P.-J. Proudhon, Three Prefaces for “The Celebration of Sunday”

Proudhon’s first major work, The Celebration of Sunday, was subject to quite a number of revisions between the first edition in 1839 and what appears to be the fourth edition in 1850. The Preface and notes seem to have been particularly subject to change. As I have been revising my translation of the text from the 19th-century Œuvres Complètes, I wanted to determine the extent of the changes and turned to the notes published in the 20th-century Rivière edition, including the “Appendix” that I recently translated, which includes some material from a manuscript, perhaps now no longer accessible, that did not appear in any of the editions. That material revealed that at the time of the Rivière edition it was believed that Proudhon’s original 1839 edition was lost, one of the factors prompted the scholarly exchange around the manuscripts. Having access, at present to the 1838 volume, but not the manuscript, I can’t say any more about the sections addressed to the Academy, but I can say that the story of the revisions was a bit more complicated and different in its details than was suggested in that 20th-century exchange. As part of the work of clarifying the details, in preparation for a new Corvus Editions New Proudhon Library release, I’ve translated the first three versions of the Preface.

DE L’UTILITÉ DE LA CÉLÉBRATION DU DIMANCHE

(1839)

PRÉFACE

La quarantième année de la fondation de Rome, la seconde de sa législature, le roi Numa Pompilius ayant institué des sacrifices et des cérémonies, fondé différents ordres religieux, créé des pontifes et des augures, et réglé tout ce qui concernait le culte des dieux, convoqua le sénat et le peuple romain pour les consulter sur un article du nouveau règlement qu’il préparait, et, après mûr examen, leur en proposer l’adoption. Il s’agissait de fixer les jours fastes et néfastes. Après que les tribus eurent été rassemblées, et que le peuple se fut rangé par curies , le pieux monarque prit la parole en ces termes :

Romains, c’est un antique usage et une coutume religieusement observée par nos pères, de consulter, avant de commencer aucune entreprise, la volonté des dieux. Les ancêtres avaient de la sorte reconnu que tous les jours ne sont pas propres à l’action ; et c’est pour cela qu’ils distinguaient des jours heureux et des jours malheureux. Or, les plus anciennes traditions et les plus savants oracles ont constamment regardé comme un funeste présage cet obscurcissement subit du soleil qui arrive quelquefois en plein jour, et dont la cause est cachée aux yeux mortels. Les jours marqués par de tels prodiges, sont néfastes. Il faudrait done, Romains, pouvoir signaler à l’avance ces jours funestes, afin de renvoyer à un autre temps les cérémonies sacrées et les entreprises importantes qui tomberaient ces jours-la. C’est sur quoi j’ai voulu vous consulter, et appeler l’attention de tous les citoyens pieux et sages.

Ces paroles furent suivies d’une longue agitation. Le grand pontife et le chef du collège des augures s’étant rapprochés, Il y va, se dirent-ils, de l’intérêt du sacerdoce; à nous appartient de régler cette affaire. Et le grand pontife se présentant aussitôt à la tribune aux harangues : Romains, s’écria-t-il, les choses de la religion ne peuvent être traitées que par les ministres de la religion: l’avenir ne se révèle qu’aux hommes aimés des dieux. Offrez un sacrifice de cent bœufs pris dans les meilleurs troupeaux et les plus gras pâturages : que les femmes et les filles de tous les citoyens distingués de la république viennent successivement à l’autel après le sacrifice , et déposent l’offrande de ce qu’elles ont de plus précieux ; peut-être alors les dieux propices nous inspireront , et l’avenir se découvrira.

Cette proposition du grand pontife fut d’abord accueillie de la part de la multitude par un murmure d’approbation. Mais tout le corps des patriciens s’émut, les sénateurs tremblèrent sur leurs chaises curules. C’étaient eux que menaçaient l’offertoire et l’hécatombe. Ils avisèrent donc au moyen de faire rejeter l’avis du pontife, en soulevant une question d’incompétence.

Il faut, dirent-ils, distinguer ici deux choses, le fait et le droit. Il est juste que les prêtres et les aruspices soient seuls appelés lorsqu’il s’agit de décider si un phénomène est d’un bon où d’un mauvais augure : mais la reconnaissance même du phénomène ne sortant pas de l’ordre naturel, c’est à l’autorité civile qu’il appartient d’en juger, après quoi le corps sacerdotal statuera sur l’application.

A ces mots le peuple romain, naturellement formaliste et amoureux de la légalité, revint de son premier mouvement, et sa faveur se reporta toute entière du côté des sénateurs.

Soit, dit alors le souverain pontife, en se tournant vers les patriciens : mais, puisque vous êtes si habiles, indiquez-nous les jours auxquels se manifestera désormais, par ce signe terrible, la colère des dieux.

