Claude Pelletier, “Atercracy” (Socialist Dictionary) (1874)

ATERCRATIE. Nom tiré des deux mots grecs, ater, sans, cratos, gouvernement.

Un Atercrate est donc un citoyen qui n’est nullement gouverné et qui considère toutes les craties, qu’elles soient théo, auto, aristo, démo ou autres, comme des machines politiques de misère et d’oppression.

Et en effet, lorsque le pouvoir est tenu par un seul, c’est le despotisme qui s’en suit, quelque puisse être la bonté du monarque.

Lorsque la puissance est dans les mains de l’aristocratie, elle favorise naturellement les siens et tout devient privilège.

Lorsque c’est le peuple qui est censé le maître, comme tout ne s’exerce que par les délégués à qui il a confié le pouvoir de tout faire en son nom, sa souveraineté devient illusoire, et, victime de ses mandataires, il finit toujours, par lassitude et dégout, par ses inconstances et ses irrégularités, par se donner à une personnalité qu’il a choisie pour le diriger et dont il fait toujours son héritier.

Toutes les Craties étant aussi mauvaises les unes que les autres, il faut donc prendre la ferme résolution de s’en passer. C’est-à-dire de les remplacer par une organisation sociale qui transforme les gouvernements en des administrations d’initiative temporaire et de surveillance des intérêts généraux, où les fonctions publiques soient des charges incombant par le sort aux citoyens obligés de les remplir, s’ils sont désignés, pendant l’espace d’une année seulement dans le cours de leur existence, sous peine d’être réprimandé par leurs pairs et punis sévèrement s’ils s’en acquittent mal.

Une nation atercratique est donc celle où le citoyen est son soldat, son pape, son fonctionnaire, son souverain ; et lorsque le sort l’a désigné pour remplir une fonction utile aux intérêts de la collectivité, son devoir est défini, tracé et limité de façon à ne jamais lui permettre d’empiéter sur les droits d’autrui et d’abuser de sa fonction passagère contre le plus faible des citoyens, mais à être le serviteur temporel des intérêts de la collectivité, tout en ayant le plus grand respect pour la liberté propre de l’individu.

ATERCRACY. Name drawn from two Greek words: ater, without, and cratos, government.

An Atercrat is thus a citizen who is in no way governed and who considers all the cracies, whether theo, auto, aristo, demo or of some other variety, as political machines for the creation of misery and oppression.

And, indeed, when power if held by one alone, it is despotism that follows, no matter the goodness of the monarch.

When the power is in the hands of the aristocracy, it naturally favors its own and everything becomes privilege.

When it is the people who are supposed to be master, as the exercise is limited to the delegates to whom they have conferred the power to do everything in their name, the sovereignty becomes an illusion and, victims of their agents, they always end, out of weariness and disgust, through their inconstancy and irregularities, by giving themselves to a personality that they have chosen to direct them and whom they always make their heir.

All the Craties being equally bad, we must make a firm resolution to do without them. That is to say to replace them with a social organization that transforms governments into administrations  of temporary initiative, overseeing general interests, where the public functions would be tasks falling by lot on citizens obliged to fulfill them, if they are designated, during the space of one year only in the course of their existence, under penalty of being reprimanded by their peers and severely punished if they perform badly.

An atercratic nation is thus one where the citizen is their own soldier, their own pope, their own civil servant, their own sovereign; and when the drawing of lots has designated them to fulfill a function useful to the interests of the collectivity, their duty is defined, drawn up and limited in a manner that will never permit them to impinge on the rights of others and abuse the temporary function against the weakest of the citizens, but to be the temporal servant of the interests of the collectivity, all while having the greatest respect for the liberty proper to the individual.

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