P.-J. Proudhon, “What, Finally, is the Republic?”

Written sometime around 1858, since Proudhon cites the recent publication of 1848 : Historical revelations: inscribed to Lord Normanby, which appeared in that year, “Qu’est-ce que enfin que la République?” seems to have remained an unpublished manuscript until it was included in the posthumous collection Napoléon III, which is a bit of a hodgepodge, with some changes in formatting and some apparent errors in transcription. For this working page, I have tried to restore the majority of the text to the form present in the manuscript, but, for my own purposes, I have included both the uninterrupted program of La Réforme and the individual paragraphs alternating with Proudhon’s commentary, as it appears in the published collection. Neither of these is quite the form that appears in the manuscript, but the differences are only differences of placement on the page.

In the article, Proudhon returns to old feuds with Louis Blanc, but he also returns to the question of anarchy. The various sections may hang together a bit uncertainly, but they give us one more reference regarding the state of Proudhon’s specifically anarchist thinking at the time of Justice in the Revolution and in the Church.

Qu’est-ce que enfin que la République?

Anarchie. — Ce mot exprime une idée très juste: l’absence d’autorité et de commandement, qui est le vrai principe républicain. On affecte de faire ce mot synonyme de désordre, confusion, chaos : c’est dans ce sens que moi-même, parlant le langage de tout le monde, je l’ai employé fréquemment.

Mais il est triste que des républicains acceptent cette synonymie, qui est toute à leur confusion. N’est-il pas fâcheux, en effet, que la République accepté pour bon ce trait de la satire monarchique, qui rappelle ce bon bourgeois parisien du temps de Louis XIV, qui mourut de rire, dit-on, en apprenant que les Vénitiens étaient en république et n’avaient point de roi?

Point de chef, dernier degré de la sauvagerie humaine, et de la férocité. Cela est vrai, en effet, des animaux féroces qui vivent solitaires, mais ne l’est plus de ceux qui s’assemblent et vivent en troupes, comme les chevaux, les abeilles, etc…

Point de chef. — Le chef est donné par la polygamie. Le mari est chef de son harem, comme le coq de ses poules, le taureau de ses génisses, le cerf de ses biches, etc. — Là où il y a des couples, il se fait séparation et anarchie.

Le chef est donné ensuite par le patriarcat et l’esclavage.

Le chef est donné par le bourgeoisisme, chef d’établissement, etc.

Le chef est inévitable, dans tout état gouverné; et les républicains n’ont rien produit d’aussi bien organisé que la monarchie constitutionnelle, qu’ils copient en la dépravant.

Archie ou anarchie, point de milieu donc.

L’archie peut être à une ou plusieurs têtes: monarchie, polyarchie, oligarchie, exarchie, heptarchie, etc.

Si la polyarchie se compose des plus riches, ou des nobles, magnats, elle est dite aristocratie ; si le peuple en masse y est l’élément prépondérant, c’est une démocratie.

Mais le nombre des têtes n’y fait rien au fond; la pluralité comme en Dieu est nuisible.

Dès lors que l’état est fondé sur le principe du commandement, la monarchie est de beaucoup préférable.

Ces réflexions générales me sont rappelées par le livre récent de Louis Blanc, en réponse à Lord Normanby, et où il donne le programme de l’ancien journal, la Réforme, que je relève ci-joint.

What, Finally, is the Republic?

Anarchie. — This word expresses a very reasonable idea: the absence of authority and command, which is the true republican principle. We feign to make this word a synonym of disorder, confusion, chaos: it is in this sense that I myself, speaking in the language of everyone, have used it frequently.

But it is sad that some republicans accept that synonymy, which is just a product of their confusion. Isn’t it unfortunate, indeed that the Republic accepted as good this line from the monarchic satire, which recalls that good Parisian bourgeois from the time of Louis XIV, who died of laughing, it is said, on learning that the Venetians were in a republic and had no king?

No boss, the last degree of human savagery and ferocity. This is true, in fact, of the ferocious animals who live solitary lives, but it is no longer true of those who assemble and live in groups, like horse, bees, etc.

No boss. — The boss is given by polygamy. The husband is boss of his harem, like the cock with his hens, the bull with his heifers, the stag with his hinds, etc. — Where there are couple, there is separation and anarchy.

The boss is then given by patriarchy and slavery.

The boss is given by the bourgeois system, boss of the establishment, etc.

The boss is inevitable, in every state that is governed; and the republicans have produced nothing as well organized as the constitutional monarchy, which they copy while corrupting it.

Archy or anarchy then, no middle ground.

Archy can be with one or several heads: monarchy, polyarchy, oligarchy, exarchy, heptarchy, etc.

If the polyarchy is composed of the wealthiest, or of the nobles and magnates, it is called aristocracy; if the people en masse is the preponderant element there, it is a democracy.

But the number of heads changes nothing in the end; as in the case of God, plurality is detrimental.

Since the state is founded on the principle of command, the monarchy is much preferable.

These general reflections are called to mind by the recent book by Louis Blanc, in response to Lord Normanby, where he gives the program of the old newspaper, the Réforme, which I note here.


Dix-huit articles.

Quelques observations sur chacun, à premier apercu.

Eighteen articles.

Some observations on each, at first glance.