L’anxiété du sénat fut alors au comble. Les uns voulaient qu’on recourût à la voie du sort, ce qui était empiéter sur les fonctions augurales, et contredire la lumineuse doctrine que l’on venait de professer sur la distinction des puissances; les autres, que l’on consultât des astrologues et des magiciens, ce qui était se rendre coupable d’impiété envers les dieux de la patrie; les plus raisonnables étaient d’avis qu’il fallait rechercher les jours de l’année auxquels, de mémoire d’homme, on avait vu arriver des éclipses , et les retrancher tous du nombre des jours favorables. Mais, disait avec beaucoup de raison le grand pontife, les éclipses arrivent à toutes les époques de l’année, et ne reviennent jamais au même jour et à la même heure. Où donc en serons-nous, grands dieux ! si jamais, au milieu d’un sacrifice pour le salut de la république le soleil vient à voiler sa face ? si, au jour destiné pour le combat, notre fausse science nous ravit la victoire ?

Les prêtres allaient triompher ; quand tout-à-coup un Étrurien demanda la parole. Romains, dit-il, vous vous y prenez tous fort mal. Pour découvrir ce que vous cherchez, il ne faut ni offrandes ni sacrifices ; les magiciens et les sorciers ne vous apprendront rien; les éclipses passées ne pronostiquent point les éclipses futures , à la manière dont vous l’entendez ; et la distinction entre la puissance temporelle et la spirituelle n’est ici d’aucun usage. Il faut seulement observer les mouvements des astres, et tâcher d’en connaître les retours. Mes ancêtres, depuis deux siècles , ont tenu note de l’état du ciel chaque fois que le soleil s’est éclipsé ; et ils ont remarqué que cet obscurcissement du soleil arrive toujours au moment d’une nouvelle lune. Jusqu’à présent c’est tout ce qu’ils ont pu savoir. Ordonnez donc que toute fête publique, toute entreprise importante, dont le commencement tomberait un jour de nouvelle lune , soit renvoyée au lendemain ; et vous serez parfaitement à l’abri du péril que vous redoutez.

Ce discours plat infiniment aux sénateurs , qui l’accueillirent avec de grands applaudissements. Mais le prince des pontifes ayant réclamé le silence pour une motion d’ordre , dit, en s’adressant au roi : D’après la loi qui nous a été donnée par le fondateur de Rome, nul ne peut prendre part aux délibérations, s’il n’est citoyen romain. Législateur, je te somme de faire respecter la loi, et je demande qu’il soit passé outre sur la proposition de cet Étrurien.

Le sénat , combattant aussitôt la légalité par la légalité, s’écria tout d’une voix : Qu’on donne le droit de cité à cet étranger, qu’il soit inscrit sur les rôles de la noblesse !

Numa Pompilius reprit alors la parole : Non, Romains, je n’accorderai pas le droit de cité à l’homme qui vient de vous donner un conseil si sage : aux dieux ne plaise que je vous laisse le funeste exemple de faire des citoyens au gré de vos passions et de vos intérêts ! Ce n’est pas l’amour de la vérité qui vous domine , c’est l’avarice et la jalousie. La loi ordonne que les étrangers ne participeront pas aux délibérations ; mais elle ne défend pas d’en tirer des renseignements sur ce qu’ils savent. Je vais done interroger cet Étrurien. Es-tu bien sûr, ô étranger, que le soleil ne s’éclipse jamais qu’au renouvellement de la lune ? Oui, répondit l’Étrurien , j’en jure par tous les dieux, et j’en offre pour preuves plus de quarante observations. — Le roi reprit : Désormais , Romains, il n’y aura ni fête , ni sacrifice , ni commencement d’entreprise le jour de la nouvelle lune. Souvenez-vous de la leçon que vous venez de recevoir.

 

Le célèbre Bacon a été nommé le Restaurateur des sciences pour avoir substitué l’expérience au raisonnement dans les recherches physiques ; les philosophes de l’école moderne répètent, à son exemple, que la philosophie ne doit être qu’un recueil d’observations et de faits. Or, s’il existe une vérité et une certitude philosophique, il existe aussi une vérité et une certitude politique : c’est la pensée qu’on vient de voir en action, c’est celle qui a inspiré le Discours qui va suivre. L’Auteur, quelle que soit l’étrangeté de ses paradoxes, déclare d’abord que tout ce qu’il a écrit il croit en être certain, et qu’il se propose d’en donner bientôt l’exposition transcendantale; mais il proteste contre toute induction qu’on en pourrait tirer sur ses opinions politiques, et le parti auquel il appartient : en politique, comme en philosophie et en physique, il n’a pas d’opinion, et ne tient à aucun parti ; il cherche ce qui est.

Tout notre droit civil et politique est fondé sur le principe de la propriété, base du droit romain, et sur une charte constitutionnelle.

