E. Armand in “Le Signal” (1891-1893)

In 1891, Ernest-Lucien Juin (E. Armand) would have been 19 years old and a couple of years into his association with the Salvation Army. Based on the biographical details he provided, it appears that it was not much later than this that he began to assist in the publication of some of the publications of the group. Whether this E. Armand was Ernest-Lucien Juin remains uncertain, but certainly possible.

  • E. Armand, “A propos de la Fédération des Églises Françaises,” Le Signal 12 no. 623 (21 Mars 1891): 2.
  • E. Armand, “La morale de Christ,” Le Signal 13 no. 623 (11 Avril 1891): 2.
  • E. Armand, “Poésie,” Le Signal 15 no. 736 (16 Septembre 1893): 2.
  • E. J. Armand, “La littérature immorale,” Le Signal 15 no. 744 (11 Novembre 1893): 2.

A propos de la Fédération

DES ÉGLISES PROTESTANTES FRANÇAISES

J’ai lu avec un profond intérêt l’article intitulé « Fédération ou Fusion » et qui a paru dans le Signal du 28 février. Il nous a suggéré les lignes suivantes, écrites par un chrétien évangélique, mais qui n’appartient de fait à aucune Eglise, ce qui lui donne, dans une certaine mesure, la liberté d’exprimer ses opinions sans être arrêté par telle ou telle considération.

En effet, il est vrai qu’un assez grand nombre de protestants des diverses Eglises désireraient pouvoir se rallier autour d’un drapeau commun, mais malgré cette tendance centraliste, qui en tout temps a été le désir de tout vrai chrétien, nous ne croyons pas la fusion possible :

1° parce qu’elle serait, selon toute apparence, loin de donner le résultat attendu. A quoi cela servirait-il d’avoir une seule Eglise réformée officielle comptant plusieurs centaines de milliers de membres, si la vie y manque? C’est là, malheureusement, le grand défaut de toutes ces Eglises établies (1) et l’exemple de l’Angleterre n’est guère à citer quand on considère que l’Eglise anglicane est depuis longtemps déjà tombée dans une léthargie qui ne fait que s’accroître et qui dégénère de plus en plus en une sorte de néo catholicisme, où les formes et les sacrements font place à la foi ! ce qui n’est pas pour effrayer l’Eglise de Rome, qui, il faut le reconnaître, progresse de l’autre côté du détroit. C’est dans les rangs des Eglises , dissidentes et des Missions de toutes sortes qui, Dieu soit loué, sillonnent le sol du Royaume-Uni, qu’il faut aller chercher ( quelque activité, et. à notre avis, ce sont , ces dernières qui ont entretenu, grâce aux Réveils opérés par leur moyen à de | certaines périodes, l’esprit religieux qui règne au milieu de la nation britannique, et cependant, que île désertions ne doit on pas signaler !

A plus forte raison, croyons-nous, dans notre pays, où l’on cherche tant, parmi les chrétiens, à accommoder Dieu avec le monde, il serait à craindre qu’une pareille fusion ne servit qu’à amoindrir le zèle des chrétiens sincères et qui ont compris l’importance de leur tâche et à éteindre entièrement le peu de foi qui reste aux chrétiens timides ou qui craignent de se déclarer.

2° Il arriverait inévitablement qu’une fois une pareille Fusion accomplie, des scissions se produiraient, ce qui est logique avec ce principe que chaque chrétien a le droit imprescriptible d’interpréter la Bible selon la lumière que Dieu lui accorde, et, d’un autre côté, combien de fois nation point vu le Seigneur lui-même profiter de ces scissions pour susciter de magnifiques réveils, ce qui n’est pas un argument contre la multiplicité des sectes ou des Eglises.

Par suite, et mettant à part toute question d’Alliance évangélique, la Fédération nous semble bien préférable à un grand nombre de points de vue.

Que serait, selon nous, cette Fédération?

L’union de toutes les Eglises ou Misions se rattachant par leurs principes ou leur dogmatique au Christianisme évangélique, chacune de ces Eglises ou Misions conservant sa liberté d’action propre.

On pourrait arriver ainsi à la formation d’un Consistoire ou Synode central où seraient représentées les Eglises luthérienne, baptiste, calviniste, méthodiste, libre (aussi bien que la Mission Mac All ou l’Armée du salut), etc.