Programme de la Réforme, édigé par L. Blanc, et signé par Arago, Ét. Arago, Beaune, Dupoly, F. Avril, Flocon, Guinard, Joly, L. Bollin, Lemasson, Lasseré, L. Blanc, Pascal Duprat, Recurt, Schoelcher, Vallier.

« Tous les hommes sont frères » (a)

(a) Mauvais début: idée banale, qui répète le christianisme, et laisse supposer une paternité fâcheuse. c’est déjà vrai et faux selon le point de vue.

« Où l’égalité n’existe pas, la liberté est un mensonge » (b)

(b) Cette proposition est loin d’être évidente par elle-même; c’est un dogme, qui a pour but ultérieur de faire passer le système économique de M. L. Blanc, rien de plus. La Constitution de 1830 disait plus clairement: Tous les Français sont égaux devant la loi. Pourquoi s écarter de cela, quand on posa en principe, immédiatement après, l’inégalité des aptitudes?

« La société ne saurait vivre que par l’inégalité des aptitudes et la diversité des fonctions; mais des aptitudes supérieures ne doivent pas conférer de plus grands droits, elles imposent de plus grands devoirs » (c)

(c) Rien de moins prouvé que les inégalités des aptitudes ; rien de plus équivoque que ce mot. A a une aptitude; B en a une autre; ils sont peut-être inégaux, en chaque aptitude; mais il se peut que chacun compense en l’une ce qu’il a de moins en l’autre. Reste à savoir seulement si des aptitudes différentes sont de valeur égale ou moindre, ce qui est une grosse question. — Enfin, rien de moins prouvé que les plus grandes aptitudes imposent de plus grands devoirs; c’est du christianisme, du providentialisme, du communisme.

« C’est là le principe de l’égalité; l’association en est la forme nécessaire » (d)

(d) Il n’est pas prouvé que l’association et l’égalité s impliquent l’une l’autre. d’ailleurs, cette liaison de deux idées qu’on fait adéquates, a aussi pour but, comme (b) de préparer l’utopie communautaire de L. Blanc.

« Le but final de l’association est d’arriver à la satisfaction des besoins intellectuels, moraux et matériels de tous, par l’emploi de leurs aptitudes diverses et le concours de leurs efforts » (e)

(e) Phrase banale, empruntée au saint-simonisme, mais qui laisse déjà une impression de communisme, d’hiérarchie, de dépendance pour l’individu, fâcheuse. l’association, je l’ai dit, doit être évitée autant que possible; elle n’est pas une condition sine qua non de l’ordre et de la justice; elle n’est pas du tout nécessaire.

« Les travailleurs ont été esclaves, ils ont été serfs, ils sont salariés; il faut tendre à les faire passer à l’état d’associés » (f)

(f) Résumé historique vrai, dont la conclusion est fausse. – Pourquoi ne pas dire, simplement, libres? l’association, à laquelle on les attache, n’a rien du tout de nécessaire.

« Ce résultat ne saurait être atteint que par l’action d’un pouvoir démocratique » (g)

(g) Petition du principe de l’action par l’État. Idée capitale du système, qui exige une dictature. Le brave Arago, qui, après février, secoua si promptement et si énergiquement le programme de la Réforme, ne se doutait pas alors de ce qu’il signait.

« Un pouvoir démocratique est celui qui a la souveraineté du peuple pour principe, le suffrage universel pour origine, et pour but la réalisation de cette formule: Liberté, Égalité, Fraternité » (h)

(h) La définition du pouvoir démocratique peut être exacte: mais je dis que ce pouvoir est parfaitement illégitime. Ni le nombre, ni la souveraineté du peuple, ne font droit. — Quant à la formule républicaine, elle ne figure ici que pour mémoire; on ne sait ce que c’est que la liberté chez M. L. Blanc.

« Les gouvernants, dans une démocratie bien constituée, ne sont que les mandataires du peuple; ils doivent donc être responsables et révocables » (i)

(i) Bien dit, si l’on veut: seulement le mot de mandat n’a jamais été pris au sérieux ni dans la République, ni dans aucune démocratie. On ne le comprend même pas. Les montagnards de la Convention, les membres du Comité de salut public, ceux du Comité de sûreté générale, etc…, furent tous des despotes en vertu du mandat. Napoléon fut empereur et autocrate en vertu du mandat. En 1818, les députés furent plus modestes, grâce à la réaction que la majorité représentait, et qui arrêta l’essor despotique des représentants. Napoléon III est un mandataire, comme fut son oncle, comme César; le prince élu, en 1857, les députés nommés par l’opposition devinrent, pro suâ quisque parte, des despotes, taillant et tranchant leurs actes, ad libitum.

« Les fonctions publiques ne sont pas des distinctions; elles ne doivent pas être des privilèges, elles sont des devoirs » (j)

(j) Grande accumulation d’antithèses pour ne rien dire, et surtout ne rien obtenir. Il n’est nullement prouvé que les fonctions publiques soient des devoirs. Celui qui les accepte a des devoirs; mais l’acceptation n’a rien d’obligatoire. Puis, rien ne fera que celui qui exerce des fonctions publiques ne soit pas distingué, malgré tout, et payé en conséquence, surtout s il peut dire qu’on lui a imposé ses fonctions.