Quels sont les fondements de la propriété? les jurisconsultes n’ont jamais pu s’accorder à lui en trouver de légitimes. L’Auteur du présent mémoire est le premier qui ait substitué à la propriété le régime familial : en effet, si l’humanité est formée de la nation , la nation de la tribu, la tribu de la famille , il s’ensuit que le régime familial est la base du droit civil. Or, dans la famille, il n’y a pas de propriété.

Quant au droit romain, l’Auteur avoue n’en pas faire plus d’estime que de la chimie et de la physique romaine : Gaïus, Ulpien , et Papinien, et Tribonien, de même que Pline et Paracelse ; furent selon lui des empiriques ; mais nullement des observateurs.

Qu’est-ce enfin que la charte, avec sa pondération des pouvoirs ? C’est une balance dressée en plein vent : sur l’un de ses bassins est posée une balle de plomb, et sur l’autre une éponge. L’éponge, légèrement humectée, et le plomb , sont de poids égaux. Si le temps est sec, l’éponge s’élève et le plomb descend : s’il pleut, le contraire arrive. Une charte ainsi faite ne paraît point à notre Auteur la formule la plus haute des phénomènes sociaux et psychologiques.

Au surplus, en attendant qu’il justifie toutes ses assertions, il supplie humblement qu’on veuille bien s’occuper de ses idées beaucoup moins que de sa méthode.

OF THE UTILITY OF THE CELEBRATION OF SUNDAY

(1839)

PREFACE

The fortieth year of the foundation of Rome, the second of its legislature, King Numa Pompilius having instituted sacrifices and ceremonies, founded different religious orders, created pontiffs and augurs, and regulated all that concerned the worship of the gods, convoked the senate and the Roman people to consult them on an article of the new regulations which he was preparing, and, after careful consideration, proposed their adoption. It was a question of fixing the auspicious and inauspicious days. After the tribes had been assembled, and the people had ranged themselves in curiae, the pious monarch spoke in these terms:

Romans, it is an ancient practice and a custom religiously observed by our fathers, to consult, before beginning any enterprise, the will of the gods. The ancestors had thus recognized that not every day is fit for action; and that is why they distinguished between happy days and unhappy days. Now, the most ancient traditions and the most learned oracles have constantly regarded as a fatal omen this sudden obscuration of the sun that sometimes occurs in broad daylight, and the cause of which is hidden from mortal eyes. The days marked by such wonders are harmful. It would therefore be necessary, Romans, to be able to announce these fatal days in advance, in order to postpone to another time the sacred ceremonies and the important undertakings that would fall on those days. This is what I wanted to consult you about, and call the attention of all pious and wise citizens.

These words were followed by a long agitation. The great pontiff and the head of the college of augurs having approached, “It is,” they said to themselves, “the interest of the priesthood; it is up to us to settle this matter.” And the great pontiff, appearing immediately at the tribune with harangues: “Romans, he exclaimed, “the things of religion can only be treated by the ministers of religion: the future is revealed only to men. loved by the gods. Offer a sacrifice of one hundred oxen taken from the best herds and the richest pastures: let the wives and daughters of all the distinguished citizens of the republic come successively to the altar after the sacrifice, and lay the offering of what they are more precious; perhaps then the auspicious gods will inspire us, and the future will be discovered.”

This proposal of the great pontiff was first received by the multitude with a murmur of approval. But the whole body of the patricians was moved, the senators trembled on their curule chairs. It was they who were threatened by the offertory and the hecatomb. They therefore devised a means of having the opinion of the pontiff rejected, by raising a question of incompetence.

“It is necessary,” they said, “to distinguish here two things, the fact and the right. It is right that the priests and the haruspices alone be called upon when it is a question of deciding whether a phenomenon is a good or a bad omen: but the very recognition of the phenomenon not departing from the natural order, it is for the civil authority to judge, after which the sacerdotal body will decide on the application.”

At these words the Roman people, naturally formalist and lovers of legality, drew back from their first movement, and their favor fell entirely on the side of the senators.

“So be it,” then said the sovereign pontiff, turning to the patricians: “but, since you are so skilful, indicate to us the days on which the wrath of the gods will henceforth manifest itself by this terrible sign.”

The anxiety of the senate was then at its height. Some wanted us to have recourse to the way of fate, which was to encroach on the augural functions and to contradict the luminous doctrine that had just been professed on the distinction of powers; others, that one consult astrologers and magicians, which was to be guilty of impiety towards the gods of the fatherland; the most reasonable were of the opinion that it was necessary to seek out the days of the year on which, within the memory of man, we had seen eclipses occur, and to subtract them all from the number of favorable days. “But,” said the great pontiff with great reason, “eclipses occur at all times of the year, and never return on the same day and at the same hour. Where will we be, great gods! if ever, in the midst of a sacrifice for the salvation of the republic, the sun comes to veil its face? If, on the day destined for combat, our false science robs us of victory?”