Dès qu’elle sentirait une seule des libertés de l’Eglise évangélique mise en jeu. cette Assemblée pourrait se lever et réclamer hardiment, car elle pourrait affirmer exprimer les vœux de tous les protestant français.

Une amitié véritablement chrétienne régnerait entre les différents pasteurs ou évangélistes, et la conséquence naturelle serait un redoublement d’efforts pour le salut des âmes.

De cette manière, aucune Eglise ne serait tentée de perdre de vue le but principal à poursuivre : l’évangélisation de l’humanité, et, s’il arrivait que quelque pasteur méthodiste ou baptiste arrivât à réveiller ou à faire recevoir membre de son Eglise un pauvre luthérien ou un malheureux réformé endormi dans le formalisme, nous n’en verrions vraiment pas le mal!

On voit par ceci que nous n’envisageons pas le mot Fédération dans le même sens que l’auteur de l’article précité, car nous sommes absolument convaincu qu’aucune de ces Eglises et de ces Missions ne se gêneraient dans leur travail, car en France la moisson est immense et les âmes à arracher à l’enfer sont nombreuses.

Voici l’idée, il nous semble, que nous devrions nous efforcer de propager autour de nous et d’avancer par la prière, car elle est parfaitement réalisable et elle servirait peut-être plus que toute autre à 1 établissement du règne de Christ !

E. Armand.

(1) Nous faisons une immense différence entre l’Eglise anglicane qui est épiscopale et l’Eglise réformée de France qui est presbytériens. C’est l’épiscopalisme de l’une et non pas son nationalisme qui nous semble cause du mal. L’Eglise réformée de France, si elle n’est pas parfaite, est pourtant au sein de notre pays un ferment de vie. Nous ne croyons pas que les autres Eglises, libres, méthodistes, etc., avec leurs mérites particuliers, fassent plus et mieux à cet égard. (Note de la rédaction.)

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LA MORALE DE CHRIST

Nous rencontrons journellement des sceptiques, des incrédules, des athées même, qui, tout en ne reconnaissant pas Christ comme le Fils de Dieu entretiennent, néanmoins à l’égard de sa personne et de la mo raie de l’Evangile, une admiration profonde. Ils refusent à Christ la qualité de Messie, ils nient sa puissance de sauver, mais ils s’inclinent devant sa vie sainte et irréprochable, cette vie de renoncement et de dévouement. En un mot, admirateurs de l’homme, ils ne veulent entendre parler du Dieu.

Sans vouloir entamer une discussion, ce que les limites de cet article ne nous per mettraient d’ailleurs pas, voyons quel aurait été la résultat réel des enseignements de Jésus-christ s’il nous nous fallait l’envisager comme un homme ordinaire.

Disons tout d’abord que, malgré une opinion assez répandue, il est impossible de considérer Jésus comme un philosophe : un seul coup d’œil sur son histoire le prouve aisément. Il ne peut avoir été qu’un réformateur, qui, indigné de l’hypocrisie formaliste d’Israël, — influencé aussi par le milieu relativement pur des Esséniens, — aurait senti bouillonner dans son cœur une sainte colère, et se serait levé hardiment pour venir rappeler à ses coreligionnaires leurs devoirs vis-à-vis de Dieu et du prochain, ces devoirs prescrits par la loi du Sinaï — et que les docteurs et les pharisiens avaient contribué à étouffer sous la masse des commentaires et des traditions. Jugée à ce point de vue, il faudrait avouer que cette tentative, — noble et louable évidemment, — n’aurait guère réussi, puisqu’après quelques années d’une prédication a dense et acharnée, elle aurait trouvé un terme sur le Calvaire ; sacrifice inutile qui n’aurait même pas abouti à la formation d’une secte capable de contrebalancer l’action de celles déjà existantes, puisque les disciples de son Fondateur, devant l’inanité dîneurs efforts, auraient été bientôt obligés de modifier entièrement la doctrine de leur Maître.

Quant à l’envisager comme un philosophe mystique et exalté, se rattachant plus ou moins à l’école platonique, nous avons écarté plus haut cette manière de voir. En effet, Jésus-christ n’a jamais tenté d’introduire de nouvelles idées ou de nouvelles croyances parmi ceux auxquels il s’ladres sait ; c’est du Dieu d’Abraham, de celui de Moïse et de celui d’Elie qu’il leur parle sans cesse; c’est sur les textes sacrés qu’il s’appuie pour les convaincre ou les persuader. — En tout cas, cet essai de constituer un système philosophique particulier aurait échoué comme le précédent, puisque ses disciples auraient dû lui faire subir une transformation encore plus complète.