« Tous les citoyens ayant un droit égal de concourir à la nomination des mandataires du peuple et à la formation de la loi, il faut, pour que cette égalité de droit ne soit point illusoire, que toute fonction publique soit rétribuée » (k)

(k) Cet article ne dit pas, sans doute, tout ce qu’il veut dire: on ne saisit pas le rapport entre la nomination des mandataires par le peuple, et la rétribution de ceux-ci, sans laquelle l’égalité de concours à la loi serait illusoire. — C’est du galimatias triple. Remarquez que l’admissibilité de tous aux emplois, n’est pas nommée; elle est proscrite par la définition de (j) que les fonctions sont des devoirs.

« La loi est la volonté du peuple formulée par ses mandataires. Tous doivent à la loi obéissance, mais tous ont le droit de l’apprécier hautement pour qu’on la change si elle est mauvaise » (l)

(l) La loi n’est la volonté de personne. C’est de la tyrannie populaire.

« La liberté de la presse doit être maintenue et consacrée comme garantie contre les erreurs possibles de la majorité et comme instrument des progrès de l’esprit humain » (m)

(m) Ajoutez, contre les erreurs possibles du peuple, que vous supposez infaillible, et que vous déclarez absolu.

« L’éducation des citoyens doit être commune et gratuite. c’est à l’État qu’il appartient d’y pourvoir » (n)

(n) L’État toujours; la communauté, par dessus le marché. — Quant à la gratuité, ici c’est un leurre. l’impôt, payé par les citoyens, paie l’enseignement. Tandis que la gratuité du crédit public est réelle et positive.

« Tout citoyen doit passer par l’éducation du soldat. Nul ne peut se décharger moyennant finance, du devoir de concourir à la défense de son pays » (o)

(o) Le soldat : la guerre. Cela ne sort pas plus de la tête des modernes démocrates que de celle des Spartiates. c’est avec ces belles idées, que Napoléon 1er a fait périr, 4.500.000 Français pour rien; et que Napoléon III continue le système.

« C’est à l’État de prendre l’initiative des réformes industrielles, propres à amener une organisation du travail qui élève les travailleurs de la condition de salariés à celle d’associés » (p)

(p) L’État encore; — l’État, ministre de l’association, c’est-à-dire de la communauté universelle, puisque l’association est nécessaire. — Le rédacteur de la Réforme jetait les fondements de sa dictature du Luxembourg.

« Qu’importe de substituer à la commandite du crédit individuel celle du crédit de l’État. l’État, jusqu’à ce que les prolétaires soient émancipés, doit se faire le banquier des pauvres » (q)

(q) L’État banquier, et banquier des pauvres. — Avec quels fonds, et sur quel gage?

« Au citoyen vigoureux et bien portant, l’État doit le travail; au vieillard et à l’infirme, il doit aide et protection » (r)

(r) Les invalides civils. — J’aime mieux que chaque famille, chaque commune, chaque corporation reste chargée de ses pauvres: je repousse énergiquement l’assimilation du soldat et du travailleur.

Après avoir cité ce programme ridicule, et qui montre jusqu’à quel point une réunion d’hommes instruits, intelligents, peuvent être fourvoyés par un ignorant fanatique, L. Blanc se démène contre le mouvement anarchique qui vint, en 1848, gâter ce beau programme.

Notons, à ce propos, que M. L. Blanc ne trouve que des sarcasmes pour le système constitutionnel, qui fait du prince un porc à l’engrais, suivant l’expression de Napoléon. – c’est tout ce qu’il a vu dans le système!… Pauvre tête!

Program of La Réforme, written by L. Blanc, and signed by Arago, Ét. Arago, Beaune, Dupoly, F. Avril, Flocon, Guinard, Joly, L. Bollin, Lemasson, Lasseré, L. Blanc, Pascal Duprat, Recurt, Schoelcher, Vallier.

“All men are brothers.” (a)

(a) Bad start: banal idea, which repeats Christianity, and suggests an unfortunate paternity. it is already true and false according to the point of view.

“Where equality does not exist, liberty is a lie.” (b)

(b) This proposition is far from self-evident; it is a dogma, which has the ultimate goal of passing on the economic system of Mr. L. Blanc, nothing more. The Constitution of 1830 said more clearly: All the French people are equal before the law. Why deviate from this when, immediately afterwards, the inequality of aptitudes was laid down in principle?

“Society can only live by the inequality of aptitudes and the diversity of functions; but superior aptitudes must not confer greater rights, they impose greater duties.” (c)

(c) Nothing is less proven than the inequalities of aptitudes; nothing more equivocal than this word. A has an aptitude; B has another; they are perhaps unequal in every aptitude; but it may be that each compensates in the one for what he has less in the other. It only remains to be seen whether different abilities are of equal or lesser value, which is a big question. — Finally, is nothing less proven than that greater aptitudes impose greater duties; it is Christianity, Providentialism, Communism.

“This is the principle of equality: association is its necessary form.” (d)

(d) Association and equality are not proven to imply each other. Moreover, this linking of two ideas that one makes adequate, also has as its goal, like (b) to prepare the communitarian utopia of L. Blanc

“The ultimate goal of the association is to arrive at the satisfaction of the intellectual, moral and material needs of all, by the use of their various aptitudes and the assistance of their efforts.” (e)

(e) Banal phrase, borrowed from Saint-Simonism, but which already leaves an impression of communism, hierarchy, dependence for the individual, unfortunate. Association, I have said, should be avoided as much as possible; it is not a sine qua non of order and justice; it is not necessary at all.