The priests were about to triumph; when suddenly an Etrurian asked to speak. “Romans,” he said, “you are all doing very badly. To discover what you are looking for, there must be neither offerings nor sacrifices; magicians and sorcerers will teach you nothing; past eclipses do not predict future eclipses, as you understand it; and the distinction between temporal and spiritual power is of no use here. It is only necessary to observe the movements of the stars, and try to know their returns. My ancestors, for two centuries, have kept note of the state of the sky each time the sun has eclipsed; and they noticed that this darkening of the sun always happens at the time of a new moon. So far that’s all they have been able to find out. Order then that every public festival, every important enterprise, the beginning of which falls on a day of new moon, be postponed to the following day; and you will be perfectly sheltered from the peril you dread.”

This speech pleased to no end the senators, who received it with great applause. But the prince of the pontiffs having asked for silence on a point of order, said, addressing the king: “According to the law that was given to us by the founder of Rome, no one can take part in the deliberations, if he is not a Roman citizen. Legislator, I summon you to enforce the law, and I ask that this Etrurian’s proposal be overruled.”

The senate, immediately combating legality with legality, cried out with one voice: “Let this foreigner be given the right of citizenship, let him be inscribed on the rolls of the nobility!”

Numa Pompilius then spoke again: “No, Romans, I will not grant the right of citizenship to the man who has just given you such wise advice: the gods forbid that I leave you the disastrous example of making citizens according to your passions and interests! It is not the love of truth that dominates you, it is greed and jealousy. The law orders that foreigners will not participate in the deliberations; but it does not prohibit drawing information from them about what they know. So I’m going to question this Etrurian. Are you quite sure, O stranger, that the sun never eclipses except at the renewal of the moon?” — “Yes,” replied the Etrurian, “I swear by all the gods, and I offer more than forty observations as proof. “ — The king continued: “From now on, Romans, there will be neither feast, nor sacrifice, nor beginning of enterprise on the day of the new moon. Remember the lesson you just received.”

 

The famous Bacon has been called the Restorer of the Sciences for having substituted experience for reasoning in physical research; the philosophers of the modern school repeat, following his example, that philosophy should only be a collection of observations and facts. Now, if there is a philosophical truth and certainty, there also exists a political truth and certainty: this is the thought that we have just seen in action, it is the one that inspired the Discourse that will follow. The Author, whatever the strangeness of his paradoxes, first declares that everything he has written he believes to be certain of, and that he proposes to give soon the transcendental exposition of it; but he protests against any inference that one might draw from it about his political opinions, and the party to which he belongs: in politics, as in philosophy and physics, he has no opinion, and does not belong to any party; he seeks what is.

All our political and civil right is founded on the principle of property, the basis of Roman right, and on a constitutional charter.

What are the foundations of property? The jurisconsults have never been able to agree in finding any legitimate ones. The Author of the present memoir is the first who substituted the family system for property: indeed, if humanity is made up of the nation, the nation of the tribe, the tribe of the family, it follows that the family regime is the basis of civil law. Now, in the family, there is no property.

As for Roman right, still so venerated among us today, the author admits that he does not value it more than Roman chemistry and Roman physics. Gaius, Ulpian, Papinian and Tribonian, as well as Pliny and Paracelsus, were according to him empirics, but by no means observers.

Finally, what is the charter, with its weighting of powers? It is a balance erected in the open air: on one of its basins is placed a lead ball, and on the other a sponge. The sponge, slightly moistened, and the lead are of equal weight. If the weather is dry, the sponge rises and the lead sinks: if it rains, the opposite happens. A charter thus drawn up does not appear to our Author to be the highest formula of social and psychological phenomena.

Moreover, while waiting for him to justify all his assertions, he humbly begs that one would be good enough to concern themselves with his ideas much less than with his method.

DE LA CÉLÉBRATION DU DIMANCHE

(1841)

PRÉFACE

Le célèbre Bacon a été surnommé le Restaurateur des sciences, pour avoir substitué l’observation et l’expérience au syllogisme dans les recherches de physique ; les philosophes modernes répètent, à son exemple, que la philosophie doit être un recueil méthodique d’observations et de faits. Or, s’il existe une vérité et une certitude philosophique, il doit exister aussi une vérité et une certitude politique : c’est la pensée qui a inspiré le discours qu’on va lire.

Ainsi la politique est objet de démonstration et de science, mais nullement de sentiment et d’éloquence. L’auteur de ce mémoire, exclusivement occupé de science pure, proteste en conséquence contre toute espèce d’induction que l’on pourrait former, à la lecture de son ouvrage, sur ses opinions politiques et sur le parti auquel il appartient : en politique, comme en philosophie et en physique, il n’a pas d’opinion et ne tient à aucun parti ; il cherche ce qui est, disposition d’esprit qui l’expose fréquemment à reconnaître pour vrai ce que le vulgaire juge faux.