Eh bien ! Jésus n’est rien de tout cela et il est plus que tout cela.

Qu’on examine sans parti pris les discours du Sauveur ou même seulement les phrases suivantes (qui nous reviennent pour le moment à la mémoire et qui fourmillent dans les Evangiles) : Je suis la voie, la vérité et la vie ; Venez à moi, vous qui êtes chargés et je vous soulagerai ; Nul ne vient au père que par moi; quiconque croit en moi a la vie éternelle ; je suis venu pour rendre témoignage à la vérité ; moi, je suis d’en haut ; je suis le pain de vie ; et moi je vous dis… etc. L’on reconnaîtra de suite la physionomie exclusivement personnelle de son enseignement, physionomie qui le distingue nettement de celui de tout philosophe soude tout prophète. On sent à leur lecture qu’on se trouve en présence d’un être supérieur, conscient de la haute mission qu’il est appelé à remplir. Il ne fait d’exception pour personne quelle que soit la qualité et le rang de ceux auxquels Il s’adresse ; partout, Il annonce résolument que c’est en Lui que doivent s’accomplir les antiques prophéties ; il proclame sans crainte la bonne nouvelle du Royaume des cieux : il avertit sans faiblesse ceux qui l’écoutent, du danger qui les menace s’ils restent sourds à ses appels ou à ses exhortations. Il n’a pas peur de dénoncer et de flétrir l’orgueil, la fausseté des scribes et des pharisiens, de ces faux-croyants qui tout en s’efforçant de paraître observer scrupuleusement tous les rites et toutes les cérémonies, ne recherchent en réalité que l’estime et la bonne opinion des hommes — et il ne s’effraie point, malgré leur toute puissance, de les reprendre et de leur déclarer fermement ce que l’Eternel attend d’eux.

En un mot il enseigne avec autorité. — Il sait ce qui doit lui arriver, le chemin par lequel il doit passer et cependant, pas un seul instant il ne se lasse ou recule, si dans une heure d’angoisse indicible, il crie vers son Père, c’est encore avec une résignation sublime et royale qu’il accepte et qu’il marche au-devant de sa destinée. Et jusqu’au dénouement final, jusqu’au moment suprême, où, meurtri, déchiré, blessé, cloué sur une croix, il expirera en s’écriant : « Tout est accompli », affranchissant ainsi l’humanité, — ses paroles resteront empreintes de cette charité et de cette abnégation divine, qui seront la base de la religion qu’il a établie et qui doit, en dépit de toutes les persécutions, se répandre dans le monde entier.

Contemplez maintenant sa vie, — car toute doctrine ou dogmatique chrétienne ne peut se soutenir qu’en s’appuyant sur elle.— Suivez-le pendant les trois années qu’il dépense en parcourant la Judée. Allez avec Lui et vous le rencontrerez, non pas au milieu des académies ou des écoles savantes et somptueuses, mais parmi les ignorants, les pauvres, les gens de mauvaise vie, ceux que la société rejette après en avoir fait ses victimes, ceux par suite qu’il aime à pardonner et à relever. Continuez votre route et vous le trouverez avec les affligés, les tristes, les cœurs brisés, avec ceux qui souffrent. et qui pleurent, occupé à les console, à les réconforter, à leur rendre l’espérance. Allez encore et vous l’apercevrez en compagnie des malades de toutes sortes, se plaisant à les soulager et à les guérir. Voyez-le maintenant lorsque les pharisiens, les scribes et les autres sectaires cherchent à l’accabler, à le confondre par tous les moyens possibles et sont obligés de s’en retourner sans avoir su découvrir dans ce Juste quoi que ce soit de répréhensible. Voyez-le encore dans le cercle intime de ses disciples, restant toujours humble, toujours prêt à servir et à aider, ne cherchant jamais à leur dissimuler les difficultés et les souffrances qui les attendent, mais leur montrant la couronne céleste qui sera la récompense de leur fidélité. Suivez-le enfin durant cette lente agonie qui débute au jardin des Oliviers quand il se sent seul, isolé, abandonné de son Père, des anges et de l’univers : suivez-le devant ses accusateurs, plutôt ses bourreaux ; suivez-le sur le bois infâme de Col gita et vous le verrez toujours patient, — toujours prêt à pardonner, puisqu’avant de succomber, il bénit ceux qui le font périr, et accorde la vie éternelle à un misérable qui meurt du même supplice que lui ! Et si vous êtes loyal, si vous êtes de ceux qui recherchent la vérité pour ce qu’elle est, vous vous écrierez avec le centenier de Mathieu : « Vraiment cet homme était le fils de Dieu ! »

