mes idées individualistes libertaires.

Tout comme moi, vous souffrez en votre être intime de l’état de choses actuel, consacrant toutes les iniquités, toutes les injustices, qui nous rendent, à vous comme à moi, la vie malheureuse et insupportable.

Tout comme moi, vous rêvez d’une humanité nouvelle où la vie de l’individu serait quelque chose de sacré non un vain mot, vide de sens, comme c’est le cas aujourd’hui. Tout comme moi, vous dites abhorrer toutes les turpitudes, toutes les laideurs : mensonge, hypocrisie, domination, exploitation, d’où qu’ils émanent et à qui ils profitent.

Votre être, tout comme le mien, revendique la pleine liberté, la liberté dans toute son intégralité. Et cette liberté vous tient tellement à cœur que, sans sa possession, la vie, pour vous et moi, perd tout charme, ne vaut pas la peine d’être vêcue.

Cette déclaration que vous êtes des « nôtres », des « citoyens de notre monde » implique, à mon sens, une ligne de conduite consciente, bien déterminée, affectant tous vos actes. Cette ligne de conduite implique, en premier lieu, que vous viviez la camaraderie, que dans chacun de vos rapports avec ceux de votre monde vous réalisiez au maximum vos conceptions,

Sinon, c’est indûment que vous vous prétendriez individualiste libertaire. Sinon ne seriez qu’un pseudo-citoyen, qu’une pseudo-citoyenne de mon monde.

— Marius Jean

to those who claim to be of “our world”

Yes, I know, you declare that my libertarian individualist ideas are also your own.

Just like me, you suffer inside from the present state of things, which sanctions all the iniquities, all the injustices that make our lives, yours as well as mine, unhappy and intolerable.

Just like me, you dream of a new humanity where the life of the individual would be something sacred and not a vain word, empty of meaning, as it is today. Just like me, you claim to loath all the turpitude, all the ugliness—lies, hypocrisy, domination, exploitation—wherever they come from and whomever they profit.

Your being, like mine, demands full liberty, liberty in its entirety. And that liberty is so important to you that without it, life, for you as for me, loses all its charm and is not worth the trouble of living.

That declaration that you are “one of us,” “a citizen of our world,” implies, in my opinion, a conscious and clearly defined line of conduct, influencing all your acts. That line of conduct entails, in the first place, that you live a life of camaraderie, that in each of your relations with those of your world you fulfill your designs as much as possible.

Otherwise, you would be wrong to claim to be a libertarian individualist. Otherwise, you would only be a pseudo-citoyen, just one pseudo-citizen of my world.

— Marius Jean

Marius Jean, “à ceux qui se réclament de « notre monde »,” L’en dehors 17 no. 314-315 (janvier-février 1938): 1.

[Working translation by Shawn P. Wilbur]

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