Tout notre droit politique et civil est fondé sur le principe de la propriété, base du droit romain, et sur une charte conventionnelle ou, si l’on aime mieux, constitutionnelle.

Quels sont les fondements de la propriété ? Les jurisconsultes n’ont jamais su lui en trouver de légitimes. L’auteur de ce discours, sans entrer dans une discussion approfondie du droit de propriété, ce qu’il se réserve de faire ailleurs, s’est contenté d’exposer un antique système de gouvernement dans lequel la propriété consistait en un simple usufruit, et où le droit domanial était remplacé par le droit possessionnel, conformément aux principes naturels qui constituent le rapport de l’homme aux choses.

Quant au droit romain, aujourd’hui encore si vénéré parmi nous, l’auteur avoue n’en pas faire plus d’estime que de la chimie et de la physique romaine. Gaius , Ulpien, Papinien et Tribonien, de même que Pline et Paracelse, furent selon lui des empiriques, mais nullement des observateurs.

Qu’est ce enfin que notre Charte, avec sa pondération des pouvoirs? une balance dressée en plein air : l’un des bassins porte un plomb, l’autre une éponge. L’éponge, légèrement humide , et le plomb, se font contrepoids. Si le temps est sec , l’éponge s’élève et le plomb descend; s’il pleut, le contraire arrive. Une Charte ainsi faite ne semble point être à l’auteur de cet opuscule l’expression la plus haute des lois s0ciales et psychologiques de l’humanité.

L’institution sabbatique, ou la fériation hebdomadaire, servit, il y a plus de 3,000 ans, de pivot et de centre à un système politico-religieux dont la postérité ne se lasse point d’admirer la profondeur et la sagesse. Dans la pensée de Moïse, l’observation du sabbat devait être le grand ressort, le mobile de la société hébraïque.

Droits politiques, lois civiles, administration municipale, éducation, culte, mœurs, hygiène publique, relations de famille et de cité, liberté, égalité, fraternité, le sabbat, chez les Israélites, supposait toutes ces choses, les soutenait, les développait, et en constituait l’harmonieuse unité. Le dimanche, transformation du sabbat, fut, dans la pensée chrétienne, destiné à jouer le même rôle, et à amener les mêmes résultats.

La division du temps par semaines, antérieure à Moïse et à toutes les époques historiques, naquit sans doute de cet instinct supérieur, de cette intuition spontanée qui découvrit les premiers arts, développa le langage, inventa l’écriture, créa des systèmes de religion et de philosophie : faculté merveilleuse, qu’une faculté rivale mais progressive, la réflexion, affaiblit de jour en jour, sans pouvoir jamais l’anéantir.

Or, que l’on imagine les conceptions des âges organiques rassemblées en corps de doctrine par une raison puissante, et passant ainsi de l’état de notions spontanées à celui de connaissances réfléchies, et l’on aura la législation mosaïque, dont le sabbat est comme le symbole, l’expression mystérieuse et sacrée. Rien de pareil, avant et après le législateur du Sinaï, ne fut conçu et exécuté parmi les hommes.

Toutes les questions de travail et de salaire, d’organisation de l’industrie et d’ateliers nationaux, préoccupant en ce moment l’attention publique, on a pensé que l’étude d’une législation dont la théorie du repos forme la base, pourrait n’être pas inutile.

Cependant, quelle que soit la valeur du système dont on va essayer de présenter l’ensemble, on n’entend aucunement le proposer comme modèle à suivre, mais seulement comme type à étudier.

THE CELEBRATION OF SUNDAY

(1841)

PREFACE

The celebrated Bacon has been nicknamed the Restorer of the Sciences, for having substituted observation and experience for the syllogism in the researches of physics; modern philosophers repeat, following his example, that philosophy should be a methodical collection of observations and facts. However, if there is a philosophical truth and certainty, there must also be a political truth and certainty: this is the thought that inspired the discourse that you are about to read.

Thus politics is an object of demonstration and science, but in no way of sentiment and eloquence. The author of this memoir, exclusively occupied with pure science, consequently protests against any kind of induction that one could form, on reading his work, regarding his political opinions and the party to which he belongs: in politics , as in philosophy and physics, he has no opinion and does not belong to any party; he seeks what is, a disposition of mind that frequently exposes him to recognizing as true what the vulgar judge to be false.

All our political and civil right is founded on the principle of property, the basis of Roman right, and on a conventional or, if you prefer, constitutional charter.

What are the foundations of property? The jurists have never been able to find legitimate ones. The author of this discourse, without entering into a thorough discussion of the right of property, which he reserves the right to do elsewhere, has contented himself with exposing an ancient system of government in which property consisted of simple usufruct, and where domanial right was replaced by possessory right, in accordance with the natural principles that constitute the relation of man to things.

