Ernest Coeurderoy, “The Revolution in Man and in Society” (pages 1-8)

[one_half padding=”0 10px 0 0px”]

DE LA REVOLUTION
DANS L’HOMME
ET DANS LA SOCIETE,

PAR
ERNEST COEURDEROY.

« Ceux qui voudront diriger les hommes, soit dans l’enfance, soit dans l’âge viril, sans avoir étudié leurs diverses natures et les conditions physiologiques de leurs organes, voilà les véritables auteurs des révolutions passées et futures, voilà les oppresseurs les plus dangereux pour l’humanité. . . . . . . . . . Voilà pourquoi je suis très-sévère pour Napoléon. »

(Gall.)

« Les révolutions sont des conservations. »

(P. J. Proudhon.)

1852


A Octave Vauthier.

Je te dédie ce livre, ami, parce que tu n’es pas une puissance, et que, comme moi, tu maudis toute autorité. Quand je l’ai commencé, je ne te connaissais pas encore. Depuis, les événements de décembre t’ont fait partager mon exil. La comédie politique qui se joue autour de nous a arraché le même cri à notre cœur, et nous avons publié la Barrière du combat : ce fut un coup de pied dans un tas de fourmis. Cette brochure a soulevé dans les conciliabules et les journaux du monde politique officiel plus de haines, de calomnies, de récriminations et de colères que la plupart des écrits qui ont été faits depuis 1848. Nous avons été associés dans une haine et une réprobation communes. Accepte donc ce travail ; il est le tien comme le mien par l’aide si efficace que j’ai puisée dans tes conseils, et par le but auquel il tend : la REVOLUTION PAR LA LIBERTE.

ERNEST COEURDEROY.


. . . . Qui êtes-vous ? me demandera tout d’abord le lecteur. Que vous importe ? Connu ou inconnu, jose dire ce que je pense; voilà pourquoi je publie ce livre. Ne suis-je pas, d’ailleurs, de ce XIXe siècle où l’homme révolutionnaire s’est affirmé libre, où il ne veut plus d’autorité, où tout passe au creuset du libre examen? . . . . . .

Mon intention première était de développer, avec tous les détails qu’elle comporte, cette thèse féconde : ANALOGIE DE L’HOMME ET DE LA SOCIETE. J’hésitais cependant à livrer d’un seul coup au public un travail long à faire et long à lire; je redoutais surtout pour le lecteur cette sorte de monotonie qui s’attache à l’exposé méthodique d’idées coordonnées d’après un point de vue spécial.

Les événements de décembre ont fait cesser mes incertitudes. Quand j’ai vu la démocratie atterrée par un coup de main, dont elle ne cherchait pas assez à comprendre la portée dans l’avenir, j’ai pensé qu’il était opportun de lui rappeler ce qu’elle paraissait trop oublier; que la Révolution est immanente et permanente dans l’humanité, quels que soient les moyens par lesquels elle s’accomplit suivant les époques.

J’ai donc détaché de l’ensemble de mes observations cette étude analogique sur la TRANSFORMATION et la REVOLUTION, lois qui régissent la vie de l’homme et de la société dans le temps.

Les considérations spéciales que je présente aujourd’hui se rattachent par conséquent à un travail beaucoup plus étendu que je compléterai par des publications subséquentes. Cela expliquera pourquoi j’ai dû les faire précéder d’une introduction et d’une division générales qui serviront de préface aussi bien à la partie dont je m’occupe aujourd’hui, qu’à celles que je traiterai plus tard.

Lorsque la terre et les sociétés tremblent autour de nous, à la veille d’une transformation sociale qui résumera et formulera toutes celles qui l’ont précédée, l’homme qui se dit révolutionnaire ne s’appartient plus; il doit combattre quand la révolution l’appelle, et penser quand elle lui en donne le loisir.

J’écris à la hâte, entre deux coups de canon; l’un qui s’éteint à Paris au milieu des cris d’agonie des victimes du despotisme et des Te Deum payés par un peuple asservi, l’autre qui grondera demain dans la vieille Europe incendiée et pantelante.

Pendant cette solennelle veillée des armes, j’ai voulu me recueillir et dire comment m’apparaissait dans l’avenir la révolution de notre temps, la REVOLUTION DEMOCRATIQUE ET SOCIALE.

Londres, juillet 1852.

[/one_half][one_half_last padding=”0 0px 0 10px”]

THE REVOLUTION
IN MAN
AND IN SOCIETY,

BY
ERNEST COEURDEROY.

“Those who wish to direct men, either in childhood or in adulthood, without having studied their diverse natures and the physiological conditions of their organs, these are the true authors of both past and future revolutions, these are the most dangerous oppressors of humanity. . . . . . . . . . That is why I am very harsh regarding Napoleon.”

(Gall.)

“Revolutions are conservations.”

(P. J. Proudhon.)

1852


To Octave Vauthier.

I dedicate the book to you, my friend, because you are not one of the powerful and because, like me, you curse all authority. When I first began it, I did not yet know you. Since, the events of December have made us partners in exile. The political comedy that plays out around us has wrested the same cry from our hearts, and we have published the Barrière du combat: it was a kick at an anthill. That pamphlet has raised more hatred, calumny, recrimination and slander councils and journals of the official political world than most of the writings published since 1848. We have been made associates in a common hatred and censure. So accept this work; it is yours as well as mine, thanks to the efficacious aid that I have drawn from your counsels, and by the aim toward which it tends: REVOLUTION THROUGH LIBERTY.

ERNEST COEURDEROY.


. . . . First of all, the reader will ask me: “Who are you? Are you important?” Known or unknown, I dare to say what I think and that is why I’ve published this book. And am I not living in this 19th century, where the revolutionary asserts his own freedom, where authority is no longer wanted, and where everything passes through the crucible of free examination? . . . . . .

My initial intention was to elaborate, in all the details it demands, this fecund theory: THE ANALOGY OF MAN AND SOCIETY. But I hesitated to offer up all at once to the public a work that would be long in the making and long to read; I particularly dreaded, for the reader, the sort of monotony that comes with the methodical exposition of ideas ordered according to an unusual point of view.

The events of December put an end to my uncertainties. When I saw the democratic masses overwhelmed by a sudden attack, the future significance of which it did not seek to understand sufficiently, I thought that it was expedient to remind them of what they seemed so inclined to forget, that the Revolution is immanent and permanent in humanity, whatever the means by which it manifests itself in the various eras.

So I have detached from the ensemble of my observations this analogical study of TRANSFORMATION and REVOLUTION, laws that rule the life of man and society in time.

Consequently, the specific considerations that I present today make up part of a much more extended work, which I will complete in subsequent publications. This will explain why I have had to preface them by a general introduction and division, which will serve as a preface to the part with which I occupy myself today, as well as those I will deal with later.

When the earth and its societies tremble around us, on the eve of a social transformation that will summarize and express all those that have preceded it, the one who calls himself a revolutionary is no longer his own man; he must fight when the revolution calls and think when it gives him leisure.

I write in haste, between two cannon shots; the one that died out in Paris amidst the agonized cries of the victims of despotism and the Te Deums paid for by an enslaved people, and the other that will rumble tomorrow across old Europe, breathless and in flames.

During this solemn vigil of arms, I have wished to reflect and say how the revolution of our times, the DEMOCRATIC AND SOCIAL REVOLUTION, appears to me in the future.

London, July 1852.

[/one_half_last]

About Shawn P. Wilbur 2707 Articles
Independent scholar, translator and archivist.