C’est en effet un fait, selon nous, très remarquante que cette dépendance du Christianisme sur la personne de Jésus, qui le sépare tout-à-fait des autres religions. Ainsi pour celles complètement étrangères à la Bible, Ton peut rejeter au dernier plan ou même supprimer complètement la personnalité de leur Fondateur, sans ébranler le moins du monde la croyance ou le fanatisme de leurs adeptes. Qu’importe bouddhisme, au Madzaisme, au Confuciusanisme la biographie plus ou moins ténébreuse ou incomplète de Bouddha, de Zoroastre ou de Confucius, ils peuvent s’en passer volontiers, sans être dérangés en quoi que ce soit. C’est la même chose pour les religions rattachées à la Bible, comme le judaïsme ou l’Islamisme. Les personnalités de Moïse ou de Mahomet ne leur sont nullement indispensables. La loi, le cran suffisent pour régler les convictions religieuses et même les conditions sociales et morales de leurs adhérents.

Mais si vous essayez d’enlever Jésus au Christianisme, si vous ne voulez pas faire attention aux exemples et aux leçons donnés par sa vie, il ne restera plus rien de l’édifice, car il en est la pierre fondamentale, celle sur laquelle se sont édifiés sa doctrine, sa morale et l’Eglise chrétienne tout entière.

C’est pourquoi la morale de Jésus-Christ, cette morale d’amour de justice et de paix, celle du sermon sur la montagne, — celle qui aura toujours la prépondérance sur tout autre système religieux ou philosophique parce qu’en dehors d’elle tout est tendres et incertitudes — peut être présentée comme le seul remède aux douleurs sociales et morales, car elle est l’ouvrage d’un Dieu qui tellement aimé ses créatures, qu’il n’a pas hésité à la sceller du prix de son sang !

E. Armand.

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POÉSIE

Mortel, le torrent de ta vie
S’écoule en flots tumultueux ;
D’écueils une foule infinie
Entrave son cours tortueux.
Pressé par sa marche rapide
Tu ne peux t’arrêter un pas ;
Entraîné par le temps avide,
Tu cours au-devant du trépas.

Que de combats et que de larmes,
Que de maux en ces quelques ans !
Sans cesse veiller sous les armes !
Tu te plains… lutterez tous temps.
Le chemin est rude à gravir,
Il fit déjà mainte victime.
Malheur à qui se sent faiblir…
Sous lui s’entr’ouvre un noir abîme.

Le monde éblouit, — ô mirage! —
Il promet à tous le bonheur,
Mais du mensonge triste image,
Il ne peut donner que malheur.
Ecoutez ces plaintes sans nombre
S’élevant en cris éperdus :
C’est la plainte lugubre et sombre,
C’est le rôle amer des vaincus.

Pourtant le Prince de ce monde
Dit : « La joie est dans le plaisir… »
Mais ce plaisir fuit comme une onde
Sans assouvir un seul désir.
Frère, ton âme est immortelle,
Création d’un Dieu puissant,
Il faut d’un Rédempteur fidèle
L’amour tendre et compatissant,

Son amour… lumière divine,
Insondable et douce clarté,
Soleil qui dans l’âme illumine
Une aurore de liberté.
D’un ardent et nouveau courage
Il remplit le plus faible cœur,
Et même, au plus fort de l’orage,
Lui donne de rester vainqueur.

Son amour… c’est le seul remède
Qui guérit vraiment la douleur,
Soulageant de ce qui l’obsède
Qui s’approche de son Sauveur.
Ton cœur est-il à Lui, mon frère,
Ou loin de Lui vas-tu périr ?
Regarde à l’Agneau du Calvaire :
Le bonheur c’est de le servir.

E. Armand.

84, rue Secrétan.