As for Roman right, still so venerated among us today, the author admits that he does not value it more than Roman chemistry and physics. Gaius, Ulpian, Papinian and Tribonian, as well as Pliny and Paracelsus, were according to him empirics, but by no means observers.

What, in the end, is our Charter, with its weighting of powers? A balance set up in the open air: one of the pans carries a sinker, the other a sponge. The slightly damp sponge and the lead act as a counterweight. If the weather is dry, the sponge rises and the sinker sinks; if it rains, the opposite happens. A Charter thus drawn up does not seem to the author of this pamphlet to be the highest expression of the social and psychological laws of humanity.

The sabbatical institution, or the weekly feriation, served, more than 3,000 years ago, as the pivot and center of a politico-religious system whose depth and wisdom never tires of admiring posterity. In the thought of Moses, the observance of the Sabbath was to be the mainspring, the driving force of Hebrew society.

Political rights, civil laws, municipal administration, education, worship, morals, public hygiene, family and city relations, liberty, equality, fraternity: the Sabbath, among the Israelites, presupposed all these things, supported them, developed them, and constituted their harmonious unity. Sunday, a transformation of the Sabbath, was, in Christian thought, destined to play the same role, and to bring about the same results.

The division of time into weeks, prior to Moses and to all historical epochs, was doubtless born of that superior instinct, of that spontaneous intuition that discovered the first arts, developed language, invented writing, created systems of religion and of philosophy: a marvelous faculty, which a rival but progressive faculty, reflection, weakens day by day, without ever being able to annihilate it.

Now imagine the conceptions of the organic ages brought together in a body of doctrine by a powerful reason, and thus passing from the state of spontaneous notions to that of reflective knowledge, and we will have the Mosaic legislation, of which the Sabbath is like the symbol, the mysterious and sacred expression. Nothing like it, before and after the Sinai legislator, was conceived and executed among men.

All questions of labor and wages, of the organization of industry and of national workshops, occupying public attention at this time, it has been thought that the study of legislation of which the theory of repose forms the basis, might not be unnecessary.

However, whatever the value of the system of which we are going to try to present the whole, we do not intend to propose it as a model to follow, but only as a type to be studied.

DE LA CÉLÉBRATION DU DIMANCHE

(1845)

PRÉFACE

Le célèbre Bacon fut appelé le réformateur de la raison humaine pour avoir substitué l’observation au syllogisme dans les sciences naturelles; les philosophes, à son exemple, enseignent aujourd’hui que la philosophie est un recueil d’observations et de faits. Mais, se sont dit à leur tour certains penseurs, s’il existe une vérité et une certitude philosophique, il existe aussi une vérité et une certitude politique : il y a donc une science sociale susceptible d’évidence, par conséquent objet de démonstration, nullement d’art ou d’autorité, c’est-à-dire d’arbitraire.

Cette conclusion, si profonde dans sa simplicité, si novatrice dans ses conséquences, a été le signal d’un vaste mouvement intellectuel, semblable à celui qui se manifesta dans l’empire romain, à l’époque de l’établissement du christianisme. On s’est mis à la recherche de la science nouvelle ; et comme l’investigation ne pouvait au début être autre chose qu’une critique, on est arrivé méthodiquement à la négation de tout ce qui compose et soutient la société.

Ainsi l’on a demandé : Qu’est-ce que la royauté? Et l’on a fait cette réponse : Un mythe.

Qu’est-ce que la religion? — Le rêve de l’esprit.

Qu’est-ce que Dieu? — Un X éternel.

Qu’est-ce que la propriété? — C’est le vol.

Qu’est-ce que la communauté? — C’est la mort.

Le christianisme avait signalé son entrée dans le monde absolument de même; avant de poser son dogme, il s’était dit :

Qu’est-ce que César ? — Rien.

Qu’est-ce que la république? — Rien.

Qu’est-ce que Jupiter? — Rien.

Qu’est-ce que la noblesse, la philosophie, la gloire ? — Rien.

La négation commencée contre la société antique par le christianisme se poursuit donc contre le christianisme; et l’on annonce que la vérité nous apparaîtra seulement après que nous aurons tout démoli. Quand est-ce donc qu’il ne restera plus rien?

Mais, si le présent et le passé ne peuvent nous donner la vérité dans sa forme essentielle, ils la contiennent substantiellement, puisque la vérité est éternelle, et qu’éternellement elle se manifeste. C’est donc encore dans les institutions détruites ou sur le point de disparaître, comme dans les faits que chaque jour fait surgir à nos yeux, que nous devons chercher le vrai en soi, la contemplation face à face de l’absolu, siculi est, facie ad faciem.