“The workers have been slaves, they have been serfs, and today they are wage-earners; we must try to make them pass into the state of associates”. (f)

(f) True historical summary, whose conclusion is false. — Why not simply say free? the association to which they are attached is not at all necessary.

“This result can only be achieved through the action of a democratic power.” (g)

(g) Begging the question of action by the State. Capital idea of the system, which requires a dictatorship. The brave Arago, who, after February, shook up the program of the Reforme so promptly and so energetically, had no idea then what he was signing.

“A democratic power is that which has the sovereignty of the people as its principle, universal suffrage as its origin, and as its goal the realization of this formula: Liberty, Equality, Fraternity.” (h)

(h) The definition of democratic power may be exact: but I say that this power is perfectly illegitimate. Neither the number, nor the sovereignty of the people, make right. — As for the republican formula, it appears here only as a reminder; we do not know what liberty is for M. L. Blanc.

“Rulers, in a well-constituted democracy, are only agents of the people: they must therefore be responsible and revocable.” (i)

(i) Well said, if you will: only the word mandate has never been taken seriously either in the Republic or in any democracy. We don’t even understand it. The montagnards of the Convention, the members of the Committee of Public Safety, those of the Committee of General Security, etc., were all despots by virtue of the mandate. Napoleon was emperor and autocrat by virtue of the mandate. In 1818, the deputies were more modest, thanks to the reaction which the majority represented, and which checked the despotic rise of the representatives. Napoleon III is an agent, as was his uncle, like Caesar; After the prince was elected in 1857, the deputies nominated by the opposition became, pro sua quisque parte, despots, cutting and slicing their actions, ad libitum.

“Public functions are not distinctions nor should they be privileges: they are duties.” (j)

(j) Great accumulation of antitheses to say nothing, and above all to achieve nothing. It is by no means proven that public functions are duties. Whoever accepts them has duties; but acceptance is not obligatory. Then, nothing will ensure that someone who exercises public functions is not distinguished, in spite of everything, and paid accordingly, especially if he can say that his functions have been imposed on him.

All citizens having an equal right to participate in the appointment of the representatives of the people and in the formation of the law, it is necessary, so that this equality of right is not illusory, that every public function be remunerated.” (k)

(k) This article does not say, no doubt, all that it wants to say: we do not understand the relationship between the appointment of the representatives by the people, and the remuneration of these, without which the equality of competition with the law would be illusory. it’s triple rigmarole. Notice that everyone’s eligibility for all employments is not named; it is forbidden by the definition of (j) that functions are duties.

“The law is the will of the people formulated by its agents. All owe obedience to the law, but all have the right to assess it frankly, so that it can be changed if it is bad.” (l)

(l) The law is no one’s will. it is popular tyranny.

“The freedom of the press must be maintained and consecrated as a guarantee against the possible errors of the majority and as an instrument for the progress of the human spirit.” (m)

(m) Add, against the possible errors of the people, that you suppose infallible, and that you declare absolute.

“The education of citizens must be common and free. It is up to the state to provide it.” (n)

(n) Always the State; the community, on top of the market. — As for free, here it is a decoy. the tax, paid by the citizens, pays for education. Whereas free public credit is real and positive.

“Every citizen must go through the education of a soldier. No one can discharge himself, for a fee, from the duty of contributing to the defense of his country.” (o)

(o) The soldier: war. This does not leave the heads of the modern democrats any more than that of the Spartans. it is with these beautiful ideas, that Napoleon 1st made 4,500,000 Frenchmen perish for nothing; and that Napoleon III continues the system.

“It is up to the state to take the initiative in industrial reforms capable of bringing about an organization of work that elevates the workers from the condition of employees to that of associates.” (p)

(p) The State again; — the State, minister of association, that is to say of the universal community, since association is necessary. — The editor of the Reform laid the foundations of his dictatorship of the Luxembourg.

“It is important to replace the sponsorship of individual credit with that of state credit. The state, until the proletarians are emancipated, must become the banker of the poor.” (q)

(q) The State as banker, and banker for the poor. — With what funds, and on what pledge?

“The worker has the same title as the soldier to the recognition of the State. To the vigorous and healthy citizen the state owes work; to the old and the infirm, it owes help and protection.” (r)

(r) Civilian [Hôtel des] Invalides. — I prefer that each family, each commune, each corporation remain responsible for its poor: I vigorously reject the assimilation of the soldier and the worker.

After citing this ridiculous program, which shows to what extent a gathering of educated, intelligent men can be misled by an ignorant fanatic, L. Blanc exerts himself against the anarchic movement that came, in 1848, to spoil this handsome program.

Let us note, in this connection, that M. L. Blanc finds nothing but sarcasm for the constitutional system, which makes the prince a fattening pig, to use Napoleon’s expression. — That’s all he saw in the system!… Poor soul!

Après avoir réfuté, article par article, cet incroyable morceau, reproduit, après quinze ans, par son auteur avec un intime orgueil, il conviendrait, pour en achever la défaite, de mettre en regard un programme rationnel, tel que l’eût demandé à la même époque un journal ami du peuple et du progrès. Avant 48, on était amoureux des programmes, en France ; on le serait encore, si la presse devenait libre.

Un tel programme demande de la méditation; mais nous en tenons les bases essentielles; et si je voulais prendre pour guide le programme de L. Blanc afin d’en donner le redressement ou contre-pied, cela fournirait une facilité de plus.