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LA LITTÉRATURE IMMORALE

Encore un mot. — Aux Chrétiens. Faisons-nous notre devoir? S’il y a une question qui puisse intéresser plus que toute autre, je dirai n on seul ment tout chrétien mais quiconque s’intéresse aux progrès et au bien-être de l’humanité, c’est bien celle de cette littérature mauvaise et malsaine dont on a parlé souvent dans ce journal. C’est une question vitale, une de celles qui préparent l’avenir d’un peuple, et en dépit de toutes les affirmations contraires, c’est un mal qui ronge et qui mine le sens moral de la France.

On a déjà beaucoup dit sur les maux enfantés par la littérature immorale. Nous les connaissons tous. Nous savons que c’est un poison subtil qui dessèche le cœur et l’intelligence… Ah ! quand l’immoral: té s’est emparé d’un individu et qu’il lui est impossible de demeurer une heure sans mêler à ses conversations une allusion obscène… Allez dans tel bureau, dans tel atelier, et vous venez si ce tableau est trop chargé… C’est un fait, l’âme se corrompt sous l’influence de certaines lectures, et qui pourrait dire combien de jeunes gens ou de jeunes filles ont été entraînés sur la pente du dérèglement par la lecture des suppléments de certains de nos grands journaux qui, au lieu de profiter de leur tirage pour relever et ennoblir l’homme, semblent se plaire à le démoraliser !

C’est donc un fait acquis, disons-nous. Mais en présence d’un tel état de choses, n’avons-nous rien à faire ? Devons nous croiser les bras et nous livrer au désespoir ? — Non, car il nous incombe à nous chrétiens qui nous réclamons au nom de Celui qui fut pur et saint entre tous, une responsabilité — la responsabilité du devoir.

Certes les Congrès tenus dans le but d’aviser à la répression de ce terrible fléau, sont chose excellente, les journaux pour la plupart religieux qui combattent cette épidémie morale font un bien inappréciable, — mais il faut compter avec la grande masse du public qui ne soucie pas des Congrès et qui ne lit pas ces journaux. Beaucoup & été fait dans ce sens, il faut le reconnaître, mais jamais arme plus puissante que celle dont nous allons parler ne sera découverte.

Faire son devoir, mais que veut dire cette phrase en semblable occurrence ? — Cela veut dire peu ou beaucoup. — Somme toute, pour un chrétien, faire son devoir ne devrait être que chose naturelle, mais où la difficulté surgit, c’est quand il s’agit de le faire bien. Dans ce cas-ci, bien faire son devoir, c’est protester énergiquement en tous lieux et en toutes cir constances contre cette littérature malsaine et immorale.

Avons-nous fait notre devoir? — Non, n’est-ce pas? Mille fois non. Comme disciple de Christ, comme pécheur racheté et purifié par son sang, notre devoir aurait été de nous élever contre des paroles immorales ou obscènes, de jeter une phrase d’avertissement et de réprimande à celui ou celle que vous auriez aperçu absorbé dans la lecture d’un écrit malsain… Faire notre devoir, ç’aurait été intervenir dans telle conversation dépourvue de toute décence et là, prenant la parole, flétrir comme il convient tous ces vains entretiens qui ne portent d’autre fruit que de .tirer l’âme vers ce qui est bas et la damner. Faire son devoir, ç’aurait été — si nous n’avions pas jugé le moment venu ou si notre situation ne nous avait pas permis de nous prononcer ouvertement. — de nous tenir à l’écart et par notre conduite, nos paroles pleines de modération et d’honnêteté, montrer notre hostilité et notre opposition à tout ce qui n’est ni noble ni pur. Mais que de fois, nous imaginant que cela ne tirait pas à conséquence, n’avons-nous pas souri à ces propos déplacés et paru les approuver tacitement!

Ah ! si les quelques centaines de milliers de protestants en France, si tous ceux qui se nomment chrétiens étaient décidés à faire leur devoir, — la résolution de cette question aurait déjà fait un grand pas. — Quand trouverons-nous donc en France assez d’hommes et de femmes de Dieu pour prendre à cœur cette tâche grandiose de lutter contre le mal sous toutes ses formes et déterminés à ériger une digue contre ce torrent de décadence morale et intellectuelle qui menace d’engloutir notre peuple ? L’œuvre est immense… Mais si nous y apportions chacun notre petite part est-ce qu’elle ne s’accomplirait pas plus rapidement ?

E. J. Armand.

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