Parmi les monuments de l’antiquité, la législation de Moïse est sans contredit celle qui a le plus occupé les méditations des savants. Quant à nous, la sublimité du système mosaïque nous étonnerait, peut-être, si nous ne savions qu’en vertu des lois de l’entendement humain, toute idée primitive étant nécessairement universelle, toute législation primitive a dû être un sommaire de la philosophie, un rudiment de la connaissance. Ce que l’on a pris pour profondeur et inspiration divine dans Moïse et les autres législateurs de l’antiquité n’était, pour le fond, qu’intuition générale et conception aphoristique; quant à la forme, c’était l’expression vive et spontanée des premières aperceptions de la conscience.

Mais comment le sabbat devint-il, dans la pensée de Moïse, le pivot et le signe de ralliement de la société juive? Une autre loi de l’intelligence nous l’expliquera.

Dans la sphère des idées pures, tout s’enchaîne, se soutient, se démontre, non pas selon l’ordre de filiation, ou de principe à conséquence, mais selon l’ordre de coexistence ou coordination des rapports. Ici, comme dans l’univers, le centre est partout, la circonférence nulle part; c’est-à-dire, tout est à la fois principe et conséquence, axe et rayon. Moïse, ayant à formuler par voie de déduction l’ensemble de ses lois, était libre de choisir pour point culminant de son système telle idée économique ou morale qu’il eût voulu. Il préféra la division hebdomadaire du temps, parce qu’il lui fallait un signe sensible et puissant qui rappelât sans cesse les hordes à demi-sauvages d’Israël aux sentiments de nationalité, de fraternité et d’unité, sans lesquelles tout développement ultérieur était impossible. Le sabbat fut comme le champ de réunion où devaient se porter en esprit tous les Hébreux, au commencement de chaque semaine; le monument qui exprimait leur existence politique, le lien qui embrassait le faisceau de leurs institutions. Ainsi, droit public et civil, administration municipale, éducation, gouvernement, culte, moeurs, hygiène, relations de famille et de cité, liberté, ordre public, le sabbat supposait toutes ces choses, les fortifiait et en constituait l’harmonie.

On a reproché à l’auteur de ce discours d’avoir prêté à Moïse des vues qui pouvaient n’avoir point été les siennes : reproche dépourvu de raison, Il s’agit bien moins aujourd’hui de savoir ce que pensait de ses lois l’individu qui en fut auteur, que de connaître l’esprit même de sa législation. Assurément Moïse ne songeait ni aux catholiques ni aux protestants ; cependant telle fut la vigueur de l’institution du sabbat, que des Juifs elle a passé aux chrétiens et aux mahométans; que de ceux-ci elle s’est étendue sur tout le globe; qu’elle survivra à toutes les religions, embrassant dans son vaste sein les temps anté-historiques et les âges les plus reculés.

On ne saurait dire ce qui fit imaginer la division du temps par semaines. Elle naquit sans doute de ce génie spontané, sorte de vision magnétique, qui découvrit les premiers arts, développa le langage, inventa l’écriture, créa des systèmes de religion et de philosophie : faculté merveilleuse, dont les procé dés se dérobent à l’analyse, et que la réflexion, autre faculté rivale et progressive, affaiblit graduellement sans pouvoir jamais la faire disparaître.

Aujourd’hui que les questions de travail et de salaire, d’organisation industrielle et d’ateliers nationaux, de réforme politique et sociale, occupent au plus haut degré l’attention publique, on a cru que l’étude d’une législation dont la théorie du repos, si l’on peut ainsi dire, forme la base, pouvait être utile. Rien de pareil au sabbat, avant et depuis le législateur du Sinaï, ne fut conçu et exécuté parmi les hommes. Le Dimanche, Sabbat chrétien, dont le respect semble avoir diminué, revivra dans toute sa splendeur, quand la garantie du travail aura été conquise, avec le bien-être qui en est le prix. Les classes travailleuses sont trop intéressées au maintien de la fériation dominicale, pour qu’elle périsse jamais. Alors tous célébreront la fête, bien que pas un n’aille à la messe : et le peuple concevra, par cet exemple, comment il se peut qu’une religion soit fausse, et le contenu de cette religion vrai en même temps; comment philosopher sur le dogme, c’est faire acte de renoncement à la foi; comment transformer une religion, c’est l’abolir. Les prêtres, avec leurs tendances scientifiques, marchent à cette conclusion fatale : qu’ils nous pardonnent de les avoir devancés, et ne nous refusent pas la bénédiction de la tombe, parce que nous sommes arrivés les premiers au tombeau de la religion.

THE CELEBRATION OF SUNDAY

(1845)

PREFACE

The celebrated Sir Francis Bacon was called the reformer of human reason for having replaced the syllogism with observation in the natural sciences; the philosophers, following his example, teach today that philosophy is a collection of observations and facts. But, certain thinkers have said to them, if there exists a philosophical truth and certainty, there must also exist a political certainty: thus, there is a social science responsive to evidence, which is consequently the object of demonstration, not of art or authority, not, that is, of arbitrary will.