1 — Le principe fondamental de la société est la Justice.

2 — La Justice est une faculté immanente à la nature humaine, qui se déploie par sa propre vertu, sans aucun secours ni d’une grâce ou excitation surnaturelle, ni d’une impulsion de l’État.

3 — C’est tout à la fois un sentiment, et une idée.

Comme sentiment la Justice est le principe de toute législation; — comme idée, le principe de toute logique et de toute philosophie, l’instrument de toute certitude, et la garantie de cette vérité.

4 — Le but de la société est de constituer la Justice.

5 — Constituer la Justice, c’est rendre à chacun ce qui lui appartient naturellement et légitimement, sans acception de personnes, de conditions, de talents, d’aptitudes.

6 — Une des conséquences de la constitution du Droit est l’équivalence progressive des conditions, des emplois, et des fortunes; par conséquent l’égalité finale de bien-être et de félicité.

7 — La Justice présuppose la liberté; elle est le pacte des libertés. Elle a donc pour but, non de restreindre les libertés par les sacrifices qu’elle leur impose, et en vue de l’augmentation de l’État; — mais d’accroître la puissance de chaque liberté, par la transaction — qui la constitue elle-même, et qui est le Droit.

8 — La transaction des libertés, de laquelle naît l’expression de leur droit n’est pas leur association nécessaire. — L’association est un des moyens de l’industrie humaine, de l’organisation économique; ce n’en est pas du tout la forme générale, universelle, absolue, nécessaire; pas plus que la concurrence qui lui est opposée, pas plus que la propriété, qu’il est impossible de détruire.

9 — La satisfaction des besoins physiques, intellectuels et moraux de chacun est l’affaire de chacun; La société n’y participe qu’en tant qu’elle garantit à chacun le respect de ses droits, dont la tendance est l’équivalence, l’équilibre.

10 — La justice est satisfaite, et l’organisation sociale est au complet, quand la liberté de chacun ne laisse rien à désirer; quand il a l’emploi de ses facultés et aptitudes, la libre disposition de sa personne et de son produit.

11 —  La liberté étant le premier des biens pour l’individu, sauf le respect de la Justice, qui commande à tout et à tous, l’association ne doit être employée, comme tout ce qui affecte la liberté que là où elle est indispensable; où le résultat économique cherché ne peut être obtenu autrement.

11 — L’association industrielle n’est point affaire d’État; elle relève exclusivement de l’initiative libre des citoyens; à plus forte raison, l’État n’a-t-il pas mission de la créer partout, d’en faire la chemise de la nation.

12 — Le gouvernement, dans une Société, le Pouvoir, n’est ni démocratique, ni monarchique, ni aristocratique; ces mots supposent une foule de questions que l’on ne peut trancher ni définir. — Le gouvernement est national, social.

C’est la résultante des forces corporatives et individuelles; l’expression de leur équilibre et de leur volonté synthétique; par conséquent l’application la plus élevée, la plus générale du droit.

13 — Le suffrage universel est une manière hypothétique de présumer l’accord des masses, leur résultante: en lui-même ce n’est rien, pas plus que l’urne du scrutin.

La souveraineté du peuple n’est pas plus que la souveraineté du prince, ce n’est rien. La Justice est supérieure à l’une et à l’autre, indépendante de tous deux.

14 — Il s ensuit que tout plébiscite populaire peut être attaqué au nom du droit; que la patrie elle-même n’existe pour chacun qu’à la condition de respecter le droit et que là où le droit serait collectivement violé par la nation, chaque citoyen aurait le droit de s opposer à la nation, de répudier ses actes, et de se déclarer libre envers elle de tout devoir et engagement.

15- Dans la société, tout citoyen a droit de gouvernement et droit de justice. Ce droit ne s abdique jamais; le mandat n’est point un transfèrement de souveraineté; c’est une commission.

Toute élection des représentants sans définition de son objet est nulle.

Il n’y a pas de commission en blanc; cela implique contradiction.

C’est pourquoi l’élection du représentant, du Président, de l’Empereur, est nulle. Le mandat de tout ordonner et tout faire, au nom du peuple, est absurde.

16 — La loi résulte: 1° de la discussion publique, prolongée, préalable, pour la presse, les meetings, etc; 2° de la discussion des grandes corporations; 3° de leur transaction. La loi n’est la volonté de personne: le peuple n’est pas infaillible.

17 — La transaction n’est pas le vote; le vote n’est qu’un moyen d’arriver à une transaction. Toute loi votée par 300 députés, rejetée par 150, est injuste.

La transaction est le compromis entre les 300 et les 150.

18 — La transaction est l’expression synthétique qui résulte de toutes les opinions pour et contre, exprimée sur la loi.

19 — Toute divergence d’opinions conduit à une synthèse qui est l’opinion générale, la loi actuelle.

20- La loi est changeante, selon l’État des opinions dont la divergence varie, et donne lieu par conséquent à une transaction nouvelle.

21 — Le travail étant assuré, la subsistance garantie à chacun, l’enseignement rétribué partie par l’État et par les communes, l’instruction sera obligatoire la fréquentation de l’école libre.

22 — Le but de la Société est l’extinction de la guerre: — le gouvernement ne présuppose point l’hostilité des autres gouvernements, n’est animé à leur égard d’aucune intention hostile, ses plus grands efforts tendront au désarmement universel.

