Max Nettlau, The three worlds we all live in

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We all live in these three worlds: a world of friends and libertarian comrades; a world of unsociable authoritarian enemies, present and future rulers; and that great world of men who do not know one another, the suspicious, seeing only the hardness and cruelty of men and feigning indifference in order to protect themselves from torment. There is also the world of the past and the future, memories, dreams, hopes and the daily effort to contribute a bit. To set aside, finally, the unsocial, and thus sterile and purely parasitical, world of authority and to awaken, encourage, and inspire with confidence the world that we do not know and that does not know us—that is the problem that becomes always more pressing, because authority, incapable of doing good, is still very capable of producing evil.

I have recently scanned the whole libertarian past for a historical summary that will perhaps be published as a little book, and I have sought to bring together what we can do in the present to give impetus and momentum to our ideas, in those areas where they seem to me to be languishing—another little book that will perhaps see the light of day. I have been reassured in the identification of our goals of general liberation with the great line of human progress, which proceeds as surely to the decrease of authority and the increase of liberty as the child, on becoming an adult, attains its autonomy and escapes familial and pedagogical tutelage. But the road is very long and we could say that it was only in the second half of the eighteenth century that authority was very seriously assailed in a large portion of its manifestations and that its very principle received a challenge. Still what was for a small number a direct repudiation of authority as an always harmful principle, was for a much greater number, and in the end for the people themselves, above all [a matter of] discontent, anger, and soon revolutionary rage, with the aim of destroying such insupportable authority, in order to put a benevolent authority in its place. We did not know how to do any better and a new dictatorship replaced the other.

Between the understanding and the liberal will, still hardly libertarian, of the men who worked for the fall of the ancien régime in France and the French Revolution [manuscript ends]

[IISH Ms. 2019: possibly written after c. 1935, after the composition of the Short History.]
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Tous nous vivons dans ces trois mondes, un monde d’amis et de camarades libertaires, un monde d’ennemis autoritaires insociables, gouvernants présents et futurs, et ce grande monde des hommes qui ne se connaissent pas, que se méfient, ne voyant que la cruauté et la dureté des hommes et feignant l’indifférence pour se protéger des tourmentes. Il y a encore le monde du passé et de l’avenir, les souvenirs, rêves, espérances et l’effort quotidien d’y contribuer un peu. Écarter enfin le monde insociable, donc stérile et purement parasitique de l’autorité, éveiller, encourager, inspirer de confiance le monde que nous ne connaissons pas et que nous connaît pas, c’est le problème gui deviennent toujours plus pressant parce que l’autorité, incapable de faire du bien, est très capable encore de produire du mal.

J’ai récemment parcouru tout le passé libertaire pour un abrège historique qui sera peut-être publié en petit livre, et j’ai cherché à mettre ensemble ce qu’on pourrait faire dans le présent pour donner de l’élan et de l’impulsion à nos idées là où elles me semblent languir—un autre petit livre en manuscrit qui verra peut-être le jour. J’ai été réconforté dans l’identification de nos buts de libération générale ave le grande ligne du progrès humain qui procède aussi sûrement à la diminution de l’autorité et la croissance de la liberté qu’au enfant devenu adulte obtient son autonomie et échappe à la tutelle familiale et pédagogique. Mais le chemin est très long et on peut dire que ce ne fut que dans la seconde moitie du dix-huitième siècle que l’autorité fût très sérieusement assaillie dans un grande partie de ses manifestations et que son principe même reçu un défi. Encore ce que fût pour un petit nombre une répudiation directe de l’autorité comme un principe toujours malfaisant, ce fût pour un nombre beaucoup plus grand et à la fin pour le peuple même, avant tout du mécontentement, de la colore, bientôt de la fureur révolutionnaire dans le but de détruire telle autorité insupportable, pour mettre une autorité bienfaisante à sa place. On ne savait pas faire mieux et la nouvelle dictature remplaça l’autre.

Entre la compréhension et la volonté libérale, à peine encore libertaire, des hommes qui travaillent pour la chute de l’ancien régime en France et le Révolution française…

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