This conclusion, so profound in its simplicity, so innovative in its consequences, has been the signal for a vast intellectual movement, comparable with that which manifested itself in the Roman empire, at the time of the establishment of Christianity. We have set ourselves to seek the new science; and as the investigation cannot begin with anything but critique, we have arrived methodically at the negation of everything that makes up and sustains society.

Thus we have asked: What is royalty? And the response has been: A myth.

What is religion? — A dream of the mind.

What is God? — An eternal X.

What is property? — It is theft.

What is community? — It is death.

Christianity signaled its entry into the world in absolutely the same way; before positing its dogma, it said to itself:

What is Caesar ? — Nothing.

What is the republic? — Nothing.

What is Jupiter? — Nothing.

What is nobility, philosophy, glory? — Nothing.

The negation that Christianity began against ancient society was then pursued against Christianity itself; and we told ourselves that the truth would appear to us only after we had demolished everything. When will this be accomplished?

But, if the present and the past cannot give us truth in its essential form, they contain it substantially, since truth is eternal, and eternally manifests itself. It is thus as much in the institutions that have been destroyed, or are at the point of disappearing, as it is in the facts that spring up anew each day, that we should seek truth in itself, the face-to-face contemplation of the absolute, siculi est, facie ad faciem.

Among the monuments of antiquity, the laws of Moses are unquestionably those that have most occupied the meditations of the savants. For ourselves, the sublimity of the mosaic system would astonish us, perhaps, if we did not know that by virtue of the laws of human understanding, every primitive idea being necessarily universal, every primitive legislation must have been a summary of philosophy, a rudiment of knowledge. What we have taken for profundity and divine inspiration in Moses and the other legislators of antiquity was, at base, only a general intuition and aphoristic conception; as for its form, it was the living and spontaneous expression of the first apperceptions of consciousness.

But how did the Sabbath become, in the thought of Moses, the pivot and rallying symbol of Jewish society? Another law of the intelligence will explain it to us.

In the sphere of pure ideas, everything is connected, supported and demonstrated, not according to the order of filiation, or the principle of consequences, but according to the order of coexistence or coordination of relations. Here, as in the universe, the center is everywhere and the circumference nowhere; that is, everything is at once principle and consequence, axis and radius. Moses, having to formulate the totality of his laws by deduction, was free to choose for the culminating point of his system whatever economic or moral idea he wanted. He preferred the weekly division of time, because he needed a sensible and powerful symbol which constantly recalled to the hordes of semi-savage Israel the feelings of nationality, fraternity and unity, without which any subsequent development was impossible. The Sabbath was like the common meeting ground where all the Hebrews should gather themselves in spirit, at the beginning of each week; the monument that expressed their political existence, the link that held together all their institutions. Thus, public and civil right, municipal administration, education, government, worship, customs, hygiene, family and city relations, liberty, public order: the Sabbath supposed all these things, fortified them and created their harmony.

The author of this discourse has been condemned for lending to Moses views that could not have been his own, but this reproach is unreasonable. Today, it is much less a question of knowing what the individual who wrote them thought of these laws, than it is to know the very spirit of his legislation. Certainly Moses was not thinking of the Catholics or protestants; however, the vigor of the institution of the Sabbath was such that the Jews passed it on to the Christians and the Mohammedans; that from them it extended around the globe; and that it will outlive all the religions, embracing within its vast reach pre-historic times and the most distant future ages.

We do not know who first imagined the division of time into weeks. It doubtless sprung from that spontaneous genius, a sort of magnetic vision, which discovered the first arts, developed language, invented writing, and created systems of religion and philosophy: a marvelous faculty, the processes of which elude analysis, which reflection, another rival and progressive faculty, weakens gradually without ever being able to make it disappear.

Today, when the questions of labor and wages, of industrial organization and national workshops, of political and social reform, occupy public attention to the highest degree, we believe a legislation based on a theory of repose, if we can put it this way, could be useful. Nothing comparable to the Sabbath, before or since the legislator of the Sinai, has been imagined and put into practice. Sunday, the Christian Sabbath, for which respect seems to have diminished, will be revived in all its splendor, when the guarantee of labor is won, with the well-being that is its prize. The working classes are too interested in the maintenance of the dominical holiday to ever let it perish. Thus all will celebrate the day, even though they don’t attend the mass, and the people will see, by this example, how it is possible that a religion be false, and the contents of that religion be true at the same time; that to philosophize about dogma is to renounce faith; to transform a religion is to abolish it. The priests, with their scientific tendencies, march toward that inevitable conclusion: let them pardon us for having gone on before them, and not refuse us the final benediction, because we have arrived first at the tomb of religion.

 

 

About Shawn P. Wilbur 2707 Articles
Independent scholar, translator and archivist.