23 — Les précautions que pourrait exiger transitoirement la défense seront confiées à un comité spécial, nommé par les corporations, révocable par elles, à mandat limité; et auquel l’État sera tenu de fournir tous les moyens d’action qui dépendront de lui.

Sous un pouvoir despotique, l’armée ne représente jamais la patrie (Waterloo).

En deux mots, le ministère de la guerre est en dehors du gouvernement.

24 —  L’action de l’État, est d’ailleurs la moindre possible. Elle tend à s effacer de plus en plus. Toute initiative industrielle ou commerciale lui est rigoureusement interdite.

24 — L’État ne fait point la banque, ni le change; il ne commandite personne; il n’est point le caissier ni le créancier de la nation.

25 — L’État ne doit de reconnaissance à personne, ni au soldat, ni à l’ouvrier. Tout citoyen est tenu de travailler pour lui-même jusqu’au dernier soupir. Les infirmes et les estropiés sont à la charge des familles, des corporations et des communes: l’assistance publique ne s étend pas au delà.

26 — Dans cette assistance, la famille a la plus grande part; la corporation la 2ème, la commune la 3ème et la moindre.

Les budgets, les salaires, etc…, doivent être réglés dans cette pension.

After having refuted, article by article, this incredible piece, reproduced, after fifteen years, by its author with an intimate pride, it would be appropriate, to complete the defeat, to put in sight a rational program, such as would have been asked to the same period a newspaper friend of the people and of progress. Before 48, we were in love with programs, in France; we would still be, if the press became free.

Such a program requires meditation; but we hold the essential bases of it; and if I wanted to take L. Blanc’s program as a guide in order to correct or reverse it, that would provide an additional facility.

1. — The fundamental principle of society is Justice.

2. — Justice is a faculty immanent in human nature, which unfolds by its own virtue, without any help from grace or supernatural excitation, nor from any impetus from the State.

3. — It is at once a sentiment and an idea. — As a sentiment, Justice is the principle of all legislation; — as an idea, the principle of all logic and all philosophy, the instrument of all certainty, and the guarantee of that truth.

4. — The goal of society is to establish Justice.

5. — To establish Justice is to render to each what naturally and legitimately belongs to them, without distinction of persons, conditions, talents, or aptitudes.

6. — One of the consequences of the establishment of Right is the progressive equivalence of conditions, of occupations, and of fortunes; consequently the final equality of well-being and happiness.

7. — Justice presupposes liberty; it is the pact of liberties. So its aim is not to limit liberties by the sacrifices that it imposes on them, with an eye to the augmentation of the State; — but to increase the power of each liberty, by the transaction — which establishes it itself, and which is Right.

8. — The transaction of liberties, from which the expression of their right arises, is not their necessary association. — Association is one of the means of human industry, of economic organization; it is not at all the general, universal, absolute, and necessary form; any more than competition, which is opposed to it, any more than property, which it is impossible to destroy.

9. — The satisfaction of the physical, intellectual and moral needs of each is the business of each; society only assists to the extent that it guarantees to each the respect of their rights, the tendency of which is equivalence, equilibrium.

10. — Justice is satisfied, and the social organization is complete, when the liberty of each leaves nothing to be desired; when the have the use of all their faculties and aptitudes, the free disposition of their person and their product.

11. — Liberty being the first of goods for the individual, save for the respect of Justice, which commands everyone and everything, association must only be employed, like everything that effects liberty, where it is indispensable; where the economic result sought cannot be obtained otherwise.

Industrial association is not the business of the State; it arises exclusively from the free initiative of the citizens; for an even greater reason, the State does not have a mission to create it everywhere, to make it the smock of the nation.

12. — The government, in a Society, the Power is neither democratic, nor monarchic, nor aristocratic; these words suppose a mass of questions that we can neither solve nor define. — The government is national, social.

It is the resultant of forces, both corporative and individual; — the expression of their equilibrium and of their synthetic will; consequently the most elevated, the most general application of right.

13. — Universal suffrage is one hypothetical manner of presuming the agreement of the masses, their resultant: in itself it is nothing, no more than the ballot box.

The sovereignty of the people is no more than the sovereignty of the prince, it is nothing. Justice is greater than both, independent of both.

14. — It follows that every popular plebiscite can be attacked in the name of right; that the homeland only exists for each on the condition of respecting right and that where right is collectively violated by the nation each citizen would have the right to oppose themselves to the nation, to repudiate its acts, and to declare themselves free towards it of every duty and commitment.

15. — In society, every citizen has right of government and right of justice. This right is never abdicated; the mandate is not a transfer of sovereignty; it is a commission.

Every election of representatives without a definition of its object is null.

There is no blank commission; that would imply a contradiction.

That is why the election of the representative, of the President, of the Emperor, is null. The mandate to command everything and do everything, in the name of the people, is absurd.

16. — Law results: 1) from public, prolonged, preliminary discussion, for the press, the meetings, etc.; — 2) from the discussion of the large associations; — 3) from their transaction. The law is not the will of anyone: the people are not infallible.

17. — The transaction is not the vote; the vote is only one means of arriving at a transaction. Every law voted for by 300 deputies, rejected by 150, is unjust.

The transaction is the compromise between the 300 and the 150.

18. — The transaction is the synthetic expression which results from all the opinions, for or against, expressed regarding the law.

19. — Every divergence of opinions leads to a synthesis, which is the general opinion, the actual law.

20. — The law is changing, depending on the state of the opinions, the divergence of which varies, and thus gives rise to a new transaction.

21. — Labor being assured, subsistence guaranteed to each, education partially paid for by the State and the communes, instruction will be obligatory, attendance at the school free.

22. — The aim of Society is the extinction of war: — the government does not presuppose any hostility with other governments, is animated with regard to them by no hostile intention, its greatest efforts will tend to universal disarmament.

23. — The precautions that could demand defense transitorily will be entrusted to a special committee, named by the corporations, revocable by them, with a limited mandate; to which the State will be bound to provide all the means of action that depend on it. — Under a despotic power, the army never represents the homeland (Waterloo).

In short, the ministry of war is outside the government.

24. — The action of the State, is in any case the least possible.
It tends to step aside more and more. Every industrial or commercial initiative is strictly forbidden to it.

24. — The State does not make the bank, nor the exchange; it does not bankroll anyone; it is neither the cashier nor the creditor of the nation.

25. — The State does not owe recognition to anyone, neither to the soldier, nor to the worker.

Every citizen is bound to work for themselves until their last breath. The infirm and maimed are the responsibility of the families, corporations and communes: public assistance does not extend beyond that.

26. — In that assistance, the family has the largest share; the corporation the 2nd, and the commune the 3rd and least.

The budgets, wages, etc., must be regulated in that pension.

Ceci est un tout autre monde. Entre le programme de L. Blanc et celui-ci, il n’y a aucune compatibilité.

La responsabilité ministérielle, corrélative de l’inviolabilité royale, n’est pas une invention arbitraire, imaginée au XIXème siècle, pour le besoin d’un système. Elle existe sous l’ancien régime: (cf. Bernis, des Causeries du lundi, où on le voit s’offrir en expiation de la guerre de Trente ans).

Les choses se passaient souvent avec une certaine brutalité, qui sentait son despotisme: Bernis était exilé dans ses terres; Fouquet mis en jugement. Une chute ministérielle, causée par une improbation des chambres, n’est guère moins solennelle ni moins grave.

C’est une preuve des plus grandes ignorances de Napoléon et de ses copistes, que la façon brutale avec laquelle il a parlé du Grand électeur de Sieyès, lequel n’était autre chose que le Monarque constitutionnel. Ce rôle est très grand, la cheville ouvrière du système, dont l’absence rend toutes les républiques intenables.

Napoléon, né pour le commandement, disait-il, habitué à ne voir la société que dans l’armée, n’était pas homme à comprendre ce fait élémentaire: que le mouvement d’une armée et sa direction partent d’un point hors d’elle, de l’ordre du général; tandis que, dans la nation, elles sont une résultante.

Le roi est la personnification de cette résultante, dont les ministres représentent, près de lui, les aboutissants. La vie sociale est spontanée, collective d’ensemble; l’armée non. Du moins, c’est fort rare. c’est pour cela que l’armée est le séjour de l’injustice.

Dans l’armée, la force collective est un pur instrument dans la main du général; – dans la société, cette même force existe par elle-même, se produit seule, ne sert qu’elle, et se crée des instruments divers, qui sont, ex aequo, ou hiérarchiquement, le Prince, le Prêtre, le Magistrat, le Parlement, le Producteur.

Tout le problème est de combiner ces instruments de manière à produire une harmonie.

Le mot de Bonaparte est tout simplement une insolence de soldat brutal, grossier, ignorant, dénué de sens juridique et social. Il est triste de voir de prétendus libéraux et républicains y applaudir et se faire complices ainsi du despotisme.

This is an entirely different world. Between the program of L. Blanc and this one, there is no compatibility.

Ministerial responsibility, correlative to royal inviolability, is not an arbitrary invention, imagined in the 19th century, for the need of a system. It exists under the old regime: (cf. Bernis, in the Causeries du lundi, where we see him offering himself in expiation for the Thirty Years’ War).

Things often happened with a certain brutality, which smacked of his despotism: Bernis was exiled to his lands; Fouquet put on trial. A ministerial fall, caused by the disapproval of the chambers, is scarcely less solemn or less serious.

A proof of the greatest ignorance of Napoleon and his copyists is the brutal manner in which he spoke of the Grand Elector de Sieyes, who was nothing other than the constitutional Monarch. This role is very important, the linchpin of the system, the absence of which makes all republics untenable.

Napoleon, born for command, he said, accustomed to seeing society only in the army, was not a man to understand this elementary fact: that the movement of an army and its direction start from a point outside of her, by order of the general; while in the nation they are a resultant.

The king is the personification of this result, of which the ministers represent, close to him, the results. Social life is spontaneous, collective as a whole; — the army, no. At least, it is very rare. That is why the army is the abode of injustice.

In the army, collective force is a pure instrument in the hands of the general; — in society, this same force exists by itself, produces itself, serves only itself, and creates various instruments, which are, ex aequo, or hierarchically, the Prince, the Priest, the Magistrate, the Parliament, the Producer.

The whole problem is to combine these instruments in such a way as to produce a harmony.

Bonaparte’s word is quite simply the insolence of a brutal, rude, ignorant soldier, devoid of legal and social meaning. It is sad to see so-called liberals and republicans applauding it and thus making themselves accomplices of despotism.


Programme de la Réforme,

rédigé par L. Blanc, et signé par Arago, Ét. Arago, Beaune, Dupoly, F. Avril, Flocon, Guinard, Joly, L. Bollin, Lemasson, Lasseré, L. Blanc, Pascal Duprat, Recurt, Schoelcher, Vallier.

Tous les hommes sont frères. (a)

Là où l’égalité n’existe pas, la liberté est un mensonge. (b)

La société ne saurait vivre que par l’inégalité des aptitudes et la diversité des fonctions ; mais des aptitudes supérieures ne doivent pas conférer de plus grands droits elles imposent de plus grands devoirs. (c)

C’est là le principe de l’égalité : l’association en est la forme nécessaire. (d)

Le but final de l’association est d’arriver à la satisfaction des besoins intellectuels, moraux et matériels de tous, par l’emploi de leurs aptitudes diverses et le concours de leurs efforts. (e)

Les travailleurs ont été esclaves, ils ont été serfs, ils sont aujourd’hui salariés ; il faut tendre à les faire passer à l’état d’associés. (f)

Ce résultat ne saurait être atteint que par l’action d’un pouvoir démocratique. (g)

Un pouvoir démocratique est celui qui a la souveraineté du peuple pour principe, le suffrage universelle pour origine, et pour but la réalisation de cette formule : Liberté, Égalité, Fraternité. (h)

Les gouvernants, dans une démocratie bien constituée, ne sont que les mandataires du peuple : ils doivent donc être responsables et révocables. (i)

Les fonctions publiques ne sont pas des distinctions elles ne doivent pas être des priviléges : elles sont des devoirs. (j)

Tous les citoyens ayant un droit égal de concourir à la nomination des mandataires du peuple et à la formation de la loi, il faut, pour que cette égalité de droit ne soit pas illusoire, que toute fonction publique soit rétribuée. (k)

La loi est la volonté du peuple formulée par ses mandataires. Tous doivent à la loi obéissance, mais tous ont le droit de l’apprécier hautement, pour qu’on la change si elle est mauvaise. (l)

La liberté de la presse doit être maintenue et consacrée comme garantie contre les erreurs possibles de la majorité et comme instrument des progrès de l’esprit humain. (m)

L’éducation des citoyens doit être commune et gratuite. C’est à l’État qu’il appartient d’y pourvoir. (n)

Tout citoyen doit passer par l’éducation de soldat. Nul ne peut se décharger, moyennant finances, du devoir de concourir à la défense de son pays. (o)

C’est à l’État de prendre l’initiative des réformes industrielles propres à amener une organisation du travail qui élève les travailleurs de la condition de salariés à celle d’associés. (p)

Il importe de substituer à la commandite du crédit individuel celle du crédit de l’État. L’État, jusqu’à ce que les prolétaires soient émancipés, doit se faire le banquier des pauvres. (q)

Le travailleur a le même titre que le soldat à la reconnaissance de l’État. Au citoyen vigoureux et bien portant, l’État doit le travail ; au vieillard et à l’infirme, il doit aide et protection. (r)

Program of la Réforme,

written by L. Blanc, and signed by Arago, Ét. Arago, Beaune, Dupoly, F. Avril, Flocon, Guinard, Joly, L. Bollin, Lemasson, Lasseré, L. Blanc, Pascal Duprat, Recurt, Schoelcher, Vallier.

All men are brothers. (a)

Where equality does not exist, liberty is a lie. (b)

Society can only live by the inequality of aptitudes and the diversity of functions; but superior aptitudes must not confer greater rights, they impose greater duties. (c)

This is the principle of equality: association is its necessary form. (d)

The ultimate goal of the association is to arrive at the satisfaction of the intellectual, moral and material needs of all, by the use of their various aptitudes and the assistance of their efforts. (e)

The workers have been slaves, they have been serfs, and today they are wage-earners; we must try to make them pass into the state of associates. (f)

This result can only be achieved through the action of a democratic power. (g)

A democratic power is that which has the sovereignty of the people as its principle, universal suffrage as its origin, and as its goal the realization of this formula: Liberty, Equality, Fraternity. (h)

Rulers, in a well-constituted democracy, are only agents of the people: they must therefore be responsible and revocable. (i)

Public functions are not distinctions nor should they be privileges: they are duties. (j)

All citizens having an equal right to participate in the appointment of the representatives of the people and in the formation of the law, it is necessary, so that this equality of right is not illusory, that every public function be remunerated. (k)

The law is the will of the people formulated by its agents. All owe obedience to the law, but all have the right to assess it frankly, so that it can be changed if it is bad. (l)

The freedom of the press must be maintained and consecrated as a guarantee against the possible errors of the majority and as an instrument for the progress of the human spirit. (m)

The education of citizens must be common and free. It is up to the state to provide it. (n)

Every citizen must go through the education of a soldier. No one can discharge himself, for a fee, from the duty of contributing to the defense of his country. (o)

It is up to the state to take the initiative in industrial reforms capable of bringing about an organization of work that elevates the workers from the condition of employees to that of associates. (p)

It is important to replace the sponsorship of individual credit with that of state credit. The state, until the proletarians are emancipated, must become the banker of the poor. (q)

The worker has the same title as the soldier to the recognition of the State. To the vigorous and healthy citizen the state owes work; to the old and the infirm, it owes help and protection. (r)

Working translation by Shawn P. Wilbur.

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